La saison sportive est close en France mais le gardien sénégalais Edouard Mendy a repris l’entraînement avec Rennes jusqu’à la fin du mois. Ce post-confinement a donc été joyeux car il a pu fêter avec ses coéquipiers la saison historique du club.
« Héros ? Non ! »
Édouard Mendy a le triomphe modeste. Il a tout de même emmené, dès sa première saison avec Rennes, le club breton sur le podium de Ligue 1 derrière le PSG et l’OM.
À l’issue d’une saison sportive écourtée en raison du coronavirus, cette première dans l’histoire du club a forcément été célébrée sans communion avec le public et les fidèles du Roazhon Park.
« On l’a vécu avec de la retenue parce qu’on vit une situation extraordinaire et grave. Mais on a aussi beaucoup de fierté parce que ça vient récompenser le travail de tout un groupe, d’un club, des joueurs : on n’a rien lâché depuis la 15e journée. »
L’an dernier, sans lui mais avec un autre international sénégalais Mbaye Niang, le club breton avait déjà entamé sa progression en faisant trembler Arsenal en 8es de finales d’Europa League avant de remporter la Coupe de France face au PSG de Neymar Jr.
« Le peuple rennais est fier de tous ses joueurs. Il y a une progression constante depuis deux ans avec la Coupe d’Europe, la Coupe de France et maintenant cette 3e place. »
Pour le gardien de 28 ans qui a vécu une année de chômage il y a 5 ans, cette saison réussie pourrait se traduire par une participation à la Ligue des Champions même si l’UEFA n’a pas encore clarifié le processus de qualification.
« De belles perspectives s’offrent à nous dans les prochains mois », savoure le portier qui a rejoint les Lions de la Teranga en 2018.
Mais pour l’heure, le natif du Havre n’est pas en vacances. Depuis le 13 mai dernier, il a retrouvé ses coéquipiers sur les terrains d’entrainement comme un autre club de Ligue 1 Strasbourg.
« Au niveau psychologique, c’était important de faire cette pré-reprise pour retrouver le ballon, le terrain, les passes, les joueurs, certaines connexions avec certains joueurs. Imaginez pour un joueur blessé de ne pas toucher la balle pendant 4 mois, en plus de la période d’indisponibilité, c’est énorme ! Donc pour ces joueurs-là, c’était inconcevable de ne pas reprendre. »
Pour Édouard Mendy et ses coéquipiers rennais, il en sera ainsi jusqu’à la fin du mois mais avec une batterie de mesures préventives.
« Parmi les nouvelles habitudes déjà, on doit porter absolument le masque avant et pendant qu’on circule dans le centre d’entrainement, ensuite il n’y a pas de contact avec les coéquipiers et les membres du staff, il faut toujours garder cette distance de sécurité. Et à la fin de la séance, on remet le masque et on part directement. On n’a pas accès à la salle de musculation. »
À vrai dire, il n’avait jamais vraiment coupé avec le ballon même lorsqu’il était bloqué à la maison comme tous les Français
« Pendant le confinement, notre entraineur des gardiens nous a demandé si on avait un espace chez nous avec de l’herbe pour faire de l’exercice. Par exemple, en frappant contre le mur pour que la balle nous revienne ou pour faire des appuis dynamiques. On a quand même trouvé beaucoup de solutions pour réussir à entretenir notre côté gardien. Du coup dès qu’on a remis les gants il n’y a pas eu besoin de réhabilitation. »
Attentif à la reprise à huis clos du championnat allemand comme tous les passionnés de football, il n’a pas constaté de comportements particuliers chez ses camarades au poste de gardien de but.
« Notre rôle c’est d’arrêter le ballon. Par rapport à ça, il n’y a pas de changement. On ne peut pas refuser un duel. Je vois mal un gardien réfléchir à deux fois par rapport à ça. »
« La CAN en janvier, impossible »
La saison prochaine s’annonce dense pour Édouard Mendy avec potentiellement un championnat, une Ligue des Champions et une Coupe de France à disputer avec le Stade Rennais. En bonus, il faut y ajouter la CAN, toujours prévue à ce jour en janvier et février au Cameroun. Pour lui, ce calendrier prévu par la CAF est incompatible avec celui en club.
« S’ils veulent conserver cette CAN il faudra la jouer en juin comme la dernière fois quand on a joué en Égypte. L’option de la jouer en janvier est impossible déjà parce que les joueurs auront un lourd calendrier avec leur club. »
Pour Édouard Mendy, il y a évidemment une part de revanche car il s’était blessé durant la CAN 2019 qu’il avait commencé dans la peau d’un titulaire avec le Sénégal. Mais même si les deux premiers matches des éliminatoires se sont traduits par des succès (2-0 contre le Congo, 1-4 à eSwatini), la qualification reste encore à valider.
« En ce qui nous concerne, il faudra déjà rattraper les matches des éliminatoires contre la Guinée-Bissau (aller et retour prévus en mars dernier) et contre le Congo (prévu en juin). La meilleure solution, et ça dépend bien sûr de l’évolution de l’épidémie, c’est donc qu’elle se tienne en juin. »