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SENEGAL : Plus d’un demi-siècle de règne de la manipulation (Par Dame MBODJI)



En décembre 1962, après avoir trahi la résolution du Congrès de Cotonou, puis fait éclater la Fédération du Mali, Léopold Sédar Senghor, s’appuyant sur les Forces françaises du Cap-Vert, opérait un coup d’Etat pour évincer Mamadou Dia, le président du Conseil d’alors, s’emparer de l’exécutif, concentrant dès lors tous les pouvoirs entre ses mains à la désapprobation générale de tous les nationalistes africains et de tous les militants du Tiers-monde. Comme compliment, il ne reçut de son mentor et commanditaire, Charles De Gaulle, grand commis du capitalisme français et inventeur de la Françafrique, que ce commentaire bourru : «Je ne pensais pas que tu allais te débarrasser de lui aussi facilement.» (De Gaulle, 1965, Le Seuil, Jean Lacouture).

Dix-huit ans plus tard, le même Léopold Sédar Senghor quittait le pouvoir après avoir mené le pays à la ruine et tripatouillé la Constitution pour y insérer le fameux article 35 qui lui permettait de léguer le pouvoir à son Premier ministre Abdou Diouf le 1er Janvier 1981, deux ans avant les élections présidentielles de 1983 afin que celui-ci, cornaqué par Jean Collin, le représentant résident de la Françafrique siégeant dans le gouvernement du Sénégal, puisse mettre la main sur les rouages de l’Etat aux fins de perpétuer la mise en coupe réglée du pays désormais sous les fourches caudines du Fmi et de la Banque mondiale par le capital français. Ce fut la période sombre des politiques d’ajustements structurels qui consacrèrent le démantèlement du tissu industriel sénégalais et le licenciement de milliers de travailleurs.

Vingt ans après, Abdoulaye Wade, figure de proue de l’opposition, accédait au pouvoir après avoir passé un an en France à faire du lobbying, coaché par Alain Madelin, personnalité de l’extrême droite française, pour obtenir la neutralité des lobbies de la Françafrique dans l’élection présidentielle de 2000 contre la garantie qu’aucun de leurs intérêts dans le pays ne serait menacé dans le cas de son accession au pouvoir. On connait la suite : Après la défaite actée dans les urnes du Parti socialiste, la France étouffait dans l’œuf les velléités de putsch électoral de la nomenklatura du parti de Senghor et imposait à Abdou Diouf d’appeler Abdoulaye Wade pour le féliciter contre la promesse de son recyclage à la tête de l’Oif, l’officine émergée du dispositif politique de domination des pays d’Afrique subsaharienne.

Le régime issu de la première alternance démocratique ne vécut que douze années au bout desquelles, Abdoulaye Wade, ayant renié sa parole et trahi les engagements pris vis-à-vis de la Françafrique (concession du terminal à conteneurs de Dakar à Dubai Port World, évacuation des bases militaires françaises au Sénégal, etc), est évincé du pouvoir et remplacé par Macky Sall, un de ses anciens Premiers ministres, coopté par les lobbies et adoubé par Bongo, grand maître de la Françafrique, en sa baronnie du Gabon, après avoir été vilipendé et trainé dans la boue par son ancien mentor pour avoir, sous l’instigation de ses nouveaux maîtres, osé vouloir auditer la gestion de Karim Wade, ministre omnipotent du Ciel et de la Terre et fils de sa majesté Abdoulaye Wade 1er. Par un tour de prestidigitation dont seuls ils ont le secret, les stratèges de la Françafrique firent casser Benno Sigguil Sénégal, en pôle position, par un de leurs affidés éliminés lors des primaires de ce front unitaire de l’opposition, pour baliser la voie à Macky Sall, leur second fer au feu.

De cette façon, Abdoulaye Wade fut dégagé de la station présidentielle, après avoir échoué à organiser une dévolution monarchique du pouvoir au profit de son fils et subséquemment instrumentalisé un Conseil constitutionnel acquis à sa cause pour s’emménager la possibilité de se présenter à un troisième mandat en dépit des dispositions claires de la Constitution de 2001 qu’il avait conçue lui-même. Au second tour, les Sénégalais élirent Macky Sall son challenger, candidat du peuple par défaut, à la magistrature suprême avec plus de 65 % des suffrages valablement exprimés, lors d’un scrutin caractérisé par aucun report de voix sur le candidat sortant. Congédié par son peuple excédé par sa duplicité, son népotisme, ses multiples reniements et le meurtre d’une bonne douzaine de patriotes sénégalais, dont le seul tort avait été de réclamer la démocratie, Abdoulaye Wade dut céder le pouvoir sous la menace explicite de la France de le déloger du palais en cas de coup de force électoral.

Ainsi le Sénégal accéda à sa deuxième alternance par la volonté du peuple certes, mais avec un président choisi et installé toujours par l’ancienne puissance coloniale. Le premier acte majeur posé par le président nouvellement élu fut d’aller s’agenouiller devant Nicolas Sarkozy son suzerain. Dans la foulée, il rendit au pays de Marianne tous les avantages que son devancier lui avait enlevés et ouvrit grandes les frontières du pays pour le retour des bases françaises. Estimant sans doute que ces actes étaient peu de chose au regard de ce bienfaiteur qui l’avait extirpé de la roche tarpéienne pour le porter au pinacle, il nomma un employé de la Bnp Paribas comme ministre des Finances avec comme mission d’élaborer un plan économique plus en adéquation avec les intérêts de la France que le programme Yonou Yokkuté sur lequel il avait été élu.

Sans désemparer et toujours sous la houlette de son mentor métropolitain, il entreprit de faire payer sa «félonie» à celui qui avait osé porter atteinte à la souveraineté ininterrompue depuis Dékhelé, de la France sur le Sénégal et les sénégalais. Ne pouvant atteindre directement son prédécesseur, il déterra la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) pour mettre le fils Karim Wade en prison, saisir tous les biens au Sénégal de l’ancien président et user de cette menace comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de tous les barons de l’ancien régime plus ou moins impliqués et repentants devant le banni d’hier. Ils ont tous fait amende déshonorante pour se transformer en thuriféraires zélés de celui qui détient leur sort entre ses mains, dans leur conception étriquée de l’existence.

Le «Protocole de Rebeuss»

Quant au président Wade, incapable de se départir de son idée fixe consistant à voir un jour son fils à la tête du Sénégal, il dut, après des rodomontades sans lendemain, aller à Canossa, pour demander pardon aux puissances tutélaires de la Françafrique qu’il avait défiées. Le résultat fut le «Protocole de Rebeuss» par lequel le président Wade s’engageait à œuvrer désormais pour la consolidation du régime de son successeur contre la grâce, la libération, puis l’exil de son fils au Qatar, la restitution de ses biens sous séquestre et, après l’échéance de 2019, l’amnistie du prince héritier pour que ce dernier puisse se présenter à l’élection présidentielle de 2024. Aujourd’hui, Abdoulaye Wade se retrouve simple pion dans un jeu qui le dépasse et d’où il essaie de tirer son épingle face à des adversaires qui peuvent l’anéantir à tout moment et à qui il est obligé de donner des gages de loyauté à chaque instant.

C’est ainsi que pendant les législatives de 2017, il prit sur lui de torpiller la dynamique unitaire de l’opposition en exigeant, à quelques encablures du scrutin, que Omar Sarr fût désigné tête de la liste nationale alors qu’il sait pertinemment que ce dernier n’a pas l’envergure requise pour diriger une telle coalition. La preuve, la coalition ayant volé en éclats, il choisît de diriger lui-même la liste du Pds, avant de se retirer après avoir fait mine de contester ces élections les plus chaotiques de l’histoire politique du Sénégal. Tout le monde se souvient de sa dérobade lors de ces mêmes joutes électorales quand, après avoir chauffé le pays pendant des semaines avec son projet de marche sur le palais, la montagne accoucha d’une souris.

Pour l’élection présidentielle du 24 février prochain, il recommence le même manège en essayant de mettre dans la tête de l’électeur sénégalais qu’avec l’invalidation des candidatures de Karim Wade et de Khalifa Sall, l’élection est courue d’avance et que Macky Sall, dont il rêve que son fils sera le successeur en 2024, passera dès le premier tour, vu l’insignifiance de ses challengers qu’il essaie de faire passer pour du menu fretin. Las ! Les Sénégalais qui, dans le calme et la dignité, l’ont

chassé de la magistrature suprême sans coup férir, n’ont besoin d’aucun directeur de conscience pour trancher. Les messages subliminaux comme les enveloppes bourrées d’argent n’y pourront rien et, une fois dans l’isoloir, chaque citoyen opérera son choix en âme et conscience!

Mais là où la récente déclaration de l’ancien président suscite le plus un sentiment de pitié face à la décrépitude d’une intelligence naguère brillante, tellement la ficelle est grosse, c’est quand il appelle à boycotter le scrutin ou à brûler les cartes d’électeurs, sachant que tous ceux qui y répondront, seront autant de voix enlevées à l’opposition pour le grand bien du rêve de Macky Sall d’être réélu au premier tour. C’est proprement manquer de respect aux Sénégalais et insulter leur sagacité que de penser un seul instant, qu’il est possible de les empêcher de voter en les conviant à un sabotage du scrutin au nom de son fils, bien au chaud à Doha, après avoir moult fois annoncé sa venue prochaine en ce pays, dont il n’ose pas fouler le sol avant la fin de la présente élection !

Qui enfin le grand maitre pense-t-il pouvoir rouler dans la farine avec sa brouille artificielle avec Madické Niang, son homme de confiance depuis toujours ? Curieusement, Madické Niang que l’on prétend fâcher à mort avec le Pape du Sopi est toujours membre du Pds, même s’il n’est plus au Comité directeur, ni député, ni, à fortiori, président du groupe parlementaire libéral à l’Assemblée nationale. Alors de qui se moque-t-on ? Aujourd’hui, l’unique témoin de la signature du protocole de Rebeuss bat campagne sous les couleurs du parti, supporté pour l’essentiel par les militants qui n’ont nullement renié leur appartenance au Pds. Pourquoi se cacher que Madické est le Plan B ? La réponse coule de source : On ne veut pas que l’on subodore que Madické Niang est le plan B de Macky Sall qui, à défaut d’oser se proclamer élu au soir du 24 février, en ferait son challenger au second tour pour rester au pouvoir.

A n’en pas douter, Madické Niang est, cette fois-ci encore, comme depuis qu’il a rencontré Abdoulaye Wade, en service commandé. La mission du dépositaire du «Protocole de Rebeus» est triple dans la conjoncture : D’abord, participer à la réélection frauduleuse de Macky Sall pour empêcher l’émergence à la tête de l’Etat d’une autre personnalité à même de sonner le glas des ambitions présidentielles que Wade-père nourrit pour Wade-fils, ensuite, priver Idrissa Seck d’un vote massif des populations de Touba et, enfin, déboussoler les derniers mohicans de la direction du parti pouvant faire de l’ombre à Wade-fils lors du renouvellement de l’appareil de mobilisation en perspective des échéances de 2024 où l’actuel locataire du palais de la République ne saurait être candidat à moins d’un tripatouillage de la constitution qu’il a lui-même promulguée.

Lubie obsessionnelle

Et pour faire aboutir sa lubie obsessionnelle d’installer son fils à la tête de notre pays, Me Wade ne recule devant rien. En effet, son appel au seul Ousmane Sonko lors du laïus incendiaire qu’il a prononcé dès qu’il a foulé le sol sénégalais n’est rien de moins qu’une tentative de liquidation. En le priant de venir participer à ses côtés au sabotage violent du scrutin alors qu’il sait que lui-même n’en fera rien – et Ousmane Sonko va s’en rendre compte très vite – il essaie de le désigner comme fauteur de troubles en prévision des tensions postélectorales inévitables avec le projet de hold-up du camp au pouvoir. En désignant Ousmane Sonko comme futur pensionnaire de Rebeuss, il indique à Macky Sall, son allier objectif, la voie à suivre dès après l’élection. Tout ceci pour écarter Ousmane Sonko qu’il sait être le candidat le plus à même de ruiner ses plans sur la comète de 2024, par sa jeunesse, sa probité et son patriotisme, toutes choses que son fils n’a pas.

Le moins que l’on puisse dire est qu’on en a assez de ces manipulations sordides pour installer à la tête du pays des pouvoiristes avides d’or et de bling bling, sans foi ni loi, prêts à enjuguer le pays de leurs pères aux intérêts étrangers pour satisfaire leur boulimie de paraitre ! Aujourd’hui, le Sénégal a besoin de se laver à grande eau, non seulement du siècle de viol qu’a été la colonisation, mais aussi de toute la souillure des régimes fantoches qui, depuis «l’indépendance», se sont succédé à sa tête. Il est plus que temps que prenne fin le théâtre de ces marionnettes de l’histoire afin que la politique cesse d’être dans notre pays cette foire aux mensonges en laquelle les véreux qui l’ont prise en otage veulent la circonscrire pour devenir ce qu’elle est réellement : le sacerdoce au service de sa cité !

La politique est une affaire trop sérieuse pour être durablement abandonnée aux mains des injustes. La politique, c’est la défense du droit à l’emploi, à des salaires décents et garantis, à un système éducatif performant, le droit à la vie pour les paysans sénégalais livrés à eux-mêmes et confinés dans une existence digne du néolithique, le droit à un service de santé de qualité accessible pour tous. Mais c’est aussi le droit de notre peuple à choisir librement ses dirigeants à travers des élections libres et démocratiques. C’est enfin, entre autres choses, le droit au respect de notre souveraineté nationale par les puissances de la communauté internationale et au retrait des troupes étrangères stationnées sur notre territoire.

Aujourd’hui, il s’agit de circonscrire le cercle des vertueux parmi les candidats à l’élection présidentielle et d’en choisir le plus compétent pour présider aux destinées de notre nation pour ne serait-ce qu’offrir en toute circonstance, le bon exemple aux administrés. Car jamais des gens qui se vautrent dans la fange de la corruption, du népotisme, du reniement, du détournement des biens publics ne mèneront un pays vers un développement durable. Le temps est venu de déboulonner ce système de gouvernance inique qui concentre tous les pouvoirs entre les mains d’un homme, inauguré par Léopold Sédar Senghor au lendemain de son coup d’Etat contre Mamadou Dia. Chaque Sénégalais en âge de voter sera comptable de ce qui adviendra demain de ce pays ; alors, que chacun prenne ses responsabilités !

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