Alaa Abdel-Fattah, figure centrale de la « révolution » de 2011 et prisonnier politique le plus célèbre d’Egypte, est en grève de la faim depuis samedi pour protester contre sa détention, a déclaré lundi à l’AFP sa mère Laila Soueif.
« Il refuse de manger car sa situation carcérale doit changer, il est placé sous haute surveillance, à l’isolement, il n’a pas le droit aux livres, à l’exercice physique et cette prison est connue pour ne respecter aucune loi », a-t-elle expliqué.
En décembre, Abdel Fattah, 40 ans, a été condamné à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses informations » et son ancien avocat Mohamed al-Baqer et le blogueur Mohamed Ibrahim, alias Oxygen, ont été condamnés à quatre ans. Condamnés par un tribunal spécial, ils n’ont pas le droit de faire appel.
Sa sœur Mona Seif s’est exprimée sur Twitter lorsqu’elle a rendu visite à Abdel Fattah en prison lundi, où il a refusé de prendre la nourriture qu’elle lui avait apportée.
Figure centrale du soulèvement populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak lors du printemps arabe, M. Abdel Fattah détient un triste record : il a été emprisonné sous tous les présidents du pays arabe le plus peuplé pendant plus d’une décennie.
60 000 prisonniers d’opinion dans le pays
Sa dernière arrestation remonte à septembre 2019 après de rares manifestations contre l’actuel président Abdel Fattah al-Sissi, qui a progressivement muselé la population depuis son arrivée au pouvoir en 2013.
Le pays compte 60 000 prisonniers d’opinion, dont, selon Amnesty International, « des militants pacifiques, des défenseurs des droits humains, des avocats, des universitaires et des journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association ».
Parmi eux figure l’ancien candidat malheureux à la seule élection présidentielle démocratique d’Égypte en 2012, Abdel Moneim Aboul Foutouh, ancien dirigeant des Frères musulmans, une organisation déclarée « terroriste » par le gouvernement.
Sa famille a indiqué dans un communiqué qu’il avait « subi une agression barbare par un officier » dans sa prison d’une banlieue du Caire le 23 mars, tenant « le régime pour responsable de sa vie et de sa santé physique et mentale ».