Depuis 2009, au Bénin, « l’Église de Banamè », fondée par une jeune femme qui se prend désormais pour ‘’Dieu le Père’’ (« Daagbo » en langue fon), attire des milliers de fidèles.

Malgré les mises en garde des évêques, des prêtres et des religieuses quittent aussi l’Église catholique pour rejoindre l’Église de Banamè.

Qui est réellement Parfaite Daagbo?
Le 13 janvier 2009 à Banamè, un petit village près d’Abomey au Bénin, une jeune femme de 19 ans est conduite par sa tante chez le Père Mathias Vigan, curé et exorciste de la paroisse d’Abomey.

Depuis plusieurs semaines, Vicentia Tadagbé Tchranvoukinni inquiète en effet sa famille. Lors des séances de prière, elle se prend pour la Vierge Marie, l’Esprit Saint, Dieu le Père et veut se faire appeler « Parfaite » : ici commence l’histoire.

Mais l’exorcisme ne se déroule pas comme prévu, et la jeune femme convainc le prêtre du bien-fondé de ses révélations. Dans les semaines qui suivent, le Père Vigan répand à son tour les « révélations » de la jeune femme, qu’il héberge désormais chez elle.

Une secte naît finalement en août 2011, dénommée l’« Église catholique privée de Banamè ». Elle divulgue des enseignements contraires au Magistère de l’Église catholique et s’illustre dans l’usurpation de titres et d’offices ecclésiastiques.

Plusieurs centaines de fidèles, à la recherche de miracles, la rejoignent, ainsi que des prêtres et des religieuses. Quant au Père Vigan, il s’autoproclame « pape Christophe XVIII » en novembre 2012. Deux mois plus tard, la fondatrice de l’Église de Banamè et le prêtre sont excommuniés.

Face à cette situation, les évêques du Bénin ne sont pas restés bras croisé. Mgr Eugène Houndékon l’évêque d’Abomey, invite les catholiques piégés ou abusivement séduits à revenir sans honte et sans peur. La conférence épiscopale, pour sa part, invite en 2013 les chrétiens à considérer cette église comme un groupe de prière schismatique, et interdit à tout catholique de les fréquenter sous peine de s’exposer à une sanction.

« Parfaite et Mathias ont profité de toutes les occasions pour nous tromper. Ils nous ont contraints à soutenir des mensonges et des contradictions ; ils ont dépouillé de nombreuses personnes pour s’enrichir. Le miracle est imaginaire. Nombreux sont portés disparus au cours des cérémonies, certains sont devenus fous et d’autres sont morts sur les lieux », a déclaré une ancienne fidèle.

Aujourd’hui, et malgré les avertissements des évêques, des milliers de fidèles continuent à venir écouter Parfaite Daagbo, la femme autoproclamée ‘’dieu’’ de Banamè. Celle qu’ils considèrent comme « Dieu », guettant les miracles qu’elle promet.