L’autre enjeu de taille, donc pas des moindres c’est la probabilité d’une cohabitation litigieuse avec l’opposition radicale incarnée par l’inter–coalition Yewwi Askan Wi–Wallu Sénégal, au cas où celle–ci, malgré l’invalidation de la liste titulaire nationale de Yewwi Askan Wi (YAW), réussit à être majoritaire à l’Assemblée.
Affaiblie et en infériorité numérique, malgré tous les coups «irréguliers», l’inter–coalition a fait une démonstration de force lors de ces campagnes en occasionnant des marées humaines partout où la caravane d’Ousmane SONKO est passée. Reste à savoir si ce même engouement sera concrétisé dans les urnes dimanche prochain. Si l’opposition réussit son coup, ce serait inédit dans l’histoire du Sénégal. Un scénario qui hante le pouvoir au point que la tête de liste départementale de Benno Bokk Yaakaar à Dakar, Alioune Ndoye, en pleine campagne, brandit «l’arme» dont dispose le Président de la République c’est–à–dire : le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale.
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Il faut que les gens sachent qu’un député ne peut pas annuler des contrats. Tout ce que ces gens (les candidats de l’opposition) veulent, c’est de bloquer les travaux du Président. Mais il faut savoir que le Président a d’autres moyens pour contourner leur plan. Nous sommes dans un régime présidentiel. Les députés ne peuvent pas prendre le pouvoir du Président. S’ils tentent de le bloquer, il va dissoudre l’Assemblée. C’est la constitution qui le permet», souligne le maire de Plateau.
Aminata Touré joue son avenir politique …
Depuis l’avènement de Macky Sall, l’ancien Premier ministre se meut entre traversées du désert et retours en grâce. Cette fois–ci, elle est engagée dans un challenge qu’il faudra relever avec la manière. Bombardée tête de liste nationale de la coalition Benno Bokk Yaakaar lors des prochaines Législatives, après des Locales mitigées pour le camp de la majorité, «Mimi» a l’air jouer son avenir et sa crédibilité politique. Le scrutin de dimanche est riche en perspectives pour l’ancienne Envoyée spéciale du Chef de l’État, mais il comporte aussi quelques risques. En effet, en cas d’échec à obtenir une majorité confortable, Aminata Touré «Mimi» risque de voir ses ambitions personnelles contrariées. Et «Mimi» est ambitieuse à ravir, elle qui déclarait : «En politique, l’ambition n’est pas un délit, au contraire. Dans un système politique concurrentiel, on ne reste pas assis à regarder passer les trains. Un politicien sans ambition, c’est un politicien qui ne vous dit pas la vérité. Bien sûr, encore faut–il que cette ambition ne soit pas dévorante et ne vous conduise pas à la déloyauté». Par contre, un succès éclatant de BBY pourrait lui ouvrir la porte de fonctions prestigieuses. C’est en fait connu de tous que Moustapha Niasse passe ses derniers mois à la tête de l’Assemblée nationale. Mimi pourrait lui succéder au perchoir, devenant ainsi la première femme à occuper la fonction.
Ousmane Sonko : une carrure de chef de l’opposition à confirmer…
L’édile de Ziguinchor et député sortant n’est pas candidat : la liste nationale de titulaires de Yewwi Askan Wi a été invalidée par le Conseil constitutionnel. Cependant le premier magistrat de la Ville de Ziguinchor a été omniprésent durant toute la campagne, enchaînant les meetings et les visites de proximité. L’ancien Inspecteur des Impôts a donné le ton et fixé l’agenda du débat. Ses sorties quelque peu musclées ont souventefois poussé ses adversaires du pouvoir, comme de l’«opposition», à se réajuster selon les termes qu’il a fixés.
Classé troisième (3ème) à la dernière élection présidentielle (2019), et élu maire de Ziguinchor, lors des Locales de janvier 2022, Ousmane SONKO est indéniablement la locomotive et la figure de proue de l’opposition. Et si Yewwi Askan Wi parvient à contraindre BBY à la cohabitation, ses ambitions présidentielles seront décuplées.
Guy Marius Sagna, Pape Djibril Fall, Ahmed Aïdara : vont–ils concrétiser tout le bien que d’aucuns pensent d’eux ?
Le jeu démocratique –dont l’élection en exprime une preuve tangible et une condition sine qua non– n’est plus exclusivement l’affaire des hommes politiques professionnels. Dans le sillage des Locales, où des hommes de médias ont été élus maires, des figures connues de la vie publique pourraient faire leur entrée dans l’Hémicycle dimanche : Guy Marius Sagna, Pape Djibril Fall, Ahmed Aïdara en font partie. La présence des trois personnalités connues pour leur franc–parler risquent assurément d’animer le débat au sein du Parlement.
Guy Marius Sagna et Ahmed Aïdara ont pris des options moins risquées, en s’adossant à une force politique assez forte, l’inter–coalition Yaw–Wallu Sénégal. En ce qui concerne le journaliste Pape Djibril Fall, il a misé gros, via un véritable pari, en montant ainsi sa propre coalition, «Les Serviteurs».