Cameroun, Gabon, Burundi, Soudan… Le Qatar multiplie les accords de partenariats avec les fédérations africaines. Une démarche qui s’inscrit dans une politique de diplomatie sportive souhaitée par l’émir Tamim Ben Hamad Al Thani.
Le Gabon, le Cameroun, le Burundi, le Soudan, ou encore le Soudan du Sud : le Qatar renforce sa présence en Afrique, et il n’est pas impossible que l’émirat trouve d’autres accords avec des fédérations du continent.
Le Cameroun, quelques jours après son voisin gabonais, a ainsi annoncé avoir trouvé un terrain d’entente avec Doha, pour une durée de trois ans. « Les discussions duraient depuis plusieurs mois. Notre sélection nationale avait d’ailleurs effectué une partie de sa préparation pour la CAN 2019 au Qatar », rapporte Seidou Mbombo Njoya, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot).
De l’organisation de matchs amicaux, à la formation des entraîneurs, jusqu’à la médecine du sport, le partenariat concernera de nombreux domaines. « J’ai pu visiter l’Aspire Academy, à Doha. On pourrait envisager que de jeunes joueurs camerounais y soient formés, ou que le Qatar ouvre un centre de formation au Cameroun. Tout est possible », assure Njoya.
Des stades offerts à des pays africains ?
Le Qatar s’est également tourné vers des pays à la renommée moindre que celle du Cameroun et du Gabon. C’est le cas, notamment, du Soudan du Sud et du Burundi, lequel a scellé un partenariat de quatre ans avec Doha. Les premières relations entre le petit pays d’Afrique de l’Est et le Qatar remontent à 2019, lorsque le Burundi a sollicité son futur partenaire pour effectuer à Doha la fin de sa préparation pour la CAN 2019.
« Notre fédération n’a pas beaucoup d’argent et une collaboration avec le Qatar pourrait nous permettre de développer notre football. Ce pays dispose d’excellents éducateurs, et des entraîneurs burundais pourront se rendre là-bas pour améliorer leurs connaissances. Certains pourraient également être intégrés l’Aspire Academy », explique Youssouf Mosi, membre du comité exécutif de la Fédération burundaise de football.
Mais le Burundi espère également figurer parmi les pays qui pourront bénéficier de certaines structures utilisées par le Qatar lors de la Coupe du monde 2022. Certains stades seront en effet démontés et offerts à des pays en manque d’équipements. Le principal stade du Burundi, (stade du Prince Luis Rwagasore), situé à Bujumbura, date de 1962 et ne peut accueillir que 10 000 personnes. « Il n’est plus vraiment aux normes. La FIFA la Confédération africaine de football (CAF) décideront qui, parmi les pays africains, pourra éventuellement postuler pour recevoir un stade », poursuit Mossi, pour qui l’activisme qatari sur le continent relève d’un « geste de solidarité » d’un pays des pays les plus riches du monde.
Diplomatie sportive à l’international
Depuis plusieurs années, Doha multiplie en effet ses initiatives au niveau international. En 2011, le fonds souverain du Qatar avait déjà déboursé plusieurs dizaines de millions d’euros pour le Paris Saint-Germain (PSG). La compagnie aérienne Qatar Airways est également le sponsor officiel de l’AS Roma, du Bayern Munich, de Boca Juniors (en Argentine) et de la Fifa.
En 2018, la compagnie a également conclu un accord de partenariat avec la Confédération sud-américaine (Conmebol), ce qui a permis à la sélection championne d’Asie en 2019 de participer à la Copa America de la même année au Brésil, et d’être de nouveau invitée à celle de 2020, organisée en Argentine et en Colombie [la compétition a été reportée à 2021 à cause de l’épidémie de coronavirus, ndlr].
DOHA N’EST PAS FOCALISÉ SUR LES PAYS MUSULMANS, COMME CERTAINES POURRAIENT LE CROIRE
« Il s’agit de diplomatie sportive. Le Qatar cherche à se faire des amis un peu partout. Il n’est pas focalisé sur les pays musulmans, comme certaines pourraient le croire. Le Qatar veut se faire des alliés, car il a compris que les grandes décisions se prennent au congrès de la FIFA, lors duquel chaque fédération vote », explique un ancien membre de la FIFA.
Expertise de Doha
« Les Qataris sont actifs sur tous les fronts. En Afrique, en Amérique du Sud, en Europe. Depuis l’attribution controversée de la Coupe du monde 2022, les Qataris cherchent à améliorer leur image. Tout le monde a bien compris que certaines choses, dans le processus d’attribution, n’étaient pas très nettes », ajoute-t-il.
Cette question ne semble toutefois pas préoccuper les pays africains concernés par les partenariats, ou qui pourraient l’être à l’avenir. « Le plus important pour nous, c’est de pouvoir améliorer les choses, de profiter de l’expertise du Qatar afin de progresser », explique un dirigeant d’une fédération africaine, sous couver d’anonymat.