Deux bandes dessinées redonnent vie à Miles Davis et Fela Kuti, les dieux incontestés du jazz et de l’afrobeat, avec une furieuse énergie.
« Le petit Miles n’a pas besoin de femmes. Il ne pense qu’à sa trompette. » Dans l’avion qui entraîne Miles Davis à Paris, ses confrères se moquent gentiment de lui. Mais le virtuose, déjà considéré comme un génie à New York, confirme. Oui, pour lui, « il n’y a que la musique, le jazz et Ravel ». Il ne se doute pas qu’en ce 8 mai 1949, invité à jouer avec son jazz-band à la salle Pleyel, il va croiser la route d’une jeune femme de 22 ans qui va lui faire tourner durablement la tête : Juliette Gréco.
Miles Davis et Juliette Gréco, une passion fortissimo
L’idylle du trompettiste new-yorkais et de la muse de Saint-Germain-des-Prés est connue. La chanteuse s’est d’ailleurs plusieurs fois confiée sur sa passion. Là où cette bande dessinée épate, c’est dans sa restitution très vraisemblable de l’époque, grâce au travail de documentation du scénariste Salva Rubio, également historien.
SAGAR REND AVEC UNE ÉTONNANTE FINESSE L’ÉMOTION DES DEUX AMANTS, LEUR PASSION FOUDROYANTE… ET LEUR SÉPARATION
Le dessinateur, Sagar, lui, rend avec une étonnante finesse l’émotion des deux amants, leur passion foudroyante… et leur séparation. « S’il m’avait emmenée avec lui en Amérique, j’aurais été une “pute à nègres”, confiait Gréco dans un entretien à Jazz Magazine. Elle expérimente d’ailleurs le racisme à New York quelques années plus tard, au Waldorf Astoria, où elle invite son amant à dîner… et où l’on met deux heures à les servir en leur « jetant » les plats.
Accompagnée de notices biographiques, de références bibliographiques et même d’une « set list » regroupant des morceaux des années 1940 devenus des classiques, cette BD à la narration enfiévrée se savoure comme un album de be-bop.