Afin de les offrir une vie paisible où ils pourront se sentir en communauté, Jean-Pierre le patron du vidéoclub a pensé à cet endroit qui est gardé secret. Pour y accéder, il faut connaître quelqu’un qui accepte de vous y guider, quitter une artère principale de Yaoundé pour dévaler une ruelle mal éclairée. Et enfin pousser une lourde porte, sur laquelle est griffonné à la craie: « Défense d’entrer ». Le  « vidéo-club » de Yaoundé  est fréquenté exclusivement par de jeunes homosexuels camerounais.

Il a été « ouvert en 2016, pour que ces jeunes puissent souffler un peu », explique Jean-Pierre, âgé de 51 ans, nous passons des documentaires sur la communauté gay les après-midis, le soir des séries comiques et, plus tard dans la nuit, des films à caractère sexuel », détaille-t-il.

Rejeté par sa famille, Maxime trouve refuge chez Jean-Pierre « J’ai vécu neuf mois dans cette salle, je n’avais nulle part où aller », raconte-t-il. Sur un banc, un garçon est allongé, un drap couvre. Au Cameroun avoir un rapport sexuel avec un homme est un crime passible de cinq ans d’emprisonnement pour un homme.

Le combat d’une vie pour Jean-Pierre, le propriétaire, dont « plusieurs proches sont morts à cause du sida ». Des dizaines d’hommes défilent chaque jour dans son vidéo-club, pour récupérer en toute sécurité des préservatifs. « Je n’ose pas imaginer ce qu’ils deviendraient si on m’obligeait à fermer », conclut-il, déterminé à garder son lieu ouvert, quasiment sans le sou et en dépit des intimidations et arrestations arbitraires.

Avec France 24