Blé Goudé revient sur sa condamnation par contumace par Abidjan pour des faits de complicité de meurtre, de complicité de violences et de voies de fait.
Mesdames, Messieurs,
Le lundi 30 décembre 2019, j’ai appris par voie de presse, avec une consternation, que la justice de mon pays m’a condamné par contumace pour des faits de complicité de meurtre, de complicité de coups et blessures volontaires, de complicité de violences et de voies de fait.
Bref, des faits pour lesquels j’ai été jugé et acquitté par la Cour Pénale Internationale. Avant de recevoir la décision pour connaître les motivations des juges sur le fond, j’avais exprimé ma surprise quant à la base textuelle qui pouvait justifier mon jugement par des autorités judiciaires qui m’ont elles-mêmes remis à la Cour Pénale Internationale par un arrêt en date du 21 mars 2014, et qui n’est ignoré par personne.
Sur le fondement de mon droit à l’information, j’ai adressé un courrier au président du Tribunal de Première Instance d’Abidjan-Plateau en la personne de Monsieur CISSOKO AMOUROULAYE IBRAHIM afin que la décision soit rédigée et qu’elle me soit signifiée.
Le lundi 28 janvier 2020, mes avocats m’ont transmis une copie de l’exploit de signification, ainsi qu’une copie de la décision de condamnation par contumace.
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La justice est rendue au nom du peuple. Vous êtes les acteurs privilégiés de l’information. En attendant ma réaction et celle de mes avocats, je vous donne la primeur de cette décision pour qu’elle soit appréciée sans la moindre passion. Vous constaterez par vous-même l’état de la justice ivoirienne et l’usage qu’en font ses acteurs qui ont prêté serment afin que les citoyens ne soient pas les victimes de l’arbitraire.
Pour ma part, je note avec beaucoup d’humour que le juge a mentionné dans sa décision qu’à l’ouverture de l’audience du 30 décembre 2019, il m’a appelé à la barre et que je ne me suis pas présenté. Et comme si cette attente théâtrale ne suffisait pas, le commissaire de justice monsieur CISSÈ YAO JULES a mentionné dans son exploit ses diligences. Il a dit qu’il s’est rendu à mon domicile à Yopougon, quartier millionnaire, pour me rechercher et ne m’ayant pas trouvé audit lieu, il s’est rendu chez l’un de mes conseils pour signifier ladite décision.
Je vous prie de lire cette décision afin que chacun se rende compte de l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire par nos dirigeants. Je vous souhaite une bonne réception. Respectueuses salutations.