France des villes contre France des champs. Ces derniers mois, le fossé entre territoires a semblé encore s’accentuer. Comment générer une croissance qui ne se limite pas aux seules métropoles, comment créer de l’emploi pour tous, comment offrir des perspectives aux ruraux autant qu’aux urbains ? Ma conviction est que l’industrie détient une partie de la réponse.

Bien sûr, ces dernières décennies, le mot industrie a résonné de façon assez négative, trop souvent synonyme de perte d’emploi et de perte d’attractivité pour de nombreuses terres industrielles. Il est pourtant  des signes très encourageants. Pour la première fois depuis 10 ans, les entreprises recréent des emplois industriels en France: plus de 18 000 en 2017 et plus de 17 000 en 2018. En 2018, notre pays a aussi ouvert davantage d’usines qu’elle n’en a fermé. Cette dynamique est évidemment très positive et doit être soutenue, car elle contribue à réduire la fracture territoriale qui mine aujourd’hui notre pays et de nombreux autres dans le monde, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.

Nos usines sont des poumons économiques du territoire. Elles vivifient les villes alentour, offrent des perspectives, soutiennent le tissu associatif et entrepreneurial, et constituent plus largement un appui pour tout l’écosystème local.

Saint-Gobain en est un parfait exemple. Les 180 sites industriels du Groupe en France, qui emploient 17 000 collaborateurs, sont ancrés dans leurs territoires et participent activement aux dynamiques d’emploi ainsi que d’approvisionnements locaux. En 2016, on estimait que pour un emploi direct de Saint-Gobain, c’est presque deux emplois indirects qui étaient créés dans les bassins d’emplois.

C’est dans une approche de partenariat que notre groupe conçoit sa mission. Pour ce faire, nous sommes engagés dans de multiples initiatives. A travers nos centres de formation, nous contribuons par exemple au développement des compétences des artisans utilisateurs de nos produits. Le Groupe participe également au développement et au maintien de PME sur les territoires, notamment à travers des actions d’appui en compétences et la mise en place de prêts participatifs. Depuis 10 ans, 3 000 emplois ont ainsi été soutenus.

Notre engagement est rationnel. De la même façon qu’une usine génère de multiples externalités positives pour un territoire, le tissu entrepreneurial est vital pour une usine. Saint-Gobain a besoin de PME performantes, de main d’œuvre qualifiée, de territoires dynamiques.

Notre engagement au plus près du local est aussi intimement lié à notre type de production. Saint-Gobain conçoit des matériaux, qui pour beaucoup d’entre eux voyagent peu entre le lieu de production et le point de vente. Ce choix, économique et écologique, nécessite une production locale et un maillage de distribution très dense. C’est le cas à travers nos enseignes de distribution : nous disposons d’un magasin tous les 9 km en moyenne en France, grâce à 2 200 agences.

Motivé par un objectif prioritaire de performance, notre engagement conduit aussi à innover et investir massivement. Ainsi, Saint-Gobain a par exemple ré-ouvert en 2017 à Aniche-Emerchicourt (Nord) une ligne de fabrication de verre plat, rénovée et modernisée après 4 ans de fermeture, pour un investissement total de 30 millions d’euros et une durée de vie estimée à 20 ans.

D’autres investissements sont en cours d’achèvement. A titre d’illustration, plusieurs millions d’euros ont été consacrés à une nouvelle ligne de production de laine de verre à souffler, dans une usine Isover à Chemillé, au nord-est de Cholet. Le démarrage est prévu pour mi-2019.

Oui, il est possible de produire et d’être performant en France dans nos territoires. Et je le dis avec le regard d’un dirigeant de groupe mondial. La performance industrielle française a toutes les cartes en main. Avec l’essor de l’industrie 4.0, nos territoires disposent d’une fenêtre unique pour retrouver toute leur place parmi les champions de l’industrie mondiale.

Pour cela, il est indispensable d’associer toutes les bonnes volontés et de mettre autour de la table tous les acteurs : entreprises, start-up, fournisseurs de technologies et partenaires académiques. Cette ambition nécessite aussi de mettre les bouchées doubles sur la formation et les compétences. Car, dans cette industrie du futur, la bataille des compétences sera cruciale. Selon un rapport de Dell et de « l’Institut pour le Futur », 85% des emplois de 2030 n’existent pas aujourd’hui. Entre automatisation et robotisation, il nous faut sans cesse tirer parti des innovations techniques et digitales pour reprendre un temps d’avance.

Cette ambition nécessite enfin de la part de l’Etat, au-delà des moyens consacrés au nouveau plan « Territoire d’Industrie », une attention plus forte à la compétitivité des entreprises grevée par des impôts de production et des charges plus lourdes que dans les pays qui nous entourent.

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C’est donc maintenant que tout se joue pour la France.

Nos territoires de France ont la culture industrielle chevillée au corps. Ils ont le savoir-faire et l’envie. Nous avons les moyens de consolider une France industrielle et performante, qui irrigue toutes les régions, et réconcilie à la fois la France des villes et la France des champs, mais aussi tous les Français.

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