Après plus de deux décennies passées à la tête de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan semblait menacé par la crise économique et l’usure du pouvoir. Cependant, le « Reis » a réussi à sortir en tête du premier tour de son troisième scrutin présidentiel, à rebours des prévisions les plus pessimistes.
Les résultats du premier tour ont montré que ce musulman dévot, chantre des valeurs familiales, demeure le champion d’une majorité conservatrice longtemps dédaignée par une élite urbaine et laïque. Malgré les vives critiques sur l’état de l’économie turque et la colère des rescapés du séisme, qui ont été livrés à eux-mêmes dans les premiers jours suivant la catastrophe, Erdogan aborde le second tour, prévu le 28 mai, en position de force.
Recep Tayyip Erdogan : un Leader Controversé mais Populaire
Le « Reis », qui a profondément transformé son pays en bâtissant autoroutes, aéroports et mosquées, a aussi conduit une politique étrangère affirmée en direction de l’Orient et de l’Asie centrale, quitte à se brouiller avec les Occidentaux. La guerre en Ukraine lui a toutefois permis de se replacer au centre du jeu diplomatique, grâce à ses efforts de médiation entre Kiev et Moscou.
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Ses détracteurs, surtout occidentaux, continuent de s’inquiéter de sa dérive autocratique, en particulier depuis les purges massives conduites après la tentative de putsch et la révision constitutionnelle de 2017, qui ont élargi considérablement ses pouvoirs. Pourtant, le « Reis », souvent dépeint en sultan indétrônable, qui s’est fait bâtir un palais de plus de 1.100 pièces sur une colline boisée protégée d’Ankara, continue de se poser en homme du peuple face aux « élites ».
Fort de cette posture, Erdogan a remporté toutes les élections depuis l’arrivée au pouvoir de son parti, l’AKP, en 2002. Jusqu’à ce que l’opposition le prive en 2015 de sa majorité parlementaire et, surtout, qu’elle ne ravisse en 2019 les municipalités d’Istanbul et d’Ankara, un revers cinglant. Cependant, cet animal politique à la haute stature a continué à avancer, malgré une démarche parfois ralentie, et à être présent sur la scène politique turque.
Bien que sa dérive autocratique puisse être préoccupante pour ses détracteurs, Erdogan semble être l’un des derniers champions des valeurs conservatrices en Turquie. Avec sa politique intérieure et étrangère affirmée, il continue de bénéficier d’un fort soutien de la population turque, ce qui lui permet de traverser toutes les tempêtes et de rester sur le devant de la scène politique.