Dans une révélation troublante, un rapport d’experts de l’ONU publié récemment révèle que les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) en Ouganda ont reçu un soutien financier du groupe terroriste État islamique (EI). Cette découverte jette une lumière crue sur les liens entre les groupes terroristes opérant en Afrique centrale et soulève des préoccupations quant à l’ampleur de leur réseau.

Les ADF, un groupe armé originaire d’Ouganda et implanté en République démocratique du Congo (RDC) depuis les années 1990, sont reconnus comme l’un des groupes les plus meurtriers de la région. Majoritairement composés de rebelles musulmans, les ADF ont prêté allégeance à l’EI en 2019, qui considère cette faction comme sa « province d’Afrique centrale » (Iscap en anglais). Ils ont depuis commis de nombreuses atrocités, tuant des milliers de civils innocents.

Lire aussi : Ouganda : Les femmes exigent de leurs maris un paiement en échange de rapports sexuels

Un réseau international de financement du terrorisme mis au jour

Le rapport des experts onusiens révèle que les liens financiers entre les ADF et l’EI vont au-delà des frontières de l’Ouganda et de la RDC. Des connexions entre le groupe terroriste et l’EI en Somalie, au Mozambique et en Afrique du Sud ont été établies pour la première fois. Les investigations révèlent qu’un montant de 400 000 dollars a transité par un circuit complexe impliquant des intermédiaires, des entreprises et des systèmes de transferts d’argent, avec environ 60 000 dollars parvenant jusqu’en Ouganda.

Ces financements directs ont été effectués à travers un réseau financier sophistiqué impliquant plusieurs pays du continent, passant notamment par la Somalie, l’Afrique du Sud, le Kenya et l’Ouganda.

Une expansion régionale inquiétante

Le rapport met également en lumière des rencontres de haut niveau entre les responsables des ADF et l’EI au Mozambique ces dernières années. Ces rencontres ont impliqué les chefs militaires et spirituels de l’EI, qui se sont déplacés en personne pour rencontrer les ADF dans différentes régions de la RDC.

Ces relations témoignent de la volonté des ADF de s’étendre et de poursuivre leurs activités malgré les opérations militaires menées contre eux. Le groupe terroriste s’adapte en diversifiant ses tactiques, en effectuant des attaques plus courtes avec moins de combattants et en utilisant davantage d’engins explosifs improvisés, notamment dans les zones urbaines.

Les autorités ougandaises ont récemment accusé les ADF d’être responsables du massacre horrible survenu dans un lycée de la localité de Pondwe, près de la frontière avec la RDC. Cette attaque a coûté la vie à 41 personnes, principalement des élèves, dont certains ont été brûlés vifs dans leur dortoir.