L’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, principal accusé dans un procès très attendu sur l’assassinat en 1987 de son prédécesseur Thomas Sankara, va boycotter le procès à venir, ont annoncé jeudi ses avocats.
« Le président Blaise Compaoré n’assistera pas au procès politique qui se déroule contre lui au tribunal militaire de Ouagadougou, et nous non plus », ont déclaré les avocats de M. Compaoré.
Lors du procès qui s’ouvre lundi, Blaise Compaoré et 13 autres personnes doivent répondre d’une série d’accusations liées à la mort de Thomas Sankara, un révolutionnaire charismatique que ses partisans décrivent comme le Che Guevara africain.
Thomas Sankara a pris le pouvoir en 1983, rebaptisant le pays l’année suivante de Haute-Volta en Burkina Faso, ce qui signifie « pays des hommes intègres. »
Il a mis en œuvre une série de politiques radicales, notamment des nationalisations, des logements sociaux et l’interdiction des mutilations génitales féminines, de la polygamie et des mariages forcés.
Mais il a été abattu le 15 octobre 1987, à l’âge de 37 ans, lors d’un putsch mené par Blaise Compaoré.
M. Compaoré a lui-même été chassé en 2014 par un soulèvement populaire après 27 ans au pouvoir et s’est réfugié en Côte d’Ivoire, où il a obtenu la nationalité ivoirienne.
Plusieurs au Burkina Faso espèrent que le procès fera la lumière sur l’un des chapitres les plus sanglants de la longue histoire d’instabilité du pays.
Blaise Compaoré, 70 ans, a toujours nié les accusations selon lesquelles il aurait ordonné le meurtre de Thomas Sankara.
Après sa chute du pouvoir, une enquête sur l’assassinat a été ouverte en 2015 sous un gouvernement de transition et un mandat d’arrêt a été émis l’année suivante.
Parmi les accusés figurent l’ancien bras droit de Compaoré, le général Gilbert Diendere, ancien chef du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), un corps d’élite.
Les deux hommes sont accusés de complicité de meurtre, d’atteinte à la sûreté de l’État et de complicité de dissimulation de cadavres.
Diendere, 61 ans, purge déjà une peine de 20 ans de prison au Burkina pour avoir orchestré un complot en 2015 contre le gouvernement de transition.
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