À quoi ressembleront les écoles de demain?

Dans l’Antiquité, elle pouvait s’appeler “Maison de Vie”, et on y apprenait l’essentiel de l’écriture et des mathématiques ainsi que des notions de justice et de survie (Kryptie) notamment à Spartes. Pour consigner les cours, on utilisait les “ostraca”, supports d’écriture de fortune issus de débris de pots ou de coquillages: l’équivalent de nos chers brouillons! Comme chacun sait, on a eu recours au papyrus puis au papier. À l’heure actuelle, certains écoliers dans le monde se servent de stylos et d’autres non, comme au Maroc où on se sert plus volontiers de craies ou de marqueurs.

De tout temps, l’école s’est retrouvée au centre de l’éducation des enfants comme des futures élites, mais aussi au coeur de la vie sociale. Même si certaines écoles ont tendance à disparaître en France rurale, elles rythment encore les journées des parents et leurs vacances.

Jusqu’où vont s’opérer ces évolutions? Une nouvelle école est-elle sur le point d’émerger? Ce sont les questions qu’on va étudier ici: alors prenez votre cahier ou votre tablette, et notez bien ce qui va suivre!

Ordinateurs VS cartables

Les ordinateurs remplacent-ils les sacs et même les livres? Cette interrogation est un peu l’arbre qui cache la forêt tant il existe de disparités en termes de fournitures scolaires. Dans l’école du futur à Philadelphie, l’ordinateur est roi. Exit tout ce qui est en cuir, en papier: l’ambiance est minimale! Pointe de la technologie oblige, l’école est généreusement approvisionnée en matériel dernier cri par de nombreux sponsors. Vidéoprojecteurs, logiciels, ordinateurs portables, cartes magnétiques qui regroupent toutes les données de l’élève et qui servent en même temps de clefs pour les casiers: tout est fait pour s’affranchir de l’ancien modèle scolaire!

A contrario, les élèves allemands se voient attribuer un grand cartable carré à chaque rentrée de la part de leur établissement. Lors d’une vraie fête très appréciée outre-Rhin, ils reçoivent une “Schultüte”, à savoir une pochette surprise bien fournie en sucreries: comme quoi on peut s’amuser aussi à l’école! Au Japon, c’est cartable rouge pour les filles, cartables bleus pour les garçons. Et au Kenya, c’est téléphone portable pour tout le monde, histoire de garder une trace des leçons et des devoirs, qui l’eût cru?

Rien d’étonnant à ce que certaines formations de nos jours se gagnent lors de tombolas, pour venir en aide aux moins bien lotis. C’est d’ailleurs ce qu’a entrepris Serge Kulmicht aux côtés de la Fondation Mariposas Amarillas: grâce à des loteries solidaires, ils redonnent la chance aux enfants de Santa Marta en Colombie, de reprendre le chemin de l’école avec des livres neufs!

L’école, lieu normatif ou libérateur?

Toutes les écoles ne se valent pas, et certaines d’entre elles sont pour le moins insolites. Que l’on pense à l’école de Ninja à Portland, ou l’école des Elfes en Islande (l’Álfaskòlinn), il faut vraiment de tout pour faire un monde!

Mais à la CalArts (California Institute of the Arts) en revanche, c’est du sérieux! Si on est fan d’animaux comme en regorgent les dessins animés de Walt Disney, non seulement les élèves ont l’autorisation de ramener leur chien en plein cours, mais c’est même encouragé! Pourquoi? Car cela permet sans doute de le transformer en animation 3D directement sur place! Trêve de plaisanterie, Tim Burton qui a fait partie des élèves, s’en souvient encore, lorsqu’il y dessinait Rox et Rouky en 1981.

L’école n’a malheureusement pas toujours été aussi ludique! Dans les temps anciens, l’école en France a pu servir de lieu pour la normalisation de la pensée plutôt que pour un véritable échange de savoirs, comme en témoigne le sociologue Durkheim. Il faut rappeler que pendant longtemps, au savoir littéraire se rajoutait la doctrine religieuse, tandis que dans les pays latins, on assistait plutôt à une construction holistique de l’être, tant au niveau physique que mental. C’est pourquoi la poésie côtoyait allègrement les mathématiques, et vice-versa. Et cerise sur le gâteau, en Grèce antique, la musique était une matière primordiale et un grand tremplin de débouchés, ce qui n’est plus du tout le cas de nos jours! Il faut dire que le maître d’école nommé aussi “grammatiste”, était une institution à lui tout seul, en dispensant ses cours du haut d’un trône, pendant que les élèves se contentaient de modestes tabourets! Les temps ont bien changé, et sur certains points, on ne le regrette pas.

Les écoles du futur: réalité ou utopie?

Bien souvent, les écoles du futur comme celle de Philadelphie sont encore expérimentales, mais l’idée est d’accueillir à 100% à des élèves appartenant aux minorités et en grande précarité. Brandissant leur réussite comme un modèle exportable ailleurs que ce soit aux Etats-Unis ou à Singapour ou encore en Angleterre, ce type d’établissement modernisé réussit pour le moment à allier humanité et technologie sur fond de sponsoring. Pas sûr que tant d’efforts auraient été fournis sans le soutien de Microsoft qui tient davantage à être initiateur que financeur.

On note que ces écoles d’un nouveau genre ont tendance à vouloir révolutionner la structure traditionnelle plus que de proposer un réel changement des mentalités. Mais l’idée futuriste est séduisante et source de créativité, car elle fait la part belle à l’enseignement sur-mesure (adaptive learning) de préférence numérique. Rappelons quand même qu’en Finlande, la meilleure école est celle qui se fait en dehors des murs, et qui privilégie en quelque sorte le “self-made man” pourvu qu’il soit alimenté d’activités culturelles. Mais les formations peuvent aussi se passer dans des fablabs ou en ligne, le principal étant toujours d’avoir le choix!