La Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) et l’ONG britannique Global Witness sont, depuis le 1er juillet 2020, sous le coup d’une plainte déposée à Paris, la capitale française, par Afriland First Bank Congo démocratique (CD), l’une des onze filiales du groupe bancaire fondé par le milliardaire camerounais Paul K. Fokam.
« Une plainte a été déposée en France, à Paris, à l’encontre de Global Witness et à l’encontre du PPLAAF, sur la manière dont les preuves ont été recueillies dans ce dossier. Elle l’a été au nom de la banque Afriland, puisque c’est là que les fichiers ont été dérobés. Nous avons pas mal d’éléments qui nous laissent penser que les fichiers volés ont été trafiqués et nous avons des choses très précises sur ce point. Nous avons également des documents qui démontrent la façon très frauduleuse dont certains témoignages ont été obtenus. Donc, une enquête va s’ouvrir et elle est absolument et indispensablement nécessaire, pour faire la lumière sur la manière dont ces ONG travaillent », a expliqué sur Radio France international (RFI) Me Moutet, l’avocat commis par le groupe bancaire.
La plainte comporte une panoplie de chefs d’accusation. Ceux-ci vont du vol au faux et usage de faux en bande organisée, en passant par l’abus de confiance, le chantage, la corruption privée, la dénonciation calomnieuse, le recel, et la violation du secret bancaire. Pour rappel, la plainte déposée à Paris par le groupe bancaire du Camerounais Paul K. Fokam est consécutive à la révélation, il y a quelques jours, d’une affaire de fraude et de corruption dans laquelle Afriland First Bank CD est nommément citée.
En clair, cette banque est accusée par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) et l’ONG Global Witness, d’avoir aidé le milliardaire israélien, Dan Gertler, à continuer à faire des affaires en RD Congo, au moyen d’un réseau international de blanchiment d’argent, en dépit de sanctions du gouvernement américain qui pèsent sur lui.
« Comme toujours, au Congo, c’est le système financier congolais qui, malheureusement, permet ce genre de méfaits. C’est maintenant la banque Afriland, qui est une filiale d’une banque camerounaise, qui tout d’un coup est passée d’un statut de petite banque en RDC à une banque qui est parmi les plus grandes. Et cela, possiblement, grâce à Gertler et ses hommes de confiance », a déclaré sur RFI Gabriel Bourdon Fattal, un membre de la PPLAAF.
Toutes ces accusations sont rejetées par Afriland First Bank CD, qui accuse plutôt ses accusateurs d’avoir obtenu puis manipulé des documents confidentiels de la banque, probablement dérobés par deux anciens employés aujourd’hui démissionnaires.
Brice R. Mbodiam