Le gouvernement du Burkina Faso a annoncé une décision controversée de suspendre temporairement la diffusion de tous les supports de Jeune Afrique dans le pays, à compter du 25 septembre. Cette annonce a été faite par le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, au nom du « gouvernement de transition ».

Cette décision fait suite à la publication par Jeune Afrique d’un article intitulé « Au Burkina Faso, toujours des tensions au sein de l’armée », qui a été qualifié de « mensonger » par le gouvernement. Selon le ministre de la Communication, cet article s’inscrit dans la continuité d’un précédent article du même journal, dans lequel il était mentionné que « la grogne monte dans les casernes » au Burkina Faso. Le gouvernement estime que ces affirmations sont délibérément diffusées sans preuve solide et visent à discréditer les Forces armées nationales ainsi que l’ensemble des forces combattantes du pays.

L’annonce de la suspension de Jeune Afrique a suscité des réactions variées parmi la population burkinabè. Certains ont signalé avoir toujours accès au site internet du journal, tandis que d’autres ont rencontré des difficultés pour s’y connecter.

Cette décision intervient près d’un an après le coup d’État qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré, marquant le deuxième changement de régime par la force en huit mois au Burkina Faso. Le pays partage ses frontières avec le Mali et le Niger, deux pays également dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups de force.

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Il convient de noter que le Burkina Faso a pris d’autres mesures de contrôle médiatique ces derniers mois. En juin, les autorités burkinabè avaient suspendu la chaîne de télévision française LCI pour une période de trois mois, après avoir expulsé les correspondants des journaux français Libération et Le Monde en avril. En mars, la chaîne de télévision France 24 avait été suspendue indéfiniment, et en décembre 2022, c’était au tour de Radio France Internationale (RFI) d’être suspendue, les médias publics français étant accusés d’avoir relayé des messages de chefs terroristes.

En août, une radio nationale burkinabè avait pareillement été suspendue pendant un mois, suite à une interview accordée à un opposant au régime militaire nigérien.

La décision de suspendre Jeune Afrique soulève des questions sur la liberté de la presse et la censure des médias au Burkina Faso, dans un contexte où le gouvernement cherche à maintenir la stabilité dans un pays en proie à des défis sécuritaires et politiques importants.