Mauvaise nouvelle pour le secteur bancaire marocain. L’agence de notation américaine a revu à la baisse les perspectives du secteur, qui passent de « stables » à « négatives », en répercussion de la crise économique liée au coronavirus.
Dans une note de synthèse consacrée au secteur bancaire marocain rendue publique le 27 avril, les analystes de l’agence de notation Moody’s s’attendent « à ce que la performance des prêts s’affaiblisse sous l’effet de la pandémie de coronavirus. Cette détérioration s’ajoutera aux prêts à problèmes élevés existants en raison des concentrations d’emprunteurs, de l’exposition aux petites et moyennes entreprises (PME) et à l’Afrique subsaharienne ».
Les créances en souffrance devraient ainsi atteindre 9 à 11 % en 2020, alors que ce taux était d’à peine 8,1 % à la clôture de l’exercice 2019. Le coût du risque, de son côté (provisions sur encours) qui était de 71 points de base en 2019 devrait également connaître une augmentation significative.
« Les provisions pour pertes sur prêts augmenteront sensiblement, car les conditions commerciales difficiles nuisent à la capacité de remboursement des emprunteurs », justifie Moody’s. La rentabilité du secteur devrait en pâtir, d’autant qu’une baisse des marges d’intérêts pointe à l’horizon.
Un financement qui restera « solide et stable »
« Nous prévoyons que les perturbations liées aux coronavirus limiteront la demande de crédit, partiellement atténuée par les appels de fonds des clients touchés par les perturbations », indiquent les analystes.
L’agence de notation considère néanmoins que la réponse globale du gouvernement à la pandémie contribuera à limiter l’ampleur de la détérioration de la qualité des actifs. Pour les analystes, le financement restera solide et stable, et la liquidité restera élevée. « Les banques marocaines ont des profils de financement stables et des tampons de liquidité élevés, soutenus par une base de dépôts nationaux solide, à faible coût et diversifiée », soulignent-ils.
Moody’s note par ailleurs que les mesures annoncées par la banque centrale marocaine offriront un accès plus facile et plus large au financement afin de répondre aux appels de fonds des emprunteurs concernés. « Nous prévoyons que ces mesures, si elles sont pleinement mises en œuvre, tripleront la capacité de refinancement des banques à la banque centrale et soutiendront leur liquidité », annoncent-ils tout en relevant que la volonté du gouvernement marocain de soutenir les banques locales restera élevée. Si nécessaire…