Rétrospective pour mieux comprendre la situation. S’appuyant sur la nouvelle Constitution ivoirienne, le président Alassane Ouattara n’écarte pas la possibilité d’un 3ème mandat en 2020.
Après avoir longtemps entretenu le suspense sur un éventuel 3ème mandat, Alassane Ouattara, le président ivoirien a évoqué son avenir politique à la tête de la Côte d’Ivoire.
Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique, Alassane Ouattara dont le deuxième mandat s’achève en 2020 n’écarte pas la possibilité de rempiler.
“La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes”, a déclaré le président ivoirien, interrogé sur la possibilité de se représenter.
C’est la première fois depuis l’adoption par referendum le 30 Octobre 2016 de la nouvelle Constitution ivoirienne, que M. Ouattara se prononce sur sa volonté ou non de rester à la tête de la Côte d’Ivoire.
Bien avant cette déclaration, deux de ses proches ont ouvertement écarté la possibilité pour le chef de l’Etat de se maintenir au pouvoir.
La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020
Alassane Ouattara, Président ivoirien
Cissé Bacongo, ex-ministre et membre du comité d’expert chargé de l’élaboration de la nouvelle constitution avait indiqué le 20 août 2016 au siège du RDR que “le Président Ouattara n’est pas intéressé par un 3ème mandat”.
Une semaine plus tard, Mamadou Touré, alors conseiller en charge de la Jeunesse et des sports du président ivoirien a affirmé que “le président Alassane Ouattara n’est pas Laurent Gbagbo qui dit quelque chose et pense autre chose. Sa conception de la politique n’est pas l’art de la roublardise (…) Il a dit qu’il ne fera pas un 3ème mandat et il ne fera pas un 3ème mandat”.
Le 5 janvier 2017, Alassane Ouattara lui-même a affirmé qu’il entendait quitter le pouvoir à la fin de ces deux mandats.
“A l’occasion de mes 75 ans, ceci m’amène à réaffirmer que les institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020”.
La sortie du président ivoirien est largement commentée sur les médias sociaux, certains ivoiriens craignant un retour à l’instabilité au cas où Alassane Ouattara se déclarerait candidat en 2020 pour un 3ème quinquennat.
Pour le leader de l’opposition Pascal Affi N’guessan – président du Front Populaire Ivoirien – “c’est une position qui n’est pas intellectuellement et politiquement correcte, acceptable” puisque la Constitution ivoirienne consacre la limitation des mandats présidentiels à deux.
A cela vient s’ajouter la récente arrestation et levée de l’immunité parlementaire des députés du groupe Rassemblement proche de Guillaume SORO, qui ne sont plus en fonction, la recherche de la majorité des 2/3 pour l’adoption d’un projet de révision se trouve sans doute facilité. En dehors du Juge constitutionnel ivoirien, à saisir dans le cadre du contentieux de l’éligibilité, le Juge africain de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) pourrait être sollicité pour un avis sur l’éligibilité du Président de la République pour un troisième mandat.