Tiken Jah Fakoly, contraint à l’exil au Mali depuis 2003 après avoir reçu des menaces de mort, revient sur cette expérience douloureuse de sa vie.
Au fil du temps, le musicien s’est également intégré au peuple malien qui l’a adopté. Aujourd’hui, il détient même la nationalité malienne. Même s’il a dit qu’il avait pardonné, l’artiste n’a toujours pas oublié.
Le reggaeman, qui a assisté au festival sénégalais du samedi au dimanche soir, a raconté la triste histoire.
En Côte d’Ivoire, témoin et victime d’un conflit post-électoral a déchiré son pays, le chanteur de reggae Moussa Doumbia alias « Tiken Jah Fakoly » a été contraints à l’exil.
Il quitte donc la Côte d’Ivoire, pays natale pour s’installer chez ses frères maliens, qui l’accueillent à bras ouverts. Revenant sur l’épisode qui l’a poussé à quitter sa famille, l’artiste au cœur lourd explique.
« Je n’ai pas été compris. Je disais ce que je pense dans mes chansons. Sûrement, il y a des gens qui n’aimaient pas ce que je disais », a déclaré Tiken Jah Fakoly.
« Je suis allé me réfugier au Mali parce qu’un jour, alors que j’étais en tournée, il y a des militaires qui sont venus à la maison et qui voulaient me voir. Ce ne sont pas mes amis, je ne les connais pas. Vous savez, quand il y a quatre véhicules 4×4 qui se garent devant ta porte.
Des blindés de militaires pour chercher Tiken Jah. Du coup, ma fille est allée se réfugier chez le voisin qui m’a appelé pour m’informer. C’est ainsi que j’ai décidé d’aller me réfugier au Mali. Ce qui est sûr, ce sont les mêmes 4×4 qui sont allés chez un comédien qui s’appelle H. Camara, qui n’a pas eu la même chance que moi.
Car il a été arrêté et le lendemain, on a trouvé son corps dans la rue », a-t-il révélé, estimant qu’il finirait comme ce dernier.
Tiken Jah Fakoly vient de sortir un nouvel album intitulé « Gouvernement 20 ans ». Une chanson très critique pour les chefs d’État du continent africain, comme Paul Biya, à la tête du Cameroun depuis le 6 novembre 1982 ; Denis Sassou N’Guesso, actuel Président du Congo depuis 1997 ;
Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir en Guinée Equatoriale depuis plus de 41 ans, mais aussi d’Alassane Dramane Ouattara ou encore du Pr Alpha Condé, qui ont imposé un troisième mandat à leur peuple.
Alpha Condé, lui, a été renversé par les militaires de son pays.