Dimanche dernier, Succès Masra, le Premier ministre civil de la junte militaire au Tchad, a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle du 6 mai, juste huit jours après celle du Président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno. L’ancien opposant, devenu Premier ministre après avoir signé un accord de réconciliation avec Mahamat Déby, a dévoilé son intention lors d’un meeting d’investiture à N’Djamena.

Devant des centaines de militants de son parti Les Transformateurs, Masra, docteur en sciences économiques de 40 ans, a déclaré : « Je réponds présent comme candidat à l’élection présidentielle (…) pour réparer les cœurs et réunir le peuple ». Il a également répondu aux critiques sur son ralliement à la junte en soulignant que c’était un « accord de réconciliation nationale » visant à éviter une quête de justice transformée en quête de vengeance.

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La candidature de Masra intervient dans un contexte controversé, avec l’opposition dénonçant une « candidature prétexte » visant à donner un semblant de pluralité à un scrutin qu’elle estime déjà gagné d’avance par Mahamat Déby. Masra a de plus répondu aux suspicions selon lesquelles il aurait négocié de rester Premier ministre après l’élection en affirmant : « Je suis candidat pour être le pilote principal de l’avion, mais vous devrez choisir la combinaison gagnante que vous voulez, qui doit être pilote et qui doit être copilote ».

Masra, ancien haut fonctionnaire de la Banque africaine de développement, avait fondé Les Transformateurs en 2018, se positionnant comme l’un des principaux opposants au maréchal Idriss Déby Itno. Son parcours politique avait été marqué par des manifestations interdites ou réprimées, et il avait fui le pays après les événements d’octobre 2022, avant de revenir en novembre après avoir signé un accord de réconciliation avec la junte.

La candidature de Masra est perçue par certains comme une tentative de légitimer l’élection du général Déby et suscite des critiques au sein de l’opposition. Les politologues estiment qu’il s’agit d’une « candidature prétexte » dans un contexte où la démocratie est questionnée au Tchad, marqué par la mort de l’opposant Yaya Dillo Djérou et des accusations d’assassinat politique.