Le Sahara Occidental constitue la cause principale de la crise diplomatique actuelle entre le Maroc et l’Espagne. L’accueil, en avril dernier, du chef du Front Polisario, sahraoui, Brahim Ghali, n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le vase. En effet, le gouvernement ibérique garde une bonne relation avec l’Algérie, qui est le véritable soutien au Front du Polisario.
Contrairement au Maroc, les relations algéro-espagnoles ne sont pas tendues par un différend territorial direct, même s’il y a toutefois eu des divergences sur l’approche du conflit du Sahara Occidental. Ce territoire est revendiqué à la fois par le Maroc et par la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par le Front Polisario en 1976. Celui-ci est un mouvement dont l’objectif est l’indépendance totale du Sahara Occidental, revendication soutenue par l’Algérie.
D’après un rapport du renseignement militaire espagnol, adressé en juin 2018 à Pedro Sánchez dès sa prise de pouvoir, le Maroc accorde un intérêt particulier à la question du Sahara, « un territoire qu’il revendique comme une province et une affaire qu’il considère comme casus belli ». Autrement dit, toute opposition contraire à celle du Maroc sur cette question donne lieu à des représailles de la part de ce dernier, fait observer Challenge qui rappelle, à titre d’exemple, le différend entre l’Allemagne et le Maroc, qui a précédé celui en cours avec l’Espagne.
« La question du Sahara […] est le nœud gordien du scénario Maghreb 2040. Une question gelée qui empêche le rapprochement entre les deux puissances, le Maroc et l’Algérie, et freine le développement d’initiatives crédibles », analyse le colonel Fernando Caballero Echevarría, auteur de ce rapport de 20 pages intitulé Maghreb Security Scenario 2040. L’expert ajoute que le Sahara est un « problème pour lequel il n’y a aucune solution en vue pour les deux prochaines décennies ».
Cependant, rien n’est étrange dans cette crise hispano-marocaine, puisque de nombreuses analyses avaient déjà alerté sur le risque de détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays voisins, à cause de la position du gouvernement ibérique sur le Sahara. Selon OKDario, un autre rapport de 2011 du ministère espagnol de la Défense, indiquait que « le risque sur Ceuta et Melilla est permanent. S’il n’est pas géré correctement depuis le niveau politique, il risque de dégénérer en guerre et conflit ».