Le moustique en question s’est déjà implanté dans la ville de Djibouti depuis quelques années et il a été repéré en Éthiopie et au Soudan.
Il est baptisé anophèle stephensi. Ce moustique est capable de survivre et proliférer dans les villes. Ce qui n’est pas le cas des espèces que l’on trouve en Afrique subsaharienne et qui elles préfèrent les zones rurales, telles l’anophèle gambiae.
Selon une étude publiée dans la revue scientifique américaine Pnas, l’aire géographique de stephensi pourrait s’étendre. Cette espèce de moustique capable de transmettre le paludisme sévit d’ordinaire en Asie, de la Thaïlande à la péninsule arabique. Bref il gagne du terrain.
Depuis quelques années, il semble avoir élu domicile, aussi, dans la Corne de l’Afrique. Alors que Djibouti n’avait pas connu d’épidémie de paludisme depuis 1999, voilà qu’à partir de 2012 la capitale a dû faire face à des éruptions de cas de plus en plus importantes.
Lire aussi : Ghana: des femmes créent un dispositif pour débarrasser totalement le pays des moustiques
L’entomologiste médicale Marianne Sinka, chercheuse à l’université d’Oxford, s’est donc penchée, via un modèle, sur la menace réelle que peut représenter ce moustique asiatique pour le continent. Selon ses travaux, 44 villes sont hautement adaptées à l’insecte. C’est le cas de certaines villes du Nigeria par exemple, de Mombasa au Kenya, ou encore de Dar es-Salaam en Tanzanie.
Une alerte pour le reste du continent. D’après les recherches, si l’insecte parvient à continuer son invasion, 126 millions de personnes aujourd’hui épargnées par le risque de contracter le paludisme, pourraient y être exposé (principalement dans la région équatoriale). « Les 40% de gens qui vivent dans des zones urbaines pourraient soudain être vulnérables et infectés par le paludisme, ce serait très grave », avertit la chercheuse.
Comment s’en protéger?
Contrairement aux moustiques africains, qui aiment piquer les humains quand il fait plus frais donc pendant la nuit, des moustiquaires de lit seraient moins efficaces, selon elle, car stephensi aime piquer dès la soirée, quand il fait encore chaud. Mieux vaut installer des moustiquaires aux fenêtres, imprégner les murs de produits insecticides, et se couvrir le corps.
Mais la mesure la plus essentielle est de viser les larves et donc supprimer toute eau stagnante, ainsi que de bien fermer tout réservoir d’eau. C’est ce qui a fonctionné en Inde, rappelle Marianne Sinka.
Lire aussi : Un homme dont les pets tuent les moustiques, reçoit des millions d’une société anti-moustiques