L’interview dimanche soir entre le président de la République, Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin a été marquée par de nombreuses passes d’arme.
Aux questions jugées comme biaisées, les journalistes reprochent à Emmanuel Macron de vouloir jouer au professeur face à deux élèves.
Le débat s’annonçait dur, il l’a été. Plusieurs fois, Emmanuel Macron et les deux journalistes qui l’interviewaient pour BFM TV et Mediapart se sont reprochés de ne pas se respecter assez.
1. « Je conteste l’orientation de votre question »
Le fondateur de Mediapart interroge Emmanuel Macron : « Le 14 mai 2017, vous nous parliez de rassemblement. Cependant, le mécontentement gronde, en France. Votre mouvement, est-ce en Force ? »
« C’est une question ou un plaidoyer ? Je conteste l’orientation de votre question », rétorque le président.
« Il y a des colères légitimes : elles correspondent à des réformes en cours. » Et le président de poursuivre :« On n’unira pas le pays en cédant à la tyrannie de certaines minorités ». Il parlera aussi de question « biaisée ».
2. « Vous n’êtes pas un professeur »
Le ton monte entre les deux journalistes et le chef de l’État autour des questions d’évasion fiscale. « Ce que vous qualifiez de fraude fiscale, ce n’est pas pénalement puni par la loi », explique Emmanuel Macron à une question de Jean-Jacques Bourdin.
« C’est de l’optimisation fiscale, et c’est moralement répréhensible. De l’argent qui ne va pas aux hôpitaux, aux écoles », fait remarquer Edwy Plenel.
« Vous n’êtes pas un professeur et nous ne sommes pas les élèves », rappelle Jean-Jacques Bourdin. « Vous n’êtes pas des élèves, mais quand il y a des choses inexactes, je le dis », rétorque le président de la République.
3. « Vous n’êtes pas des juges, vous êtes des intervieweurs »
Durant l’interview, plusieurs tacles glissés ont eu lieu au cours de cet échange.
Offensifs, Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin interrogent Emmanuel Macron sur ces supposés « amis » que seraient Bernard Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH, ou François Pinault, à la tête du groupe Kering. « Je n’ai pas d’amis », répond le président de la République.
Poursuivant cet échange plutôt musclé, le chef de l’État lâche : « Vous n’êtes pas des juges, vous êtes des intervieweurs. Je ne suis pas là pour juger qui que ce soit ».
Poussé ensuite dans ses retranchements sur le contrôle fiscal, Emmanuel Macron évoque le redressement fiscal de Mediapart. Edwy Plenel son co-fondateur avait subi un redressement fiscal en 2014. « Cela ne vous ressemble pas, c’est indigne de vous », déplore Plenel.
4. « Vous n’êtes le ventriloque d’aucun ministre »
Sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et les étudiants dans les facs bloquées, le débat s’est retendu. « Comme vous y allez. Votre question a quelque facilité avec la réalité », débute Emmanuel Macron sur le sujet des blocages dans les universités.
Ensuite, la question des affrontements entre zadistes et forces de l’ordre a été l’occasion d’une passe d’arme sur le ressenti de Nicolas Hulot sur le sujet. Alors que le fondateur de Mediapart affirmait que le ministre de la Transition écologique « n’était pas à l’aise », Emmanuel Macron lui demande « d’arrêter de dire des bêtises, vous n’êtes le ventriloque d’aucun ministre ».
À noter, il s’agit d’une expression qu’il avait déjà utilisée lors d’un débat présidentiel, à l’intention de Marine Le Pen cette fois-là.
5. « Je vais aller m’installer dans votre salon et vous direz que c’est un projet alternatif »
Le président a peu de temps après estimé qu’Edwy Plénel disait « des contre-vérités » au sujet des zadistes occupant des terrains illégalement estime Emmanuel Macron. « Vous savez ce qu’est un bon projet agricole alternatif », a répondu le journaliste avec ironie. « Vous n’êtes pas sérieux Monsieur Plenel », rétorque à la fin de cet échange Emmanuel Macron. « Je vais aller m’installer dans votre salon et vous direz que c’est un projet alternatif. »
Plus tard, sur l’Islam, le président de la République reprend le présentateur de RMC : « Vous n’êtes pas dans la réalité et mois dans l’éther M. Bourdin. »
6. « N’êtes-vous pas dans une illusion puérile de toute puissance ? »
Au-delà de ces échanges, c’est une question de Jean-Jacques Bourdin qui aura le plus marqué ce soir : « n’êtes-vous pas dans une illusion puérile de toute puissance ? »
« Je ne crois pas à la toute-puissance, je crois à la démocratie pleine et entière », lui rétorque le président.