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L’histoire jamais racontée d’un migrant en Espagne devenu vendeur d’essuie-glaces au Sénégal



Il se nomme Boubacar Guèye, il est marié et père de deux enfants, deux filles, pour qui il se bat sans relâche afin de subvenir aux besoin de sa famille formée avec sa jeune épouse. Marchand ambulant, migrant en Espagne, vendeur de télécommandes et de balaies d’essuie-glace, pas de sot métier pour celui qui exerce aux abords du magasin Auchan de Thiès, AFRIK.COM est allé à sa rencontre. Son récit est parsemé certes de regrets, mais aussi l’espoir d’une vie bien meilleure.

Avant de se lancer dans le commerce de balais d’essuie-glace, l’homme excellait dans la vente de télécommandes pour téléviseur, dans la capitale sénégalaise, Dakar. « Au début, j’étais célibataire et je me retrouvais avec des recettes quotidiennes de l’ordre de quinze mille francs CFA, assez pour m’en sortir et même mettre de côté un peu d’argent », confie Boubacar Guèye, trouvé ce vendredi nuit, vers 22 heures, dans le parking du centre commercial Auchan 2 de Thiès.

C’est en 2002 que ce Sénégalais bon teint s’est lancé dans le commerce, faute de formation, pour n’avoir pas fait les bancs. A la recherche de revenu dans le but de subvenir à ses besoins et aider ses parents, il se lance dans le commerce de télécommandes, à Liberté 6, un quartier de Dakar. Au fil des ans, il parvient à épargner assez d’argent et décide de sa lancer à l’aventure, en tentant une émigration régulière. « C’était en 2007 », narre Boubacar aussitôt coupé par quelqu’un qu se tenait à côté de lui. « Je n’ai jamais su que tu avais une fois émigré », lance l’homme. « Si pourtant, j’ai été en Espagne, mais j’ai été rapatrié. Je ne l’ai jamais raconté », rétorque Boubacar, avant de poursuivre avec l’équipe d’AFRIK.COM.

« J’avais quitté Saragosse et me rendais à Barcelone »

« Ce voyage m’avait coûté un peu plus de 2 millions FCFA. Je m’étais rendu en Espagne par vol régulier et avait réussi à trouver un travail de laveur de voitures dans une entreprise. Un matin, alors que je me rendais à mon lieu de travail, j’ai été interpellé par des Sénégalais qui m’ont intimé de les suivre. J’avais quitté Saragosse et me rendais à Barcelone. Ce jour-là, je ne suis jamais arrivé à mon lieu de travail. Les gaillards m’ont conduit dans un lieu que je ne connaissais pas où j’ai été retenu avec beaucoup de mes compatriotes », se rappelle Boubacar, la mine triste.

« Ce qui me fait le plus mal, c’est notre lieu de détention avant qu’on n soit embarqué dans un avion, à destination du Sénégal. Le chemin du retour était tracé, mais de la façon la plus dure. Je pense que c’était sous les ordres de Macky Sall (actuel Président du Sénégal) alors qu’il était ministre de l’Intérieur. En tout cas, on était enfermé dans une pièce sombre, sans eau ni nourriture, peut-être pendant 24 heures. Je n’avais aucune idée du temps passé dans cette pièce où il faisait tout noir, impossible d’identifier celui qui était en face de toi. Mais je sais que cela a été très dur. C’est une fois dans l’avion que nous avons reçu de la nourriture, un sandwich », précise le vendeur.

« On s’était retrouvé nombreux, embarqué à bord d’un avions, direction Sénégal. En plus du sandwich, nous avons reçu chacun une somme de 10 000 FCFA pour le transport, une fois arrivé au Sénégal, dans le but de regagner nos familles respectives. Je pense que notre rapatriement était le fruit d’un accord entre les gouvernements espagnol et sénégalais, dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine. Hélas, nous en étions les victimes, avec ce rapatriement forcé, qui m’avait fait perdre toutes mes économies. J’avais passé 23 jours en Espagne. Un séjour très court », déplore Boubacar.

Une immigration qui n’aura duré que 23 jours

Ne voulant pas baisser les bras, malgré la souffrance physique d’avoir été en détention, pendant des heures, sans nourriture, d’avoir perdu plus de deux millions FCFA dans une périlleuse opération d’immigration qui n’aura duré que 23 jours, le jeune reprend le chemin de son petit commerce. « Une semaine après mon retour au Sénégal, je suis retourné sur Dakar pour acheter des télécommandes et reprendre mon commerce. Je n’avais pas le choix, il me fallait me relever après ce coup très dur. Très dur même », relate amèrement Boubacar, qui tenait un balai dans chaque main.

« J’effectuais tranquillement ce petit commerce que je maîtrisais bien. C’est en 2015 que je me suis lancé dans la vente de balais d’essuie-glace. Pendant mon commerce de télécommandes, je côtoyais d’autres vendeurs qui excellaient dans la vente de d’essuie-glaces. Ils tentaient souvent de me convaincre de rejoindre leur business, évoquant les difficultés que je rencontrais souvent, pendant la saison des pluies pour mettre mes télécommandes à l’abri de la pluie. Ils ont fini par me convaincre et depuis lors, je vends des essuie-glaces », lance l’homme qui, entre deux échanges, tentait de repérer un potentiel client.

« Au début, je faisais la navette entre Dakar et Thiès. Je regagnais la capitale en début de semaine et rentrais en week-end. En mars 2020, au tout début de la maladie à Coronavirus, alors que j’étais chez moi, il y eu des restrictions ayant conduit au confinement. J’étais alors coincé à Thiès. C’est là que l’idée de me baser ici à Thiès pour faire mon business m’est venue. J’ai donc décidé de rester à Thiès, où se trouve toute ma famille d’ailleurs, notamment mon épouse et mes deux enfants, et poursuivre mon commerce », note-t-il.

« J’ai bon espoir qu’un jour, je serai un grand commerçant »

« Au tout début, je me mettais aux abords de la station Total qui se trouve à côté du stade Maniang Soumaré. A l’ouverture du premier magasin Auchan, vers le Commissariat central, je me suis déplacé pour me rapprocher de ce lieu plus fréquenté par les automobilistes qui ont un peu de temps pour changer leurs essuie-glaces. C’est lorsque le grand magasin Auchan a ouvert ses portes, en face du stade Maniang Soumaré, que je suis revenu dans les parages. Ici, je change les balais des voitures. Il m’arrive aussi d’avoir des commandes d’ampoules pour les voitures », détaille M. Guèye.

Le rêve espagnol qui a viré à un cauchemar hante toujours Boubacar Guèye qui regrette les énergies perdues. « Si j’avais encore cet argent que j’avais dépensé pour rallier l’Espagne, j’allais l’investir ailleurs. Si je savais que toutes mes peines de migrer vers l’Europe allaient être perdues, j’allais utiliser cet argent pour acheter une quantité importante de marchandises, notamment des pièces de rechange pour voitures, et me lancer dans ce commerce dont je vis aujourd’hui. J’ai quand-même bon espoir qu’un jour, je serai un grand commerçant. Je travaille dur pour y arriver ».

A la question de savoir s’il allait se rendre en Europe, s’il allait récidiver, en cas de nouvelle opportunité de voyage, la réponse de Boubacar Guèye est sans appel : « Jamais de la vie. C’est une histoire ancienne. Depuis mon retour au Sénégal, j’ai eu pas mal d’opportunités pour rallier l’Europe, mais j’ai toujours décliné l’offre », révèle le vendeur qui saisit cette occasion pour déconseiller quiconque décide de se rendre en Europe pour tenter une aventure. Pour lui, il faut ranger ce projet dans les oubliettes, prenant l’exemple sur sa personne.

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