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Afrique-France : le réseau africain de Stéphane Richard, PDG d’Orange

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Chefs d’État, ex-politiques, partenaires et dirigeants d’Orange… Stéphane Richard s’est entouré de nombreuses personnalités africaines pour gérer les affaires de son groupe sur le continent.

Stéphane Richard en est persuadé : partout où il est présent, son groupe peut apporter une aide précieuse dans la lutte contre le Covid-19. Si en France l’entreprise met au point un logiciel pour tracer les malades et détecter les nouveaux foyers de contamination, en Afrique ses filiales fournissent aussi aux gouvernements des informations anonymisées sur les déplacements de leurs 120 millions de clients afin d’anticiper la propagation du virus.

Cette force de frappe, l’opérateur français la doit à sa présence dans 17 pays du continent. Pourtant peu familier de l’Afrique lorsqu’il débarque en 2009 au sein de ce qui s’appelle encore France Télécom, Stéphane Richard perçoit tout de suite son potentiel.

Et comme Frédéric Oudéa, ancien camarade de l’ENA, aujourd’hui patron de la Société générale, il impose les marchés du continent comme un relais de croissance pour l’entreprise. Cet ancien collaborateur de Dominique Strauss-Kahn, qui fut aussi directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, donne de l’autonomie à ses filiales et favorise la promotion des cadres locaux.

Stéphane Richard, qui a aussi fait fortune dans la promotion immobilière à la fin des années 1990, est désormais l’une des personnalités économiques dont la voix compte quand Paris veut prendre le pouls de ses intérêts sur le continent.

Au fil des ans, ce patron de 58 ans s’y est constitué un solide réseau qui mêle politiques et anciens politiques, partenaires d’affaires et bien sûr cadres dirigeants issus de son propre groupe. Autant de relais pour l’aider à suivre l’évolution de la crise actuelle tout en gardant un œil sur le lancement à venir d’Orange Bank Africa et sur une possible entrée sur le marché éthiopien.

Son équipe Afrique

Alioune Ndiaye est un relais naturel pour le PDG d’Orange sur le continent. Depuis 2018, ce Sénégalais, diplômé de l’Institut Mines-Télécoms Business School et de l’université Paris-Dauphine, réputé pour sa rigueur mais aussi pour sa diplomatie, est le directeur général Afrique du groupe.

Il a sous sa responsabilité 17 filiales (auxquelles vient s’ajouter la Jordanie), totalisant un chiffre d’affaires de 5,6 milliards d’euros. Sa nomination et son déménagement de Paris à Casablanca, avec la direction Afrique de l’opérateur, montre la confiance que Stéphane Richard octroie à ses collaborateurs sur le continent.

Deux patrons de filiale jouent également un rôle important. Sékou Dramé, qui après avoir été en poste au Mali et en Sierra Leone, a succédé à Dakar à Alioune Ndiaye à la tête de la Sonatel, et le politiquement très connecté Mamadou Bamba, passé par le Botswana, qui dirige à Abidjan Orange Côte d’Ivoire.

Les politiques et anciens politiques

Toujours au rang des contributeurs les plus importants du budget des pays dans lesquels il est implanté, le groupe Orange et son patron ont un accès privilégié aux présidences africaines. Parmi tous les chefs d’État qu’il a rencontrés, Stéphane Richard a noué des liens particuliers avec l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Sénégalais Macky Sall.

Le premier avait particulièrement apprécié les efforts de l’opérateur pour réparer très rapidement son réseau après la crise post-électorale de 2011. En outre, Orange Côte d’Ivoire et Sonatel sont les deux plus importantes filiales du groupe sur le continent, avec des chiffres d’affaires respectifs de 1,14 milliard et 1,65 milliard d’euros l’an dernier.

À Paris, le PDG entretient aussi de bonnes relations avec le financier et ancien Premier ministre béninois Lionel Zinsou. Tous les deux coprésidaient la fondation AfricaFrance, créée pendant le quinquennat de François Hollande pour rénover les relations économiques entre la France et le continent. Mais cette structure a été enterrée par Emmanuel Macron.

Les partenaires d’Orange

Héritier d’une famille copte égyptienne ayant fait fortune dans le BTP et pionnier du téléphone mobile en AfriqueNaguib Sawiris a parfois été un coactionnaire embarrassant au sein de Mobinil (aujourd’hui Orange Égypte) en raison de ses prises de position anti-islamistes après la chute d’Hosni Moubarak, au moment où les Frères musulmans montaient en puissance, et rugueux quand il s’agissait de défendre ses intérêts. Mais au fil du temps, cet investisseur multicarte également présent dans le secteur minier en Afrique a su nouer des liens étroits avec Stéphane Richard.

Sa proximité avec le Tunisien Marouane Mabrouk a également pu apparaître gênante. Mais malgré la pression, le patron du groupe Orange n’a jamais lâché l’ancien gendre de l’ex-président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, lorsque la justice de son pays a cherché après 2011 à lui confisquer ses parts au sein de la filiale locale du groupe français.

Coactionnaire d’Orange Maroc, le patron de BMCE, Othman Benjelloun, compte également parmi les chefs d’entreprise africains avec lesquels Stéphane Richard aime échanger.

Les administrateurs de la division Afrique

Outre les anciens patrons des filiales africaines d’Orange Bruno Mettling (2016-2018) et Marc Rennard (2006-2016), Stéphane Richard s’appuie sur deux personnalités issues du continent pour alimenter les réflexions du conseil d’administration d’Omea (Orange Middle East and Africa).

En 2017, il a fait nommer le Sénégalais Cheikh Tidiane Mbaye, qui a dirigé la Sonatel de 1988 à 2012 et notamment mené sa privatisation en 1998 au profit de France Télécom.

Puis en 2018, le frère de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a été rejoint par l’avocate nigériane Victoria Osondu Adefala, directrice du cabinet Whitgift, qui siège également au Conseil d’administration de Guaranty Trust Bank PLC. Auparavant, cette juriste, diplômée des universités de Lagos et Houston, a été directrice générale de la filiale nigériane du spécialiste de l’énergie et du transport Alstom après avoir, entre autres, travaillé au sein du manufacturier de pneus Michelin pendant seize ans.

Crédit Jeune Afrique