Un juge de la Cour Suprême brésilienne a ordonné la fermeture de l’application de messagerie « Telegram » dans le pays. Cette décision prive le président brésilien, Jair Bolsonaro, de l’un de ses canaux de communication favori.

Dans une décision publiée le 18 mars, le juge, Alexandre de Moraes a ordonné le blocage immédiat de l’application dans tout le pays. Pour se justifier, les autorités brésiliennes invoquent le non-respect des directives de l’Etat fédéral. La désinformation contenue dans les messages en fait également partie.

La décision judiciaire intervient alors que Bolsonaro se prépare à se faire réélire en octobre 2022. En effet, il compte sur Telegram pour rallier sa base sur fond de critiques sur la gestion par son gouvernement de la crise du Covid-19. Il faut souligner que le président brésilien compte plus d’un million de followers sur Telegram.

« La transgression de Telegram au regard de la loi brésilienne et le non-respect répété d’innombrables décisions judiciaires sont incompatibles avec l’état de droit », peut-on lire dans la décision de Moraes.

Moraes a poursuivi que l’entreprise avait refusé à plusieurs reprises de se conformer aux décisions et aux demandes de la police, du Tribunal électoral supérieur et de la Cour suprême elle-même.

Il nous souvient qu’une enquête ordonnée par la Cour suprême sur des allégations selon lesquelles le gouvernement de Bolsonaro aurait utilisé les canaux de communication officiels pour diffuser de fausses informations. Bolsonaro s’est ouvertement heurté à Moraes, qui lui a ordonné d’enquêter personnellement dans cette affaire.

Le président s’est rendu sur Twitter le 18 mars, en publiant un lien pour s’abonner à son compte sur Telegram, qui était toujours opérationnel au Brésil dans l’après-midi.

« Notre Telegram informe chaque jour les gens de nombreuses actions importantes d’intérêt national, que beaucoup omettent malheureusement. Bienvenue et partagez la vérité », a affirmé Jair Bolsonaro.

Pendant ce temps, le juge Morae a donné à Wilson Diniz Wellisch, le chef du régulateur des télécommunications Anatel, vingt-quatre heures pour mettre en œuvre la suspension. La suspension devrait durer jusqu’à ce que Telegram se conforme aux ordonnances judiciaires en suspens. Telegram devrait aussi payer une série d’amendes.

Par ailleurs, Moraes a ordonné à Apple et Google d’empêcher les utilisateurs de leurs plateformes d’utiliser Telegram au Brésil. Pour sa part, Anatel a indiqué avoir transmis la décision judiciaire aux concernés.

Telegram, qui s’est avéré populaire auprès des groupes d’extrême droite du monde entier, n’a pas réagit à la décision. La police fédérale brésilienne ne s’est pas non plus prononcée.

Pour rappel, Bolsonaro, a vu plusieurs de ses messages bloqués sur Facebook, Twitter et YouTube pour avoir enfreint leurs règles sur la désinformation. Suite à cela, il a encouragé sa base électorale à le suivre sur Telegram avant le scrutin d’octobre 2022.