D’après des images satellites publiées jeudi, Moscou (Russie) a renforcé sa présence militaire à plusieurs endroits stratégiques le long de la frontière ukrainienne. Dans la même logique, plusieurs spécialistes des questions militaires russes expliquent comment on peut interpréter ce renforcement militaire.
« Ces images montrent soit le plus grand bluff de l’histoire militaire moderne soit l’expression de la volonté russe de montrer au monde qu’ils préparent une opération militaire ». Glen Grant, un analyste sénior à la Baltic Security Foundation et spécialiste des questions militaires russes interrogé par France 24, appartient au camp des pessimistes quant à la possibilité d’une guerre avec l’Ukraine.
Russie
Il n’est pas seul à trouver que les nouvelles photos satellites publiées, jeudi 10 février, par la société américaine d’imagerie spatiale Maxar « ajoutent des éléments inquiétants à une situation déjà sinistre », comme le résume le New York Times.
Ces nouvelles vues du ciel sur le front russo-ukrainien Maxar illustrent le déploiement de troupes supplémentaires et d’équipements militaires dans trois régions stratégiques : en Crimée, près du camps d’entraînement de Koursk et en Biélorussie à plusieurs centaine de kilomètres à l’est de la zone où se déroulent des exercices militaires russo-biélorusse depuis jeudi.
La plus importante arrivée de soldats russes est intervenue en Crimée, cette presqu’île au sud de l’Ukraine annexée par la Russie en 2014. Il y a, ainsi, plusieurs centaines de combattants, au moins 500 tentes et des véhicules militaires qui apparaissent dorénavant sur des images satellites de la région au nord de Simferopol, la capitale de la Crimée. Des blindés sont aussi arrivés au nord de la Crimée, près de la ville côtière de Slavne.
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Ce déploiement militaire intervient alors qu’une partie de la flotte russe de la Baltique dont les bateaux d’assaut amphibie vient d’arriver en Mer Noire. « C’est peut-être une manière supplémentaire de mettre la pression sur Kiev, mais rapatrier ces navires de guerre au sud coûte cher, et les faire arriver en même temps que des nouveaux soldats déployés en Crimée dénote d’une volonté d’être prêt à agir s’il le faut », précise Glen Grant.
Pour lui, ce regain d’activité militaire au sud doit s’analyser dans un contexte plus large de mouvement des troupes russes le long de la frontière avec l’Ukraine. « Jusqu’à présent, on voyait sur les images satellites des divisions qui restaient stationnées dans des baraquements. Dorénavant, une partie de ces soldats s’est mise en route pour se rapprocher de la frontière. Cela n’annonce pas forcément une attaque imminente, mais ces soldats ne peuvent pas rester indéfiniment sur la route sans rien faire ».
Les photos satellites montrent aussi pour la première fois « l’installation d’un hôpital de campagne, ce qui est aussi une manière d’intensifier la pression », ajoute Tracey German, spécialiste des opérations militaires russes au King’s College de Londres, contactée par France 24.
Moscou signale ainsi envisager très concrètement la possibilité de combats et la nécessité de prendre en charge les blessés sur le champ de bataille.
Avec France 24