De façon claire et simple, une évacuation sanitaire ou médicale, abrégée en evasan ou medevac, est l’extraction par une unité aérienne, terrestre ou navale d’une personne souffrant d’un problème de santé. Ce terme, au départ, était essentiellement utilisé dans le cadre militaire. Force, cependant, est de reconnaître que l’évacuation sanitaire est une activité assez délicate qui exige un apprentissage continu mais également la prise en compte des spécificités humaines de l’Afrique où les choses se construisent doucement et où la relation humaine et la chaleur humaine sont des choses importantes.
En 2008, le chef de l’Etat camerounais s’était engagé à moderniser le plateau technique de certaines structures hospitalières de référence du pays. Cet engagement s’est traduit en actes depuis le début de cette année, par le lancement des centres d’hémodialyse et de dialyse, effectué à l’époque par l’ex-ministre de la Santé publique André Mama Fouda, dans les localités de Garoua et Bamenda notamment. Ce qui devait permettre d’améliorer la prise en charge des malades des régions reculées. Pour les zones urbaines, les hôpitaux de référence (hôpitaux généraux, gynéco-obstétrique), avaient la réputation, d’être fournis en personnels qualifiés et en matériel de haute technologie.
Mais voilà, malgré toutes ces dispositions, le nombre d’évacuations sanitaires vers l’étranger, dont bénéficient des agents de l’Etat, reste élevé. Avec des dispositions bien codifiées, selon les textes du 13 septembre 2000 fixant les modalités d’exercice du droit à la santé du fonctionnaire. « Avant, il suffisait pour les agents de l’Etat de se présenter au Minfi (ministère des finances). Maintenant, le gouvernement a mis en place un conseil national de santé qui statue sur les dossiers médicaux. Il est cogéré par le Minsanté (ministère de la santé) et le Minfi », affirme-t-on au Minsanté.
Malgré toute cette panoplie de mesures mises sur pied, qu’observe-t-on au jour d’aujourd’hui ?
Nous avons encore en mémoire la convention d’assistance médicale signée le 26 octobre 2016, par le directeur général de la CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale), Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, et le directeur général de Tunisia Medical Services (TMS), Slim Maraoui, en présence de l’Ambassadeur de Tunisie au Cameroun, Son Excellence Jalel Snoussi, au siège de la Caisse nationale de prévoyance sociale, l’organisme de prévoyance sociale camerounais, situé à Yaoundé.
En effet, ces dernières années, malgré l’amélioration des plateaux techniques de ses quatre structures de santé à travers le territoire (le Centre hospitalier d’Essos à Yaoundé, les Centres médico-sociaux de Maroua et Garoua, ainsi que la prévention maternelle et infantile (PMI) de Bertoua), tout en multipliant les formations pour optimiser les aptitudes de ses praticiens, la CNPS a dû avoir recours à des évacuations sanitaires en Europe ; en France et en Grande Bretagne notamment.
Ce qu’il y a lieu de retenir, c’est que cette convention devait assurer aux évacués proposés par la CNPS, des soins médicaux et actes chirurgicaux nécessaires pour la pathologie justifiant l’évacuation sanitaire. A ces prestations s’ajoutaient : les médicaments, les consommables et les appareillages requis, conformément aux normes et standard internationaux et en accord avec les exigences de la déontologie et l’éthique médicale. Devraient également être couverts, les bilans biologique et radiologique, le scanner, les IRM, la transfusion, l’hémodialyse ou encore toute exploration cardio-vasculaire.
Une insulte à l’endroit de ce personnel de santé ?
« L’évacuation sanitaire, autrefois réservée uniquement aux soldats, a subitement pris une autre connotation, et pour quel but ? Allez donc savoir. De nos jours, l’évacuation sanitaire, consiste à transférer le fonctionnaire, son conjoint, ses enfants légitimes reconnus ou adoptifs, d’un établissement hospitalier de première intervention vers un établissement hospitalier public ou privé, national ou étranger de classe supérieure, aux frais des contribuables. Il est reconnu que dans la sous-région, le Cameroun a des spécialistes de renommée internationale dans plusieurs disciplines médicales. Pourquoi cette hausse du nombre de cas d’évacuations sanitaires ? Eu égard à ce tableau somme toute sombre, pour ne pas dire une situation qui appauvrit plus le pays, peut-on en déduire que notre plateau sanitaire technique ne répond pas aux normes ? Ou encore une façon de distraire des fonds ou d’être à l’abri d’une quelconque poursuite judiciaire, et ce, avec la complicité de certains amis ou camarades de parti ? N’est-ce pas aussi là, une insulte à l’endroit de ce personnel de santé ?», déclare Roger Tono, infirmier retraité.