Le Parlement sénégalais a voté dans une ambiance tendue le projet de loi repoussant l’élection présidentielle au 15 décembre 2024, suscitant des craintes de troubles dans le pays. Le vote a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi, avec 105 voix en faveur et une seule voix contre, après que des députés de l’opposition, qui s’opposaient au vote, ont été évacués de force par la gendarmerie.
La décision sans précédent du président Macky Sall de reporter l’élection, annoncée samedi dernier, a provoqué un tollé, qualifié de « coup d’État constitutionnel » par ses détracteurs. Le débat au Parlement s’est prolongé jusqu’à tard dans la nuit, marqué par des échanges houleux entre les parlementaires, certains en venant même aux mains dans l’après-midi.
« La situation est complètement catastrophique, l’image du Sénégal est ruinée et je ne pense pas que nous nous relèverons de sitôt de cette faillite démocratique, de ce tsunami dans l’état de droit », a réagi après le vote Ayib Daffé, un député de l’opposition.
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Des manifestations sporadiques ont éclaté autour du Parlement, avec des heurts entre les forces de l’ordre et des manifestants. La tension monte au Sénégal, traditionnellement considéré comme un bastion de stabilité en Afrique de l’Ouest.
La coupure d’internet, une mesure de plus en plus fréquemment utilisée par le gouvernement, a été mise en place pour contenir les mobilisations. Cette décision radicale a été précédée d’une répression des premières tentatives de rassemblements dimanche.
L’opposition dénonce la situation comme une « faillite démocratique » qui ternit l’image du Sénégal. Le président Macky Sall restera en fonction jusqu’à l’installation de son successeur, précise la loi adoptée. Cette crise politique sans précédent soulève des préoccupations quant à la stabilité du pays et à l’avenir de sa démocratie.