Le géant français du pétrole et du gaz TotalEnergies a annoncé vendredi 26 août qu’il cédait sa participation dans un champ gazier russe dont Le Monde a révélé qu’il fournissait du carburant qui se retrouve dans les avions de chasse russes. La société a indiqué avoir signé vendredi avec son partenaire local russe Novatek un accord pour vendre ses 49% dans le champ gazier de Termokarstovoye « à des conditions économiques permettant à TotalEnergies de récupérer les encours investis dans le champ ».

Il a déclaré que la cession avait été convenue en juillet et soumise aux autorités russes début août, avec une approbation le 25 août. C’était le lendemain de la publication de l’enquête du Monde montrant que la production de la société russe Terneftegaz, co-détenue par TotalEnergies, était utilisé par l’armée russe pour bombarder l’Ukraine.

La pression s’est immédiatement installée, le ministre français des Transports Clément Beaune appelant jeudi matin à une « lumière à faire » sur le rôle de la compagnie pétrolière française en Russie. « Il s’agit d’une affaire extrêmement grave », a déclaré M. Beaune dans une interview sur France 2, « il faut donc vérifier si, volontairement ou involontairement, il y a eu un contournement des sanctions ».

Avec l’aide d’une enquête de Global Witness et de la base de données financière Refinitiv, Le Monde a retracé la chaîne d’approvisionnement en kérosène de deux bases militaires (Morozovskaya et Malshevo) jusqu’au champ gazier de Termokarstovoye en Sibérie, co-détenu par TotalEnergies, où les condensats de gaz sont extraits. Chacune de ces bases abrite un escadron d’avions de combat multirôle qu’Amnesty International et Human Rights Watch accusent d’avoir frappé la population civile ukrainienne, notamment lors du bombardement du théâtre Marioupol le 16 mars, qui aurait causé la mort de centaines de personnes.