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Comment Dangote veut refinancer sa dette sur le marché obligataire

Comment Dangote Veut Refinancer Sa Dette Marché Obligataire

Dangote Cement, le navire amiral du groupe de l’homme le plus riche d’Afrique, a annoncé vouloir lever 800 millions de dollars via l’émission d’obligations. Une première qui atteste de la solidité de la valeur Dangote malgré le contexte actuel difficile.

L’épidémie de Covid-19 bouscule le monde économique, Aliko Dangote compris. Si le magnat nigérian (patrimoine estimé à 7,9 milliards de dollars) a annoncé le don d’un milliard de nairas pour soutenir la lutte gouvernementale contre le virus, il a aussi vu sa fortune chuter de 2,5 milliards de nairas en un mois, selon le quotidien local The Punch, en raison de la chute des cours de Bourse, au Nigeria comme ailleurs.

Dans cette actualité mouvementée, une autre annonce, émanant celle-ci de Dangote Cement, passerait presque inaperçue. Pourtant, elle a son importance, signant la volonté de la branche ciment du géant nigérian de recourir pour la première fois au marché obligataire pour se financer.

Dans un court communiqué daté du 23 mars, la filiale phare du groupe – 891,7 milliards de nairas (2,1 milliards d’euros) de chiffre d’affaires et 200,5 milliards de nairas (489 millions d’euros) de résultat net en 2019 – a en effet déclaré avoir reçu l’autorisation de son conseil d’administration pour émettre des obligations visant à lever 300 milliards de nairas (près de 800 millions de dollars).

S’acheter du temps

L’opération, qui doit encore être autorisée par l’autorité des marchés nigériane, « servira à refinancer une dette de court terme précédemment souscrite pour des projets d’expansion dans le ciment, des fonds de roulement et des frais généraux de l’entreprise », a indiqué Dangote Cement.

Autrement dit, le groupe veut s’acheter du temps en remplaçant sa dette de court-terme par de l’endettement de moyen-terme. Les engagements de court-terme (260 milliards de nairas) représentaient près des trois quarts de l’ensemble des créances en 2019 (351 milliards de nairas), selon le rapport annuel du groupe.

Si l’opération va bien à son terme, elle marquera un tournant pour Dangote Cement, de plus en plus enclin à recourir aux marchés financiers pour se fournir en argent frais. En 2018, le conseil d’administration avait déjà donné son aval à une telle émission obligataire, à l’époque destinée à financer les fonds de roulement, les investissements et le développement général du groupe.

Mais, l’opération n’avait pas eu lieu, remplacée par un programme d’endettement de court-terme (billets de trésorerie) de 150 milliards de nairas lancé en juin 2018. Fin 2019, profitant de la réduction du rendement de 12 % à 7,75 % et de la bonne évaluation de son titre (BBB), Dangote Cement a ainsi levé 45 milliards de nairas sur les marchés financiers de court-terme.

Annonce bien accueillie

De l’avis de plusieurs analystes, l’entrée sur le marché obligataire a de bonnes chances d’aboutir cette fois-ci. L’annonce de Dangote Cement a en effet été bien accueillie.

Moody’s a attribué au titre du groupe d’Aliko Dangote une note supérieure à celle donnée à l’obligation souveraine du Nigeria. Pour expliquer son évaluation, l’agence de notation a mis en avant les points forts de Dangote Cement, à savoir sa position de leader sur le marché nigérian et son empreinte en Afrique ainsi que sa solidité financière.

Malgré un chiffre d’affaires et un Ebitda en baisse de respectivement 1,1 % et 9,2 % en 2019 par rapport à 2018, le groupe a réalisé l’an dernier une marge opérationnelle de près de 34 %, affichant un faible ratio dette nette/Ebitda de 0,58.

Attractive, la valeur Dangote Cement devrait aussi bénéficier de la disponibilités des capitaux sur les marchés financiers nigérians et de la baisse globale des rendements observée ces dernières années.

Pour d’autres observateurs, le recours de Dangote Cement au marché obligataire doit aussi être lu à la lumière de la dynamique d’ensemble de l’empire Dangote. Chaque année, la filiale ciment met un point d’honneur à verser de conséquents dividendes (16 nairas par action pour 2019) à ses actionnaires, dont le groupe Dangote et Aliko Dangote lui-même.

Cela impose à la branche ciment, même si elle génère d’importantes liquidités, de s’endetter puis de refinancer sa dette pour assurer son fonctionnement et ses besoins de trésorerie. Mais, cela permet aussi et surtout tout à Aliko Dangote de récupérer des fonds, sous la forme de dividendes, qui servent à financer ses autres projets, en particulier le méga-complexe pétrolier et gazier de Lekki, dont la raffinerie doit entrer en service en fin d’année ou début 2021.