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Avis d’inexpert – Le chien qui tue un garçon promu info à la une (Par Jean Meïssa DIOP)



Jusque dans sa mort, le chien ayant mordu à mort le fils du nouveau chef de l’Etat gambien a été médiatique, surmédiatisé même. La Radio dakaroise Rfm a ouvert ses nouvelles brèves du 2 février dernier à 09 h par l’annonce de l’exécution par une injection létale du pitbull qui a mordu et tué le garçonnet du président Adama Barrow de Gambie.

Pourtant, on  a toujours seriné aux étudiants en journalisme et même aux journalistes qu’ ‘’un chien qui mord un homme n’est pas une information’’. Et que ce serait plutôt l’inverse (un homme qui mord un chien) qui le serait.

Mais apparemment, le paradigme peut changer quand la victime de la morsure du canidé n’est pas n’importe qui. Selon que le mordu sera puissant, influent ou lié à une personnalité, ce qu’on avait dit ne pas être une information devient un scoop. La preuve nous aura été administrée par la tragédie d’un enfant gambien et le chien qui l’a mordu.

Il aurait été impensable d’annoncer à la une d’un organe d’information la tuerie d’un chien, si méchant soit-il. Il y a eu, à Thiès, une spectaculaire battue pour empoisonner des chiens errants et la presse n’en a été informée que par les photos de cette hécatombe choquante proposée sur un site internet.

Il peut suffire de tout pour faire une information ; tout dépend de comment traiter ce qui apparaît pour une banalité pour lui donner cet intérêt dont on dit qu’il est, avec l’exactitude, une des deux caractéristiques de l’information. Dans un ‘’Avis d’inexpert’’  publié dans EnQuête n°1594 des samedi 15 et dimanche 16 octobre 2016, nous écrivions qu’‘’on voudrait que l’information fût dans la proposition (annonçant un chien ayant mordu un homme), alors que l’information peut être plus sensationnelle dans l’identité du mordu par le canidé.

Que la victime soit miss monde, le président de la République, un de ses ministres etc. changerait totalement l’intérêt de l’information. Ici au Sénégal, nous avons encore en mémoire l’appel en une de la morsure par un chien baptisé Alex de Pape Samba Mboup, chef de cabinet du président de la République d’alors. La victime y gagnera le surnom de ‘’l’Ami d’Alex’’.

C’est le même cas que les trains qui arrivent à l’heure, mais qui n’intéresseraient pas les journalistes. Et pourtant, le journaliste peut avoir tort de négliger les trains remarquables par leur ponctualité.

Les cas Pape Samba Mboup et le jeune martyr (d’un chien) Habibou Barro sont venus, à bien des années d’intervalle, rappeler aux journalistes qu’un chien qui mord un homme peut ne pas être aussi inintéressant, quel que soit, par ailleurs, le rang social de la victime. C’est l’issue tragique du cas du petit Gambien qui a amplifié le fait ; mais il y a aussi son statut de fils d’un nouvellement élu président de la République.

Et c’est en raison de cela aussi que la mise à mort du canidé a eu une ampleur qui a débordé les frontières de la Gambie, comme s’il se fût agi de l’exécution au pentothal d’un condamné à mort aux Etats-Unis. Et la presse promeut la mise à mort du chien au rang d’‘’exécution’’.

Post-scriptum : Radio France internationale (Rfi) se met, elle aussi, au fact checking, c’est-à-dire la vérification des déclarations des personnalités. Cette investigation va s’intéresser aux candidats à la présidentielle française prévue en avril prochain. En effet, il est salutaire que des journalistes ne se laissent pas  (et le public avec eux) mener par des démagogues de tous styles et de tout poil, notamment ceux pour qui ‘’les promesses de campagne n’engagent que ceux qui y croient’’.

Le rôle du journaliste est aussi de rappeler la sacralité des engagements pris. Grâce à son louable effort d’archivage, des radios sénégalaises avaient réussi à coincer le président Wade et tant d’autres comme Macky Sall, alors candidat à la présidentielle, au sujet de son engagement à faire, s’il est élu, un mandat de cinq ans au lieu de sept. Quand les personnalités croient à une amnésie du peuple, les médias peuvent leur rappeler que ce sont eux-mêmes qui font semblant d’avoir oublié.

Par Jean Meïssa DIOP

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