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Aïssata Seck, maire adjointe (PS) à Bondy, petite-fille d’un tirailleur sénégalais et wonderwoman de Benoît Hamon (Portrait)



« On nous a bassinés avec des plans banlieue mais la vie des gens n’a pas changé« Aïssata Seck est maire adjointe (PS) à Bondy, chargée des anciens combattants. Elle-même petite-fille d’un tirailleur sénégalais, la jeune femme mène un combat sans relâche pour leur naturalisation. En novembre dernier, elle lançait une pétition qui a été signée par plus de 65 000 personnes. Soutien de Benoît Hamon, l’élue porte un regard critique sur les politiques menées en banlieue. Portrait.

Si l’on ne devait choisir qu’un mot pour décrire Aïssata Seck, ce serait “détermination”. De son engagement à sa manière de s’exprimer, la jeune femme se montre effectivement très déterminée. Elle emploie d’ailleurs ce terme à plusieurs reprises au cours de la rencontre.

Aissata Seck

Le partage est aussi une valeur qui lui est chère. Son parcours et les multiples casquettes qu’elle porte au quotidien le confirment. À 36 ans, elle est à la fois responsable promotion et diffusion au magazineAlternatives économiques, maire-adjointe à Bondy en charge du conseil de quartier du Mainguy et des anciens combattants, mariée et maman de deux enfants.

Khaly Seck ne tarit par d’éloges sur sa sœur, d’un an son aînée. Un mot lui vient spontanément à la bouche : “généreuse“. “Depuis toute petite, elle veut aider les plus démunis, rapporte Khaly. Aujourd’hui encore, elle donne de sa personne à tout le monde, à sa vie politique, professionnelle, personnelle, c’est une wonderwoman !”.

 

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Un vivre-ensemble apaisé

Aïssata Seck grandit aux Mureaux, dans les Yvelines, au sein d’une famille nombreuse. Ils sont huit enfants à la maison : quatre filles, quatre garçons. Son père, aujourd’hui retraité, était ouvrier chez Renault, “comme beaucoup de papas de mon quartier”, précise Aïssata. Sa mère, elle, était engagée dans le milieu associatif. “Elle avait crée son association de femmes qui proposait, notamment, des cours d’alphabétisation”, explique l’élue de Bondy. Petite, elle suivait sa mère dans toutes ses actions associatives. C’est le début d’une forme de militantisme.

Elle se souvient d’une enfance heureuse et solidaire. “Il n’y avait pas d’origines, de différences économiques ou sociales dans ma cité, on traînait tous ensemble !, s’exclame-t-elle, avec nostalgie. Il n’y avait qu’un salaire à la maison. Je sais, avec du recul, que c’était parfois compliqué pour mes parents, mais ils ne nous ont jamais fait ressentir ces difficultés financières, ils cultivaient la joie et nous la transmettaient bien. (…) Si je n’avais pas été éduquée de cette manière, il est évident que je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui”.

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Une double culture assumée et revendiquée

La double culture d’Aïssata Seck a occupé une place majeure dans son éducation. “Je considère autant la France comme mon pays, que le Sénégal, souligne-t-elle. La double culture se traduit par la maîtrise du peul et du français, la nourriture, les vêtements, l’histoire, toutes ces choses”. On n’est loin du débat enflammé sur la déchéance de nationalité qui a agité le pays.

L’histoire familiale de cette Bondynoise est riche et explique un bon nombre de ses engagements actuels. Son grand-père était un tirailleur sénégalais. Aïssata ne l’a pas connu, mais sa mère lui racontait, avec fierté, l’histoire de ce héros de la famille. “Il a fait la guerre, a combattu pour la France en Indochine, il est ensuite devenu pompier autodidacte. Ma mère me rapportait tout le temps cette histoire et me montrait des photos de lui”. Elle poursuit avec une anecdote qui l’a fait sourire encore aujourd’hui. “Tous les ans, du plus loin que je me rappelle, ma mère achetait et achète toujours le calendrier des pompiers, pour rendre hommage à son père. À l’époque, elle leur donnait tout le temps une somme qui me paraissait énorme étant donné nos petits moyens”.

Son grand-père accordait beaucoup d’importance à l’école. “Il a toujours poussé ses enfants à apprendre, ma mère particulièrement. C’est pour ça qu’au départ, il n’était pas tellement partant pour qu’elle se marie”, explique Aïssata. La fratrie Seck a bien compris le message : l’école, c’est important.

Quand elle parle de sa scolarité, Aïssata se compare automatiquement à sa grande sœur, Cardiatou, “l’élève modèle, qui travaillait tout le temps, avait des notes incroyables”. Elle, était plutôt “une élève moyenne” qui avait “la tchatche”, se débrouillait bien dans les matières principales mais qui avait tendance “à [se] reposer sur[ses] acquis« . Aujourd’hui, elle en plaisante. “Je préférais sortir avec mes amis que réviser le week-end. Quand j’avais le tableau d’honneur, c’est parce que j’avais un peu plus travaillé”.

Elle décroche son bac STT, sciences et technologies tertiaires (aujourd’hui STMG), dans sa ville d’origine, les Mureaux. Elle obtient ensuite un BTS assistante de direction. Commence la vie active par un poste de secrétaire à Alternatives économiques. Problème : “je me suis vite rendue compte que le secrétariat ce n’était pas pour moi”.

Aïssata Seck décide alors de reprendre ses études. Grâce à un système d’équivalence, elle passe directement un Master en communication politique et publique à Créteil. Entre-temps, elle se marie, emménage à Bondy et met au monde deux enfants, Houleye et Neiba. Son retour sur les bancs de la fac se fait en parallèle de sa vie associative, professionnelle et familiale.

J’allais à la fac tous les vendredi et samedi matin. Du lundi au jeudi, j’étais au boulot. Le soir j’avais ma vie de femme, mariée, maman”, liste-t-elle. Cette période était parfois compliquée à gérer mais j’avais un objectif : je voulais ce diplôme, il me le fallait pour évoluer”. Détermination, on vous dit !

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“Combattre et risquer sa vie pour un pays, cela ne suffit pas pour obtenir la nationalité ?”

Vient sa rencontre déterminante avec les tirailleurs sénégalais. “Je les croisais constamment dans la rue, au marché de Bondy, indique Aïssata Seck. Ils portaient souvent leurs médailles, je les ai reconnus grâce à ça. Du coup, je me suis mise à échanger avec eux de manière très naturelle”. Rapidement, la jeune femme décide de les associer à la vie associative et municipale de Bondy. Elle s’engage à les faire participer à toutes les cérémonies officielles d’anciens combattants. “J’allais les chercher chez eux, au foyer, je les ramenais ensuite, relate-t-elle. Ils n’échangeaient pas forcément avec les anciens combattants blancs, mais ils étaient là, c’est important. (…) La municipalité de Bondy n’était pas au courant à l’époque de leur existence, les associations d’anciens combattants, elles, en étaient tout à fait conscientes mais ne savaient pas comment les approcher. Ils ont pourtant fait les mêmes guerres, c’est une bonne approche ça, non ?”.

Aïssata constate alors que les tirailleurs sénégalais ne bénéficient toujours pas de la nationalité française. Ils vivent seuls, à près de 80 ans pour certains, dans des conditions précaires au foyer Adoma de Bondy. “Combattre, risquer sa vie pour un pays, cela ne suffit pas pour obtenir sa nationalité ?”, s’interroge Aïssata Seck. Ils ne peuvent pas rejoindre leurs familles respectives au pays, cela supposerait de faire une croix sur le versement de leur faible pension.

Consternée face à cette situation, la Bondynoise lance alors une pétition en ligne sur Change.org. “C’était la solution la plus efficace à mon sens pour interpeller les institutions”. Parmi les premiers signataires, plusieurs personnalités publiques comme Omar Sy, Benjamin Stora ou encore Cécile Duflot apportent leur soutien. L’effet boule de neige s’opère, la pétition atteint plus de 65 000 signatures. Aujourd’hui, l’adjointe à la maire est en contact avec les préfectures et ministères concernés par la problématique.

Son engagement politique “pour aider les gens dans leur quotidien”

Aïssata Seck se lance dans le bain politique en 2011. Un an avant l’élection de François Hollande, elle prend sa carte au Parti socialiste, milite sur le terrain, fait du porte-à-porte. Pour elle, cet engagement politique s’inscrit dans la continuité de son militantisme associatif. “Si je voulais faire bouger les choses plus haut, il fallait que je m’engage, pour faire avancer mes idées. Pour cela, j’ai choisi le PS parce qu’il s’agit du parti qui correspond le plus à mes valeurs : justice sociale, égalité, combat contre les discriminations”.

Dans les quartiers populaires, nombreux sont ceux qui ont voté François Hollande en 2012. Désormais, beaucoup de ces mêmes électeurs se montrent déçus par cette gauche. “Je les comprends, j’ai moi-même été déçue par beaucoup de choses pendant ce quinquennat socialiste”, reconnaît la jeune femme. Aujourd’hui, elle soutient Benoît Hamon, après avoir été de l’aventure d’Arnaud Montebourg au début de la primaire de la gauche. En tant qu’élue de banlieue, elle porte un regard très critique sur la politique menée sur ces territoires. “Je pense que nos représentants ne sont pas assez proches des gens et des quartiers, lâche Aïssata. On nous a bassinés avec des plans banlieue, des mesures pour ces habitants, mais la vie des gens n’a pas changé”.

 

La vie des gens des quartiers, Aïssata pense la connaître, elle. “Être élue c’est savoir écouter les gens et améliorer du mieux qu’on peut leur quotidien”, appuie-t-elle. Je ne veux pas forcément être ministre par exemple, je veux continuer à aider les gens dans leur quotidien. Si cela passe par une évolution politique, pourquoi pas”. Sylvine Thomassin, maire de Bondy, décrit Aïssata comme “quelqu’un qui aime beaucoup les gens, qui dispose d’une qualité de compréhension qui est épatante”.

 

Si en France, Aïssata Seck est très peu connue du grand public, au Sénégal, l’élue va être décorée par le Président de l’ordre national du Lion, une décoration qui représente la plus haute distinction sénégalaise. Elle fait la fierté de sa famille et de son deuxième pays. “Mes filles sont aujourd’hui en âge de comprendre ce que je fais, elles sont elles-mêmes très investies dans certaines causes militantes, souffle Aïssata. La dernière a donné tout son argent de Noël aux réfugiés syriens”. Dans la famille Seck, la détermination et la générosité se transmettent de génération en génération.

Sarah ICHOU (Libération)

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