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Se prostituer, ce n’est pas seulement écarter les cuisses



Je n’ai jamais eu une vision misérabiliste de la prostitution et c’est pendant mes études d’infirmière que j’ai commencé à m’y intéresser. Parce que, à un moment, vous vous dites: je suis obligée de travailler pour gagner ma vie et il n’y a pas de raison de s’interdire de le faire de cette manière.

Manon a 26 ans, elle se prostitue depuis cinq ans à Toulouse et dans sa région. Désormais porte-parole du Strass (Syndicat du travail sexuel), elle s’oppose à la proposition de loi débattue à l’Assemblée nationale à partir du mercredi 27 novembre qui entend pénaliser le client des prostitué(e)s.

Je n’ai jamais eu une vision misérabiliste de la prostitution et c’est pendant mes études d’infirmière que j’ai commencé à m’y intéresser. Parce que, à un moment, vous vous dites: je suis obligée de travailler pour gagner ma vie et il n’y a pas de raison de s’interdire de le faire de cette manière. Au début, j’ai regardé ça de loin puis finalement, à 21 ans, je me suis décidée à poster une annonce sur un site d’escort. C’était avant la fin de l’année scolaire.

J’ai eu des réponses assez rapidement mais je voulais me laisser le temps de choisir mon premier client. Je voulais quelqu’un que je “sente” au téléphone. Entre temps les vacances se sont passées et finalement j’ai rencontré un homme dans un hôtel pour une heure, une heure et demie. Il devait avoir la quarantaine. J’ai gagné 200 euros.

Quand vous débutez, comme dans n’importe quel métier, vous vous dites que la prochaine fois sera mieux. Je pense aux questions de sécurité, aux sujets qu’il faut ou non aborder ou à des choses très pratiques comme savoir faire des massages. Ce sont des choses que l’on apprend au fur et à mesure. Je me souviens que la première fois, j’ai trouvé dommage de ne pas avoir pu parler avec mon client, de ne pas avoir pu le découvrir. Maintenant j’essaie d’aller boire un verre avec eux avant. Mais pas souvent dans des endroits luxueux. Je n’ai jamais eu une vision de ce métier à la Pretty woman, donc avoir des rendez-vous au Formule 1 ou à l’Etap’ Hotel ne m’a jamais dérangé. Après je ne crache pas sur une belle chambre et une grande baignoire mais je me fous que mon client ait plein de thunes ou qu’il n’en ait pas. Le principal, c’est que je me sente en sécurité. C’est pourquoi, il m’est arrivé plusieurs fois d’aller au domicile du client. Mais je ne l’ai jamais fait chez moi.

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