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Qui fut le président John Magufuli ?

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John Magufuli, le président de la République unie de Tanzanie est mort ce mercredi 17 mars 2021 suite à des problèmes cardiaques. Celui-là, que l’on surnommait le « Bulldozer » est un homme d’Etat tanzanien.  Né le 29 octobre 1959, John Pombe Magufuli est passé de vie à trépas à l’âge de 61. Plusieurs fois ministre, il accédera au fauteuil présidentiel le 5 novembre 2015. Méconnu de la scène continentale et internationale, qui fut John Magufuli, le président qui minimisait l’existence du Covid-19 ?

Parcours politique : débuts et ascension

Le bulldozer

Partisan du Chama Cha Mapinduzi (CCM), premier parti de Tanzanie, il dirige successivement différents ministères, à savoir celui de l’élevage et la pêche, les terres, le logement et les travaux publics entre 2010 et 2015. Il tire de cette période son surnom de « Tingatinga » (le « bulldozer » en swahili) pour son engagement dans la construction de nouvelles routes.

Président de la République

À 56 ans, il est désigné candidat à la présidentielle à la suite d’une élection primaire comptant 38 candidats. Le 29 octobre 2015, il est élu cinquième président de la République, succédant ainsi à Jakaya Kikwete.

Il est élu sur un programme de « reconquête de la souveraineté économique face aux institutions financières internationales », selon l’universitaire et politologue Rwekaza Mukandala.

 

Politique économique et lutte contre la corruption

Dès le lendemain de son investiture, John Magufuli entame un vaste plan de réduction des dépenses publiques. Afin de montrer l’exemple, il réduit également son salaire, devenant de ce fait l’un des chefs d’État africains à la rémunération la moins élevée. Il est également à l’origine d’une action pour réduire le budget des événements et des déplacements officiels en limitant le nombre de membres composant les délégations, ou encore de la suppression des indemnités de séance des députés et de l’annulation de la fête nationale.

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Son mandat se caractérise essentiellement par une lutte énergique contre la corruption. D’importantes sommes qui s’évaporaient auparavant dans la fraude fiscale sont désormais investies dans l’éducation et la lutte contre la pauvreté.

La pays a amendé les lois régissant l’attribution des contrats d’exploitation minière, se donnant le droit de les renégocier ou de les rompre en cas de fraude avérée. La nouvelle législation supprime par ailleurs le droit des sociétés minières à recourir à un arbitrage international. Le contentieux fiscal avec l’Acacia Mining, accusée d’avoir sensiblement sous-évalué durant des années sa production d’or, s’est finalement soldé par un accord : la Tanzanie obtient 16 % des parts dans les mines détenues par la multinationale. En revanche, cette politique de lutte anti-corruption a aussi « effrayé les investisseurs, qui craignent désormais d’avoir affaire à la justice tanzanienne, et affaibli la croissance », selon Zitto Kabwe, l’un des responsables du parti d’opposition Chadema.

Porté par l’une des plus fortes croissances économiques du continent (5,8 % en 2018 et 6 % estimés pour 2019 selon le FMI), le gouvernement tanzanien s’engage dans un vaste programme de développement des infrastructures, en particulier ferroviaires. Le petit port de pêche de Bagamoyo, auquel 10 milliards de dollars d’investissement ont été attribués, devrait devenir le plus grand port d’Afrique en 2030. La Tanzanie tend à se rapprocher de la Chine, qui promet de soutenir des projets économiques. En réaction à cette nouvelle orientation diplomatique et au manquement à la démocratie, les États-Unis suspendent leur participation au Millennium Challenge Account, un fonds de développement bilatéral.

À partir de 2016, les autorités intensifient leurs efforts en matière de protection des espèces menacées. Les populations d’éléphants et de rhinocéros sont depuis en augmentation.

 

Tournant autoritaire

En 2015, le gouvernement adopte une nouvelle loi anti-cybercriminalité pour encadrer les nouvelles formes de criminalité pour le web. Néanmoins l’application de la loi menace la liberté d’expression des citoyens, arrêtés et jugés pour « insulte au président » sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée.

Depuis 2016, le pouvoir en place met en place une forte régulation de l’information : six chaînes de télévision, 21 stations de radios et plusieurs journaux auraient ainsi été suspendus pour avoir critiqué la nouvelle administration.

Le 26 mars 2018, six membres du Chama Cha Demokrasia Na Maendeleo (Chadema), le principal parti d’opposition, dont le président du parti Freeman Mbowe sont arrêtés et inculpés pour « appel à la haine » à la suite d’une manifestation le 16 février.

En septembre 2018, John Magufuli déclare que ceux qui utilisent de la contraception sont trop lâches pour alimenter une grande famille. Il encourage ainsi la population à ignorer les conseils sur la contraception, estimant qu’ils viennent souvent des étrangers avec des motifs jugés malfaisants. La déclaration a fait l’objet de critiques, entre autres d’Amnesty International.

 

 

Indifférence face à la pandémie du Covid-19

Le président tanzanien John Magufuli est le premier président qui n’a pas cru à l’état d’urgence du Corona virus. « Coronasceptique », il estime que la Tanzanie est préservée de la pandémie de Covid-19. Il déclare notamment : « Le virus a été totalement éliminé par Dieu grâce aux prières des Tanzaniens ». Il demande aux forces de sécurité de tester à l’aveugle les kits de test PCR du coronavirus avec des prélèvements sur des chèvres, papayes, moutons et huile moteur. Selon lui, tous ces tests se révèlent positifs à la Covid-19.

À l’approche des élections présidentielle et législatives de 2020, les chiffres sur le nombre de personnes contaminées ne sont plus communiqués, tandis que les médias se contentent de relayer la communication gouvernementale. Un journaliste et un média ayant publié des informations au sujet de la pandémie sont poursuivis, alors que la Tanzanie est passée, dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, de la 75e place en 2015 à la 124e en 2020.

La mort du président tanzanien marquant la fin de son règne

Mystérieusement disparu de la scène publique en fin février. Le président tanzanien John Magufuli, alias « le Bulldozzer », est officiellement décédé mercredi de problèmes cardiaques, après plus de cinq années à la tête de cet Etat d’Afrique de l’Est et une inquiétante dérive autoritaire selon ses critiques.

La vice-présidente, Samia Suluhu, annonce à la télévision tanzanienne le même jour :  « John Magufuli, âgé de 61 ans, est mort des suites de problèmes cardiaques à l’hôpital Emilio Mzena de Dar es Salam, où il était soigné. »

L’annonce de la mort de Magufuli va redessiner la politique tanzanienne. Ayant dominé la scène politique depuis son élection, il laisse un vide politique. Cela va entraîner une incertitude et tous les yeux seront tournés vers la politique interne du CCM pour savoir quels accords ont été scellés au sein du parti présidentiel quant à l’équilibre des pouvoirs après la transition.

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