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Qui est réellement Ulysses S. Grant



Ulysses S. Grant, né Hiram Ulysses Grant le  à Point Pleasant et mort le  à Wilton, est un homme d’État américain, 18e président des États-Unis. Après une brillante carrière militaire au cours de laquelle il commanda les armées nordistes durant la guerre de Sécession, il fut élu président en 1868. Sa présidence fut marquée par ses tentatives visant à intégrer davantage les anciens États confédérés dans l’Union, à éliminer les vestiges du nationalisme sudiste et à protéger les droits des Afro-Américains. La fin de son mandat fut néanmoins ternie par les dissensions du Parti républicain, la panique bancaire de 1873 et la corruption de son administration.

Né dans l’Ohio, Grant s’orienta rapidement vers une carrière militaire et il fut diplômé de l’académie militaire de West Point en 1843. Il participa à la guerre américano-mexicaine de 1846-1848 et au début de la guerre de Sécession en 1861, il rejoignit l’armée de l’Union. L’année suivante, il fut promu major-général et son commandement victorieux à la bataille de Shiloh lui valut une réputation de commandant agressif. En , il s’empara de Vicksburg et le contrôle nordiste du Mississippi coupa la Confédération en deux. Après la bataille de Chattanooga en , le président Abraham Lincoln le promut lieutenant-général avec autorité sur toutes les armées de l’Union. En 1864, il coordonna une série de sanglantes batailles (Overland Campaign) qui permirent d’isoler le général sudiste Robert E. Lee à Petersburg. Après la prise de la capitale sudiste de Richmond, la Confédération s’effondra et Lee se rendit à Appomattox en .

 

Première carrière militaire[modifier | modifier le code]

Après la fin de ses études, Grant fut affecté en  aux Jefferson Barracks près de Saint-Louis dans le Missouri15. Il s’agissait du plus grand camp militaire dans l’Ouest et il était commandé par le colonel Stephen W. Kearny. Grant s’entendait bien avec son commandant mais il envisageait toujours de quitter l’armée pour mener une carrière dans l’enseignement16. Il profita de ses permissions pour rendre visite à la famille de son ancien camarade de West Point, Frederick Dent, dans le Missouri et se rapprocha de sa sœur, Julia ; ils se fiancèrent secrètement en 184416.

Esquisse D'Un Jeune Homme Aux Cheveux Mi-Longs En Uniforme Militaire

Portrait de Grant vers 1843

Les tensions entre les États-Unis et le Mexique concernant le Texas s’accrurent en 1845 et l’unité de Grant fut redéployée en Louisiane au sein de l’armée d’Observation du major-général Zachary Taylor17. Lorsque la guerre américano-mexicaine éclata en 1846, l’armée américaine envahit le Mexique. Mécontent de ses responsabilités de quartier-maître, Grant rejoignit le front et participa à la bataille du Resaca de la Palma18. En , il démontra ses talents de cavalier à la bataille de Monterrey en portant une dépêche à travers la ville sous les tirs ennemis19,20. Le président américain James K. Polk, inquiet de la popularité grandissante de Taylor, divisa l’armée et affecta quelques unités dont celles de Grant à une nouvelle armée commandée par le major-général Winfield Scott21. Cette armée débarqua à Veracruz au printemps 1847 et avança vers la capitale Mexico. À Chapultepec, Grant déploya un obusier dans le clocher d’une église pour bombarder les troupes mexicaines22. L’armée américaine entra dans Mexico quelques jours plus tard en  et les Mexicains demandèrent une trêve peu après.

Dans ses mémoires, Grant écrivit qu’il apprit beaucoup du commandement en observant ses supérieurs et s’identifia rétrospectivement au style de Taylor. À l’époque, il considérait néanmoins que la guerre avait été injuste et estimait que les gains territoriaux américains étaient destinés à étendre l’esclavage vers l’ouest ; en 1883, il écrivit : « J’étais farouchement opposé au projet et, jusqu’à ce jour, je considère la guerre comme l’une des plus injustes jamais menées par une nation puissante contre une faible ». Il estima également que la guerre de Sécession fut la punition de l’agression américaine du Mexique23.

Le , Grant et Julia se marièrent après quatre ans de fiançailles24. Ils eurent quatre enfants : Frederick (1850-1912), Ulysses Jr. (« Buck ») (1852-1929), Ellen (« Nellie ») (1855-1922) et Jesse (1858-1934)25. Grant fut affecté à diverses unités dans les six années qui suivirent. Ses premières affectations après la guerre furent à Détroit dans le Michigan et à Sackets Harbor dans l’État de New York, une assignation qui plut particulièrement au couple26. Au printemps 1852, il se rendit à Washington, pour demander sans succès au Congrès d’annuler un décret exigeant, qu’en tant que quartier-maître, il rembourse 1 000 dollars (environ 30 700 $ de 201227) d’équipements perdus pour lesquelles il ne portait aucune responsabilité personnelle28. Il fut envoyé en 1852 à Fort Vancouver dans le territoire de l’Oregon à l’apogée de la ruée vers l’or en Californie. Julia ne pouvait pas l’accompagner car elle était enceinte de huit mois avec leur second enfant29. Le trajet maritime jusqu’en Californie fut compliqué par les difficultés logistiques et une épidémie de choléra lors de la traversée terrestre de l’isthme de Panama. Grant mit en application ses talents organisationnels pour créer des dispensaires improvisés30.

Pour compléter sa solde militaire, insuffisante pour soutenir sa famille, Grant se lança sans succès dans plusieurs activités commerciales et fut à une occasion escroqué par un partenaire31. L’échec de ces entreprises confirma l’opinion de Jesse Grant selon laquelle son fils n’avait pas d’avenir dans ce secteur d’activité et cela détériora les relations entre les deux hommes32. Grant devint de plus en plus déprimé par les ennuis financier et la séparation d’avec sa famille, et il commença à circuler qu’il s’était mis à boire avec excès32.

À l’été 1853, Grant fut promu capitaine, l’un des cinquante en service actif, et fut assigné au commandement de la compagnie F du 4e régiment d’infanterie à Fort Humboldt près d’Eureka sur la côte californienne. Le commandant du fort, le lieutenant-colonel breveté Robert C. Buchanan, un strict adepte de la discipline, fut informé que Grant se soûlait à la table des officiers en dehors du service ; pour éviter un procès en cour martiale, il lui proposa de quitter l’armée. Grant accepta et il démissionna le . Le département de la Guerre indiqua sur ses documents que « rien ne nuit à son honorable nom33 ». Les rumeurs continuèrent néanmoins à circuler sur son intempérance. Selon son biographe William S. McFeely, les historiens s’accordent sur le fait que son alcoolisme était à l’époque une réalité même s’il n’y avait aucun témoignage oculaire34. Des années plus tard, Grant écrivit que « le vice de l’intempérance n’a pas joué qu’un petit rôle dans [sa] décision de démissionner35,36 ». Son père, qui continuait de croire en sa carrière militaire, essaya sans succès de convaincre le secrétaire à la Guerre, Jefferson Davis, d’annuler sa démission37.

Vie civile[modifier | modifier le code]

Photographie D'Une Cabane En Rondins Entourée D'Herbes Hautes

« Hardscrabble », la maison que Grant construisit pour sa famille dans le Missouri.

À 32 ans et sans vocation dans le civil, Grant connut plusieurs années financièrement difficiles. Son père lui offrit un poste à Galena dans l’Illinois dans une des succursales de son entreprise de tannerie à condition que Julia et ses enfants restent avec ses parents dans le Missouri ou dans la famille Grant dans le Kentucky. Le couple s’opposa à toute séparation et refusa la proposition38. En 1854, Grant s’installa en tant qu’agriculteur sur la propriété de son beau-frère près de Saint-Louis en utilisant les esclaves du père de Julia mais l’exploitation périclita rapidement38. Deux années plus tard, Grant et sa famille s’installèrent sur la ferme de son beau-père et il construisit une cabane en rondins rustique surnommée Hardscrabble (« Misérable ») que Julia détesta38. Durant cette période, il acheta au père de son épouse un esclave, William Jones, âgé de 35 ans39. N’ayant toujours pas rencontré le succès en agriculture, le couple quitta la ferme après la naissance de son quatrième et dernier enfant en 1858 ; Grant affranchit son esclave en 1859 au lieu de le revendre à une époque où il aurait pu en tirer un bon prix alors qu’il avait désespérément besoin d’argent39. L’année suivante, la famille acheta une petite maison à Saint-Louis et Grant travailla sans grand succès en tant que collecteur des impôts avec un cousin de Julia40. En 1860, Jesse lui offrit à nouveau un poste dans sa succursale de Galena mais sans conditions et il accepta. Le magasin appelé « Grant & Perkins » vendait des harnais, des selles et d’autres produits en cuir fabriqués avec des peaux achetées localement41.

Photographie De Profil D'Une Femme Avec Un Chignon

Julia Grant

Grant ne s’était jamais vraiment intéressé à la politique avant la guerre de Sécession42. Son père était un whig abolitionniste43 tandis que son beau-père était un membre influent du parti démocrate dans le Missouri44. En 1856, il vota pour le candidat démocrate James Buchanan plus par opposition au candidat républicain, John C. Frémont, que par véritable enthousiasme42. À l’élection suivante, il préféra le candidat démocrate Stephen A. Douglas au républicain Abraham Lincoln et ce dernier au candidat démocrate dans le Sud, John C. Breckinridge. Durant la guerre, il se rapprocha des républicains radicaux et épousa complètement leur gestion agressive du conflit et leur volonté de mettre un terme à l’esclavage45.

Guerre de Sécession[modifier | modifier le code]

La guerre de Sécession éclata le  avec l’attaque confédérée de Fort Sumter à Charleston en Caroline du Sud. Deux jours plus tard, Lincoln ordonna le recrutement de 75 000 volontaires. Étant le seul militaire professionnel de la région, Grant fut sollicité pour présider un rassemblement à cet effet à Galena. Il participa au recrutement d’une compagnie de volontaires et l’accompagna à la capitale Springfield. Le gouverneur de l’Illinois Richard Yates, Sr. lui offrit un poste de recruteur qu’il accepta même s’il aurait préféré une fonction de commandement. Il contacta sans succès plusieurs officiers en ce sens dont le major-général George B. McClellan. Dans le même temps, Grant continua à servir dans les camps d’entraînement et fit une forte impression sur les recrues. Avec le soutien du représentant Elihu B. Washburne de l’Illinois, il fut promu colonel par le gouverneur Yates le  et affecté au 21e régiment d’infanterie volontaire de l’Illinois. Transféré dans le Nord du Missouri, Grant fut nommé brigadier-général par Lincoln à nouveau avec le soutien de Washburne46. À la fin du mois d’août, le major-général John C. Frémont affecta Grant au district de Cairo dans le sud de l’Illinois. Il recouvra son énergie et sa confiance au début du conflit47,48 et se rappela par la suite avec une grande satisfaction qu’après le premier rassemblement de recrutement à Galena : « je ne suis plus jamais retourné dans la tannerie…49 ». Il se montre favorable à une stratégie agressive pour gagner la guerre, consistant à infliger des pertes humaines massives à l’armée sudiste50.

Fort Henry et Fort Donelson[modifier | modifier le code]

220Px Fort Henry Campaign

Campagne de Grant au début de l’année 1862 avec les batailles de Fort Belmont, de Fort Henry, de Fort Donelson et de Shiloh

Les troupes de Grant furent engagées pour la première fois non loin de Cairo à proximité du confluent stratégique de l’Ohio, de la Cumberland, du Tennessee et du Mississippi51. L’armée confédérée du major-général Leonidas Polk était stationnée à Columbus dans le Kentucky et Frémont demanda à Grant de faire des démonstrations de force sans passer à l’offensive51. Lorsque Lincoln limogea Frémont après qu’il eut instauré la loi martiale dans le Missouri, Grant attaqua les positions confédérées à Fort Belmont avec 3 114 hommes. Il prit le fort mais en fut par la suite délogé et repoussé à Cairo par les troupes du brigadier-général Gideon Pillow. Bien que ce fût une défaite tactique, cette bataille renforça le moral de Grant et de ses hommes52. Il demanda alors au major-général Henry W. Halleck l’autorisation d’attaquer Fort Henry sur la rivière Tennessee ; ce dernier accepta à la condition que l’offensive soit supervisée par l’amiral Andrew Hull Foote. La coopération étroite des forces terrestres et navales permit à Grant de prendre Fort Henry le  ; cette prise fut d’autant plus facile que le fort était presque submergé par le fleuve en crue, et que ses défenseurs étaient en sous-effectifs53. Les troupes nordistes se tournèrent alors vers la fortification voisine de Fort Donelson sur la Cumberland, où la résistance fut plus forte54. Les premiers assauts des navires de Foote furent repoussés par les canons du fort où se trouvaient 12 000 défenseurs commandés par Pillow contre 25 000 assaillants menés par Grant. Encerclés, les Sudistes tentèrent de réaliser une sortie et parvinrent à repousser le flanc droit nordiste qui se replia en désordre vers l’est55. Grant rassembla ses forces, restaura la situation et contre-attaqua sur le flanc gauche de Pillow qui fut contraint de revenir dans le fort où il céda le commandement au brigadier-général Simon Bolivar Buckner. Ce dernier se rendit le lendemain et les termes de la reddition de Grant furent largement repris au Nord : « Aucune condition autre qu’une capitulation sans condition et immédiate ne saurait être acceptée55 ». Grant gagna le surnom de Unconditional Surrender (« Reddition sans conditions ») et Abraham Lincoln le promut major-général56.

Shiloh[modifier | modifier le code]

Photographie D'Un Homme Barbu En Uniforme Militaire. Il Est Assis Et Tient Son Sabre Dans Ses Mains.

Photographie du brigadier-général Grant en 1861

L’avancée de Grant vers Fort Henry et Fort Donelson était alors l’offensive la plus significative du Nord sur le territoire de la Confédération. Son armée du Tennessee, forte de 48 894 hommes, s’était retranchée sur la rive ouest du Tennessee et avec le brigadier-général William T. Sherman, Grant se préparait à attaquer la place-forte confédérée de Corinth dans le Mississippi57. Les Sudistes s’attendaient à cette offensive et frappèrent les premiers en attaquant le camp nordiste lors de la bataille de Shiloh le . Plus de 44 000 soldats confédérés menés par les généraux Albert S. Johnston et P. G. T. de Beauregard participèrent à cet assaut, dont l’objectif était d’annihiler les troupes nordistes dans la région. Prises par surprise, les troupes de Grant furent progressivement repoussées vers le fleuve, et si les troupes Confédérés n’avaient pas été trop épuisées pour continuer le combat, celles de Grant auraient sans doute été détruites58. Évitant une débandade, Grant et Sherman contre-attaquèrent le lendemain matin avec les unités des major-généraux Don Carlos Buell et Lew Wallace arrivées dans la nuit. Les troupes de Beauregard parvinrent à s’échapper mais l’armée du Tennessee avait été sauvée59,60.

Avec un total de près de 24 000 victimes dont 3 500 morts, cette bataille devint la plus sanglante du conflit, sans qu’aucun camp n’en ait tiré un avantage stratégique. Grant nota par la suite que le carnage de Shiloh lui fit réaliser que la Confédération ne pourrait être vaincue que par la destruction complète de ses armées61. Si son commandement durant la bataille fut salué, son manque de préparatifs défensifs fut aussi critiqué et Halleck transféra le commandement de l’armée du Tennessee au brigadier-général George H. Thomas. Grant fut promu à la fonction dénuée de pouvoir de commandant-en-second des armées de l’Ouest. Il envisagea alors à nouveau de quitter l’armée mais en fut dissuadé par Sherman62. Dans le même temps, la lente progression de Halleck vers Corinth, de 30 kilomètres en un mois, permit à toute l’armée confédérée de s’échapper. Envoyé par le secrétaire à la Guerre Edwin M. Stanton, Charles A. Dana interrogea Grant et rapporta à Lincoln et à Stanton que ce dernier semblait « garder son sang-froid et être impatient de combattre ». Lincoln replaça alors Grant à la tête de l’armée du Tennessee63.

Vicksburg[modifier | modifier le code]

Gravure D'Un Groupe De Soldats Nordistes Prenant D'Assaut Une Position Retranchée Sudiste Au Sommet D'Un Talus.

Assaut nordiste durant le siège de Vicksburg ; gravure de 1883 de Thure de Thulstrup

Lincoln était déterminé à prendre le bastion stratégique confédéré de Vicksburg sur le Mississippi et autorisa le major-général John A. McClernand à lever une armée dans l’Illinois. Grant fut très déçu de ne pas recevoir d’ordres pour avancer et encore plus mécontent de ce qui semblait être une tentative pour l’écarter. Selon son biographe William S. McFeely, cette frustration aurait été l’une des causes de son ordre général no 11 du  qui expulsait tous les Juifs des territoires sous son contrôle en raison du marché noir du coton64. Lincoln demanda l’annulation de cet ordre, ce que Grant fit 21 jours plus tard en considérant qu’il n’avait fait que suivre les consignes de Washington. Selon un autre biographe, Jean E. Smith, cela fut l’un « des exemples les plus flagrants d’antisémitisme étatique de l’histoire américaine65 ». Grant estimait que l’or, comme le coton, passait en contrebande à travers le front et que les Juifs pouvaient passer facilement dans les camps adverses66. En 1868, il exprima ses regrets pour cet ordre ; en dehors de cet incident, ses opinions envers les Juifs ne sont pas connues66.

En , Grant avança vers Vicksburg avec les majors-généraux James B. McPherson et Charles S. Hamilton et en coordination avec une offensive maritime commandée par Sherman. Les généraux sudistes Nathan B. Forrest et Earl Van Dorn retardèrent la progression nordiste en harcelant ses lignes de communication, tandis que l’armée confédérée du lieutenant-général John C. Pemberton repoussa l’attaque de Sherman à la bataille de Chickasaw Bayou67.

Pour la seconde tentative de prendre Vicksburg, Grant réalisa sans succès une série de manœuvres le long du fleuve. Finalement en , les troupes nordistes progressèrent sur la rive ouest du Mississippi et traversèrent le fleuve avec les navires de David D. Porter. Ce mouvement fut facilité par les actions de diversion qui éloignèrent Pemberton. Après une série de batailles qui permirent la prise d’un nœud ferroviaire près de Jackson, Grant battit Pemberton lors de la bataille de Champion Hill. Deux assauts contre la forteresse de Vicksburg se soldèrent néanmoins par de lourdes pertes, et la bataille se transforma en un siège qui dura sept semaines. Alors que le siège débutait, Grant passa deux jours à boire68. Pemberton se rendit le 69,70. Durant cette campagne, Grant se préoccupa des esclaves en fuite ou déplacés par les combats qui étaient menacés par les maraudeurs sudistes ; il les plaça sous la protection du brigadier-général John Eaton, qui les autorisa à travailler dans les plantations confédérées abandonnées pour soutenir l’effort de guerre.

La capture de Vicksburg permit au Nord de prendre le contrôle de l’ensemble du cours du Mississippi et de couper la Confédération en deux. Même si ce succès renforça le moral des troupes nordistes et la position stratégique de l’Union, Grant fut critiqué pour ses décisions et pour sa propension à boire. Lincoln envoya à nouveau Dana pour garder un œil sur cette faiblesse du général ; Dana devint un ami proche de Grant, qui modéra par la suite cette tendance71. La rivalité personnelle entre Grant et McClernand continua après Vicksburg, mais cessa lorsque Grant le limogea pour avoir donné un ordre sans son accord.

Chattanooga et promotion[modifier | modifier le code]

Photographie D'Un Hommes Barbu Et Portant Un Uniforme Militaire

Grant après sa promotion au grade de lieutenant-général en 1862

En , Lincoln plaça Grant à la tête de la nouvelle division militaire du Mississippi, qui lui donnait autorité sur tout le théâtre occidental en dehors de la Louisiane. Après la bataille de Chickamauga en septembre, le général confédéré Braxton Bragg obligea l’armée du Cumberland du major-général William S. Rosecrans à se replier à Chattanooga, un important nœud ferroviaire, où elle fut encerclée ; seule la résistance de George H. Thomas et de son XIVe corps empêchèrent la destruction de l’armée nordiste. Informé de la situation délicate à Chattanooga, Grant remplaça Rosecrans à la tête de l’armée encerclée par Thomas et mena personnellement des reconnaissances dans la zone. Lincoln dépêcha le major-général Joseph Hooker et deux divisions de l’armée du Potomac pour renforcer l’armée du Cumberland, et ces renforts permirent à Grant et au major-général William F. Smith d’ouvrir une ligne de ravitaillement vers la ville encerclée72,73.

Le , Grant rassembla trois armées pour repousser les forces de Bragg à Missionary Ridge et Lookout Mountain. Thomas et l’armée du Cumberland prirent les premières positions confédérées à Missionary Ridge, tandis qu’à Lookout Mountain, Hoorket fit 1 064 prisonniers. Le lendemain, Sherman et quatre divisions de l’armée du Tennessee attaquèrent le flanc droit de Bragg qui fut contraint de dégarnir les défenses de Missionary Ridge. Réalisant cela, Grant ordonna un assaut général sur les positions affaiblies et les troupes du major-général Philip Sheridan et du brigadier-général Thomas John Wood obligèrent les Confédérés à se replier en désordre. Même si l’armée sudiste parvint à s’enfuir, la bataille exposait la Géorgie et le cœur de la Confédération à une invasion nordiste. La gloire de Grant s’accrut et il fut promu lieutenant-général, un grade qui n’avait été auparavant accordé qu’à George Washington et Winfield Scott74.

Déçu par l’incapacité du major-général George G. Meade à poursuivre le général confédéré Robert E. Lee après la bataille de Gettysburg en , Lincoln nomma Grant Commanding General of the United States Army avec autorité sur toutes les armées de l’Union en 75. Il céda le commandement de la division du Mississippi à Sherman et se rendit à Washington pour définir une nouvelle stratégie avec Lincoln. Après avoir installé Julia dans une maison de Georgetown, Grant établit son quartier-général près de celui de l’armée du Potomac de Meade à Culpeper en Virginie76. La stratégie nordiste pour obtenir une victoire rapide consistait en une série d’offensives coordonnées pour empêcher les Confédérés de redéployer leurs forces sur les fronts en difficulté. Sherman attaquerait en direction d’Atlanta et de la Géorgie tandis que Meade mènerait son armée contre l’armée de Virginie du Nord de Lee et que le major-général Benjamin Franklin Butler avancerait depuis le sud-ouest vers la capitale sudiste de Virginie jusqu’à la James River77. Dans le même temps, le major-général Franz Sigel, prendrait la voie ferrée stratégique à Lynchburg avant de progresser vers l’est pour capturer la vallée de Shenandoah depuis les Montagnes bleues78,79. Grant était de plus en plus populaire et certains commencèrent à estimer que dans le cas d’une victoire rapide de l’Union, il pourrait se présenter à la présidence lors de l’élection de novembre. Grant en était conscient mais il avait rejeté l’idée lors d’échanges avec Lincoln80.

Overland Campaign et victoire[modifier | modifier le code]

Photographie D'Un Homme En Uniforme Militaire Prenant La Pose En S'Appuyant Contre Un Arbre Devant Une Large Tente

Grant à Cold Harbor en 1864 ; photographie de Mathew Brady

Photographie De L'Entrée D'Une Maison En Bois Où Un Homme Barbu En Uniforme Militaire Est Assis Sur Un Fauteuil. Un Garçon Se Tient À Ses Cotés Et Une Femme En Robe Se Trouve Derrière Eux.

Grant à City Point avec son épouse et son fils Jesse en 1864

La progression de Sigel et de Butler fut rapidement bloquée et Grant se retrouva seul pour affronter Lee durant une série de sanglantes batailles formant ce qui fut appelé l’Overland Campaign. Après avoir passé le mois d’ à regrouper l’armée du Potomac, Grant traversa le fleuve Rapidan et engagea Lee à la bataille de la Wilderness qui dura trois jours sans qu’aucun des belligérants puisse revendiquer la victoire. Lee se replia en bon ordre mais le commandant nordiste, contrairement à ses prédécesseurs, était déterminé à poursuivre son offensive et il attaqua le flanc droit confédéré au nœud routier de Spotsylvania le 81. Durant les treize jours de l’affrontement, Grant tenta de percer les lignes sudistes et lança ce qui fut l’un des assauts les plus violents de la guerre contre le Bloody Angle (« l’Angle Sanglant »). Malgré ses efforts, les Sudistes tinrent leurs positions et il tenta à nouveau de les prendre par le flanc à la bataille de North Anna82. Ces derniers s’étaient cependant solidement retranchés et Grant manœuvra pour attaquer au nœud ferroviaire de Cold Harbor le . Durant les premiers jours de cette bataille qui se prolongea sur treize, les assauts de l’Union se brisèrent sans effets sur les défenses confédérées. Les terribles pertes, 52 788 dans le mois qui suivit la traversée de la Rapidan, valurent à Grant le surnom de « Boucher83 ». Les pertes de Lee étaient inférieures avec 32 907 victimes mais le Sud n’était plus en mesure de les remplacer83. Le coûteux assaut du  à Cold Harbor fut le second des deux affrontements de la guerre que Grant regretta visiblement84. Sans que Lee s’en rende compte, Grant se retira de Cold Harbor et progressa vers le sud pour soutenir Butler qui tentait de traverser la James River à Bermuda Hundred pour attaquer Petersburg et obliger Lee à dégarnir son flanc nord pour protéger ce nœud ferroviaire reliant Richmond au reste de la Confédération78,79.

P. G. T. de Beauregard parvint à empêcher les Nordistes de prendre la ville et l’arrivée des renforts de Lee transforma la bataille en un siège de neuf mois85. La situation militaire sur le théâtre oriental étant dans l’impasse, le mécontentement contre la guerre grandit au Nord. Les actions de Grant permirent néanmoins d’immobiliser les troupes sudistes dans la zone et empêchèrent Lee de s’opposer efficacement à la campagne de Sherman dans le Sud86. Ce dernier s’empara ainsi d’Atlanta le  et ce succès contribua à la victoire de Lincoln lors de l’élection présidentielle de 1864 face au général George McClellan qui avait défendu l’idée d’une trêve avec le Sud. Pour desserrer l’emprise nordiste autour de Petersburg, Lee envoya le général Jubal Early vers le nord le long de la vallée de Shenandoah pour attaquer Washington ; après des succès initiaux, il parvint dans le Maryland mais fut repoussé à la bataille de Fort Stevens en  et se replia en Virginie. Pour mettre un terme à cette menace, Sheridan reçut le commandement de l’armée de la Shenandoah avec ordre de ne laisser « aucun répit à l’ennemi87 ». Grant lui ordonna également de ravager cette riche région agricole stratégique pour le Sud et il appliqua une politique de la terre brûlée. Lorsque Sheridan rapporta qu’il était harcelé par la cavalerie irrégulière de John S. Mosby, Grant recommanda la prise comme otages de leurs familles et leur emprisonnement à Fort McHenry dans le Maryland87.

Peinture D'Un Salon Bourgeois Où Discutent Quatre Hommes Dont Trois En Uniformes Militaires

The Peacemakers ; peinture de 1868 de George P. A. Healy représentant (de gauche à droite) Sherman, Grant, Lincoln et Porter à bord du River Queen le 28 mars 1865.

Gravure D'Un Salon Où Se Trouve Une Dizaine D'Hommes, Pour La Plupart Barbus, En Uniformes

Reddition de Robert E. Lee (assis à gauche) à Grant (assis au centre-droit) dans la maison McLean à Appomattox le 9 avril 1865.

Grant tenta de détruire une partie des tranchées confédérées autour de Petersburg en faisant exploser une sape le  mais l’assaut fut confus et les Sudistes parvinrent facilement à le repousser. L’affrontement fit plus de 3 500 victimes dans les rangs de l’Union contre à peine 1 500 pour les Confédérés et Grant avança que « ce fut la plus triste affaire à laquelle j’ai assisté dans cette guerre88,89 ». Le , il échappa de justesse à la mort quand des espions confédérés firent exploser une barge de munitions près de son quartier-général à City Point (aujourd’hui Hopewell) ; la détonation fit néanmoins plusieurs dizaines de morts90. Pour essayer de sortir de l’impasse du siège, Grant continua d’attaquer les défenses de Lee au sud-ouest de Petersburg pour prendre le contrôle des voies ferrées ravitaillant la ville. Le , les troupes nordistes s’emparèrent de la Wilmington and Weldon Railroad et poursuivirent en direction de la South Side Railroad et de la City Point Railroad. Une fois capturés, ces chemins de fer furent transférés à l’United States Military Railroad qui déploya son artillerie ferroviaire pour pilonner les positions confédérées.

Après que Sherman eut achevé sa Marche vers la Mer en prenant Savannah en Géorgie le  et que les tentatives sudistes pour contrer cette offensive eurent échoué lors de la bataille de Nashville le , la victoire de l’Union ne faisait plus aucun doute et Lincoln décida de négocier la fin du conflit avec les Confédérés. Il chargea Francis P. Blair de transmettre un message au président confédéré Jefferson Davis et les émissaires des deux camps se rencontrèrent le  à bord du navire River Queen près de Fort Monroe. La conférence fut un échec mais Grant montra sa volonté et sa capacité à assumer un rôle diplomatique au-delà de sa seule fonction militaire91.

En , Lincoln, Grant, Sherman et Porter se rencontrèrent au quartier-général de City Point pour définir la stratégie de l’Union dans les derniers jours de la guerre ; Petersburg tomba le  et Richmond fut prise au début du mois d’avril92. Alors que son armée se désintégrait du fait des désertions, des maladies et du manque de ravitaillement, Lee tenta de rallier les dernières forces confédérées du général Joseph E. Johnston en Caroline du Nord mais la cavalerie de Sheridan parvint à empêcher leur rencontre. Lee et son armée se rendirent à Grant à Appomattox le . Les termes étaient honorables car les soldats sudistes étaient autorisés à rentrer chez eux sans leurs armes, mais avec leurs chevaux, à la condition qu’ils ne reprennent plus le combat contre les États-Unis. Les combats se poursuivirent quelque temps sur les autres fronts mais la guerre de Sécession prit fin dans les semaines qui suivirent la reddition de Lee93.

Assassinat de Lincoln[modifier | modifier le code]

Aquarelle Représentant Grant En Uniforme Militaire Avec Un Chapeau Et Tenant Un Cigare

Portrait de Grant par Ole Peter Hansen Balling en 1865

Le , cinq jours après la victoire d’Appomattox, Lincoln fut mortellement blessé par un sympathisant confédéré appelé John W. Booth et mourut le lendemain matin. L’assassinat faisait partie d’un complot visant à éliminer certains dirigeants nordistes94. Grant avait participé à une réunion du Cabinet le  et Lincoln l’avait invité ainsi que son épouse à l’accompagner au théâtre Ford ; le couple déclina la proposition car il avait l’intention de se rendre à Philadelphie. Cela lui sauva probablement la vie car Booth avait prévu d’abattre le président avec son pistolet avant de poignarder le général95. Par l’intermédiaire de Dana, le secrétaire à la Guerre Stanton informa Grant de la mort de Lincoln et lui demanda de revenir immédiatement à Washington. Le lendemain, il ordonna immédiatement l’arrestation de tous les officiers sudistes libérés sur parole mais les renseignements fournis par le major-général Edward Ord réduisant le nombre des suspects le poussèrent à annuler cette décision96. Lors des funérailles du , Grant pleura ouvertement et déclara de Lincoln qu’« il fut incontestablement le plus grand homme que j’ai jamais rencontré97 ». Il était plus que méfiant envers son successeur, Andrew Johnson, et il dit à Julia qu’il craignait les changements dans l’administration. Il considérait en effet que l’attitude du nouveau président envers les blancs sudistes « en ferait des citoyens réticents » et estima initialement qu’avec Johnson, « la Reconstruction a pris un retard dont personne ne peut donner la durée98 ».

À la fin du mois d’avril, Sherman accepta la reddition de Joseph E. Johnston en lui offrant des termes généreux qu’il pensait conformes à la vision exprimée par Lincoln à City Point ; il n’en avait cependant pas référé à Washington et n’avait aucune autorité pour négocier au nom des États-Unis. Le Cabinet refusa d’honorer les termes de la reddition jugés trop cléments et Stanton exprima publiquement son mépris pour Sherman ; désirant que l’erreur de son principal commandant ne lui porte pas trop préjudice, Grant sollicita une réunion du Cabinet pour discuter de la question et offrit de porter lui-même la lettre désavouant l’accord passé avec Johnston. Cette gestion adroite permit de sauvegarder leur amitié et Sherman accepta de renégocier les termes de reddition conformément à ce qui avait été décidé à Appomattox98.

Général en temps de paix[modifier | modifier le code]

Photographie D'Une Maison En Briques Rouges À Deux Étages

La résidence d’après-guerre de Grant à Galena

Célébrations et honneurs[modifier | modifier le code]

En , l’Union League de Philadelphie, fondée en 1862 pour défendre les politiques de Lincoln, acheta une maison pour Grant et sa famille dans la ville mais ses fonctions militaires se trouvaient à Washington. Il commença donc par faire la navette et rentrait les week-ends mais Julia finit par s’installer avec lui dans la capitale en octobre99. Ils achetèrent une maison à Georgetown Heights mais Grant demanda à Washburne de faire en sorte que sa résidence légale demeure à Galena dans l’Illinois pour des raisons politiques100. Durant l’été 1865, il participa à des réceptions dans l’Illinois et l’Ohio où il fut accueilli avec enthousiasme101. Le , le Congrès le promut au grade récemment créé de général de l’armée ; il s’agit du rang le plus élevé de l’armée américaine en dehors de celui de General of the Armies qui ne fut accordé qu’à John J. Pershing en 1919 et à titre posthume à George Washington en 1976102.

Grant était l’un des hommes les plus populaires du pays103 et Johnson, alors en conflit ouvert avec le Congrès dominé par les républicains radicaux, chercha à récupérer cette popularité en lui demandant de l’accompagner lors de ses déplacements103. Souhaitant apparaître loyal, le général accepta mais il confia à son épouse que les discours du président étaient une « honte nationale » ; il cherchait également à ne pas s’aliéner les législateurs républicains dont il aurait besoin du soutien s’il se lançait en politique104. Johnson se doutait que Grant voudrait se présenter à la présidence en 1868 et il décida de le nommer secrétaire à la Guerre à la place de Stanton. Grant échangea de cette opportunité avec Sherman qui lui conseilla de refuser de rejoindre l’administration de ce président affaibli104.

Reconstruction[modifier | modifier le code]

Illustration Représentant Plusieurs Scènes De La Vie De Grant Autour D'Un Portrait De Lui En Uniforme

Illustration de 1885 de Thure de Thulstrup. Dans le sens des aiguilles d’une montre depuis en bas à gauche : West Point (1843), Chapultepec (1847), entraînement de volontaires (1861), Fort Donelson (1862), Shiloh (1862), Vicksburg (1863), Chattanooga (1863), promotion en tant que commandant en chef (1864), Appomattox (1865)

Après sa série de discours, Johnson envoya Grant enquêter sur les réformes menées dans le Sud. Il recommanda le maintien du Bureau of Refugees, Freedmen and Abandoned Lands aidant les esclaves affranchis que Johnson voulait supprimer et encouragea le recrutement de soldats noirs pour leur offrir une alternative aux travaux agricoles105,106,107. Grant estimait que les habitants du Sud dévasté par la guerre n’étaient pas prêts à se prendre en charge et considérait que la poursuite de l’occupation militaire était nécessaire105. Il se préoccupait de la menace posée par les pauvres mécontents, noirs et blancs, et recommanda que l’administration locale soit assurée uniquement par les « hommes pensants du Sud » autrement dit par les propriétaires terriens108. En cela, l’opinion initiale de Grant sur la Reconstruction était proche de celle de Johnson qui voulait pardonner les dirigeants sudistes et les réinstaurer dans leurs fonctions officielles109,106. Il indiqua également qu’il voulait, comme le président, que les législateurs du Sud soient autorisés à siéger au Congrès110.

Farouchement opposés à cette vision d’une réconciliation rapide avec le Sud, les républicains radicaux firent adopter les Reconstruction Acts qui divisaient les États du Sud en cinq districts militaires où l’armée devait s’assurer de l’application et du respect des droits civiques des esclaves affranchis. Grant, qui devait nommer des généraux à la tête de chaque district, fut satisfait de cette législation111 et pensait qu’elle permettrait de pacifier la région112. Il appliqua soigneusement ces législations et ordonna à ses généraux de faire de même ; quand Sheridan limogea des fonctionnaires de Louisiane qui s’opposaient à la Reconstruction, Johnson fut particulièrement irrité et il obtint son renvoi113. Durant la période de la Reconstruction, plus de 1 500 Afro-Américains furent élus à des fonctions gouvernementales tandis que Grant et les gouverneurs militaires protégèrent leurs droits en abrogeant les premiers codes noirs en 1867114.

Mexique et Canada[modifier | modifier le code]

En tant que commandant de l’armée, Grant dut gérer la question de l’intervention française au Mexique menée par l’empereur français Napoléon III pour établir un régime favorable aux intérêts français en Amérique latine. Profitant du fait que les Américains étaient occupés par la guerre de Sécession, l’armée française s’empara de Mexico en 1862 et établit un empire mexicain avec Maximilien Ier à sa tête. Le gouvernement américain considérait qu’il s’agissait d’une violation de la doctrine Monroe et Johnson demanda à Grant de faire pression sur Paris en déployant 50 000 hommes commandés par Sheridan à la frontière du Texas. Ce dernier reçut l’ordre de tout faire pour obtenir l’abdication de Maximilien Ier et le départ des Français tout en maintenant la neutralité américaine. Il offrit ainsi 60 000 fusils à Benito Juárez, l’ancien dirigeant mexicain renversé par les Français115. Lors d’une réunion du Cabinet, Johnson suggéra que Grant soit envoyé sur la frontière mexicaine ; il s’agissait d’une tentative pour l’évincer du paysage politique nationale et ce dernier, peu dupe, refusa. En compromis, il envoya Sherman, devenu lieutenant-général, à sa place116. L’armée française s’était complètement retirée en 1866 et Maximilien Ier fut exécuté par Juárez en 1867117.

Grant fut également confronté à la question des raids féniens menés par des Irlando-Américains qui voulaient prendre le contrôle du Canada britannique afin d’obtenir l’indépendance de l’Irlande. En , Johnson envoya Grant à Buffalo pour évaluer la situation. Il ordonna la fermeture de la frontière canadienne pour empêcher les soldats féniens de la traverser à Fort Érié et arrêta plus de 700 hommes après la bataille de Ridgeway118,119.

Impeachment de Johnson[modifier | modifier le code]

Vue Latérale De L'Hémicycle D'Une Assemblée Dont Tous Les Pupitres Sont Occupés Par Des Hommes En Costume. De Nombreux Spectateurs Se Trouvent Dans Les Balcons Entourant La Salle.

Illustration du procès de Johnson réalisée par Theodore R. Davis et publiée dans le journal Harper’s Weekly en avril 1868

Johnson souhaitait depuis quelque temps remplacer le secrétaire à la Guerre Stanton favorable à la Reconstruction voulue par le Congrès. Le président proposa le poste à Grant pour garder sous contrôle un possible rival mais il répondit par la négative en mentionnant le Tenure of Office Act qui imposait que le Congrès donne son accord avant tout changement dans le Cabinet de Johnson. Ce dernier passa outre et limogea Stanton alors que le Congrès n’était pas en session comme cela était permis par le texte ; Grant accepta à contre-cœur de devenir temporairement secrétaire à la Guerre120.

Lorsque le Congrès se réunit à nouveau, il réinstaura Stanton dans ses fonctions mais Jonhson demanda à Grant de refuser de céder sa place jusqu’à ce que la question soit tranchée par la justice. Ce dernier démissionna cependant immédiatement et subit les foudres de Johnson lors d’une réunion du Cabinet pour avoir violé sa promesse de ne pas agir ainsi ; Grant nia avoir jamais promis une telle chose121. Le président était en réalité plus ulcéré par le fait que Grant ait rejoint le camp des radicaux. Le , des journaux favorables à Johnson publièrent une série d’articles pour discréditer le général et critiquer sa trahison lorsqu’il rendit son poste à Stanton121. Grant se défendit dans une lettre ouverte au président et la controverse renforça plutôt sa popularité121. Il se tint à l’écart de la procédure de destitution contre Johnson dont une grande partie des motifs d’accusation tournait autour du renvoi de Stanton122.

Élection de 1868[modifier | modifier le code]

Gravure Du Buste De Deux Hommes

Gravure du « ticket » Grant/Colfax publiée dans le journal allemand Die Gartenlaube en 1869

Lorsqu’il entra dans la course à la présidence en 1868, la popularité de Grant, déjà excellente, fut renforcée chez les républicains radicaux par son abandon de Jonhson123. Il fut choisi sans opposition dès le premier tour par la convention républicaine (en) qui nomma également le représentant de l’Indiana Schuyler Colfax, un ancien whig et défenseur de la tempérance, pour briguer la vice-présidence. Grant conclut sa lettre d’acceptation au parti par Let us have peace (« Faisons la paix ») et cette phrase devint le slogan de campagne des républicains123. La convention démocrate fut plus disputée ; Johnson ne parvint pas à s’imposer et le gouverneur de l’État de New York Horatio Seymour fut choisi au 22e tour même s’il avait auparavant indiqué qu’il ne souhaitait pas être candidat. Comme cela était la norme à l’époque, les candidats ne faisaient pas personnellement campagne et Grant ne dérogea pas à la règle en restant à Galena et en laissant les discours à ses partisans124.

La campagne démocrate se concentra essentiellement sur leur volonté de mettre fin à la Reconstruction mais ils s’aliénèrent de nombreux démocrates nordistes en voulant rendre le pouvoir au Sud à la classe des planteurs blancs125. Ils critiquèrent le soutien républicain aux droits des afro-américains126. De leur côté, les républicains axèrent leur campagne sur le bloody shirt, l’idée selon laquelle le retour des démocrates à la Maison-Blanche annulerait la victoire de la guerre et récompenserait les sécessionnistes. Ils attaquèrent également le colistier de Seymour, l’ancien représentant du Missouri Francis P. Blair, qui avait fait des déclarations particulièrement racistes et extravagantes envers Grant et soulignèrent que leur parti avait sauvegardé l’unité de la nation.

Le jour de l’élection, Grant obtint 52,7 % des voix et une large avance de 214 grands électeurs contre 80 pour Seymour. Lorsqu’il accéda à la présidence, Grant n’avait jamais occupé de fonctions électives et était, à 46 ans, le plus jeune président de l’histoire.

Présidence (1869-1877)[modifier | modifier le code]

Photographie D'Un Homme Barbu En Costume Noir Assis Dans Un Fauteuil À Côté D'Une Petite Table Où Est Posé Un Haut-De-Forme Et Des Livres

Le président Ulysses S. Grant en 1869 par Mathew Brady

La présidence de Grant commença par une rupture avec la tradition car il ne souhaitait pas que Johnson l’accompagne dans l’attelage qui l’emmenait à son investiture au Capitole ; l’ancien président décida de ne pas assister à la cérémonie. Dans son discours, Grant défendit l’adoption du XVe amendement de la Constitution garantissant les droits civiques des Afro-Américains et il déclara qu’il mènerait la Reconstruction « avec calme, sans préjugés, haine ou fierté partisane127 ». Le nouveau président forma son Cabinet de manière peu orthodoxe sans consulter le Congrès et en gardant ses choix secrets jusqu’à ce qu’ils soient soumis à l’approbation du Sénat128,129. Grant évita à dessein de choisir les principaux dirigeants du Parti républicain pour essayer de limiter les disputes partisanes et renforcer l’unité nationale130. Par amitié, il nomma ses amis Elihu B. Washburne et John A. Rawlins respectivement au département d’État et à celui de la Guerre. Washburne démissionna cependant au bout de 12 jours pour des raisons de santé ; certains ont néanmoins avancé qu’il s’agissait d’une manœuvre pour donner plus de poids à sa nomination en tant qu’ambassadeur en France131,130,132. Grant le remplaça par le politique conservateur new-yorkais Hamilton Fish qui devint l’un de ses ministres les plus efficaces130. Les relations entre les deux hommes se développèrent en raison de la grande amitié entre leurs épouses133. Rawlins mourut en 1869 de la tuberculose et fut remplacé par William W. Belknap134. Grant choisit également plusieurs non-spécialistes de la politique comme les hommes d’affaires Adolph E. Borie et A. T. Stewart avec un succès limité ; Borie fut brièvement secrétaire à la Marine avant d’être remplacé par George M. Robeson tandis que la nomination de Stewart au Trésor fut empêchée par une loi de 1789 qui interdisait au secrétaire du Trésor d’être un marchand en exercice. Grant tenta de faire abroger le texte mais l’opposition des sénateurs Charles Sumner et Roscoe Conkling l’en empêcha135 ; la fonction fut alors accordée à George S. Boutwell réputé pour son intégrité135. Les autres nominations de Grant, Jacob D. Cox à l’Intérieur, John Creswell aux Postes et Ebenezer R. Hoar en tant que procureur général se firent sans opposition136. Pour s’échapper de Washington et à l’invitation de riches soutiens, la famille Grant se rendit pour la première fois en 1869 dans ce qui devint connu comme la « capitale estivale » à Long Branch dans le New Jersey ; Grant y retourna fréquemment jusqu’à la fin de sa vie137. Durant sa présidence, le Colorado devint le 38e État américain le 1er aout 1876. D’après les universitaires et journalistes Frank Browning et John Gerassi, spécialistes de la criminalité aux États-Unis, les deux gouvernements de Grant furent parmi les plus corrompus de l’histoire des États-Unis138. Ulysses Grant lui-même se fit offrir par un groupe d’hommes d’affaires une demeure entièrement meublée à Philadelphie, une bibliothèque d’une valeur de 75 000 dollars, et 100 000 dollars en espèces138.

Reconstruction et droits civiques[modifier | modifier le code]

La Reconstruction du Sud se poursuivit sous la présidence de Grant et les quatre derniers anciens États confédérés furent réadmis dans l’Union en 1870139. Il encouragea les républicains radicaux au Congrès à adopter le 15e amendement garantissant les droits civiques de tous les citoyens sans distinction de couleur de peau et le texte fut adopté le  avant d’être ratifié l’année suivante140. En 1870, le représentant Thomas Jenckes (en) de Rhodes Island proposa la création du département de la Justice ayant pour mission de faire appliquer les lois fédérales même si les juges locaux y étaient réticents comme cela était le cas dans le Sud. Alors que le procureur général n’était auparavant qu’un simple conseiller juridique du président, il contrôlait à présent un département chargé de faire respecter les textes fédéraux et était assisté par l’avocat général qui représentait le gouvernement devant la Cour suprême141. Le premier procureur général, Ebenezer R. Hoar, fit cependant peu pour poursuivre les blancs sudistes qui persécutaient leurs voisins noirs mais son successeur, Amos T. Akerman, se montra bien plus agressif142. Devant les agressions de plus en plus nombreuses menées, entre autres, par le Ku Klux Klan contre les noirs et les carpetbaggers, Grant poussa le Congrès à adopter les Enforcement Acts de 1870 et 1871142. Ces législations criminalisaient le fait de priver un citoyen de ses droits civiques et autorisait le président à utiliser l’armée et la milice (en) pour faire appliquer les lois141. Grant ordonna en  aux troupes fédérales d’assister les « marshals » dans l’arrestation des membres du Klan143. En octobre, il suspendit l’Habeas Corpus dans neufs comtés de Caroline du Sud et déploya l’armée pour y ramener l’ordre143. L’influence du Klan s’effondra et en 1872, les élections dans le Sud virent une participation record des Afro-Américains143.

Gravure D'Une Scène De Combat Urbain. Une Foule D'Hommes En Civil Et Armés De Fusils À Baïonnette Chargent Un Groupe De Soldats Entourant Plusieurs Canons. Des Bâtiments En Briques À Plusieurs Étages Sont Visibles À L'Arrière-Plan Malgré La Fumée.

Affrontements (en) entre la police et la White League à La Nouvelle-Orléans en 1874

La même année, Grant signa l’Amnesty Act qui rendait leurs droits civiques aux anciens confédérés. La succession de scandales au sein de l’administration présidentielle détourna l’attention du public des difficultés afro-américaines et après l’effondrement du Klan en 1872, les blancs conservateurs formèrent des groupes paramilitaires comme les Red Shirts (en) ou la White League. À la différence du Klan, ils n’agissaient pas de manière anonyme mais reprirent ses méthodes d’intimidations pour évincer les républicains et leurs soutiens des gouvernements sudistes144. Grant remplaça Akerman par George H. Williams mais ce dernier fut par la suite impliqué dans une affaire de corruption145. La panique de 1873 et la crise économique qui suivit fit que le Nord se préoccupa moins de la Reconstruction du Sud146 tandis que Grant réduisit son usage de la force pour ne pas donner l’impression qu’il se comportait comme un dictateur militaire147. En 1875, les redeemers démocrates étaient revenus au pouvoir dans tous les États du Sud sauf trois. Alors que les violences raciales s’intensifiaient, le nouveau procureur général Edwards Pierrepont dit au gouverneur du Mississippi Adelbert Ames que le peuple « était las des débordements automnaux dans le Sud » et il refusa d’intervenir147. La même année, Grant signa le Civil Rights Act de 1875 qui interdisait la ségrégation dans les transports en commun, les lieux publics et la constitution des jurys148. Le texte fut peu appliqué et il n’empêcha pas la prise de pouvoir des suprémacistes dans le Sud148. Les fraudes lors de l’élection présidentielle de 1876 et la victoire controversée du républicain Rutherford B. Hayes donnèrent lieu au compromis de 1877 par lequel les démocrates reconnaissaient leur défaite en l’échange du départ des troupes fédérales présentes dans le Sud. Toutes les législatures sudistes passèrent dans le camp démocrate et l’adoption des premières lois Jim Crow marqua la fin de la Reconstruction139.

Politique indienne[modifier | modifier le code]

Photographie D'Un Homme De Type Amérindien Portant Un Costume, Une Moustache Et Un Bouc Assez Clairsemé

Ely S. Parker fut le premier Amérindien nommé commissaire aux Affaires indiennes.

L’attitude bienveillante de Grant envers les Amérindiens marqua une évolution radicale par rapport aux politiques de ses prédécesseurs. Il nomma Ely S. Parker, un Seneca et ancien membre de son état-major, au bureau des Affaires indiennes et déclara : « Mes futurs efforts seront menés de manière humaine, pour amener les aborigènes du pays sous les influences bénéfiques de l’éducation et de la civilisation… Les guerres d’extermination… sont démoralisantes et mauvaises ». La « politique de paix » de Grant visait à remplacer les hommes d’affaires qui servaient d’intermédiaire entre les tribus et le gouvernement par des missionnaires149,150. Il souhaitait que les tribus soient regroupées pour leur protection dans des réserves indiennes supervisées par des blancs afin qu’ils renoncent à leur mode de vie nomade traditionnel et s’assimilent à la société américaine149,150. En 1869, il créa un comité chargé de superviser les dépenses et de réduire la corruption du bureau des Affaires indiennes151 et deux ans plus tard, il approuva une législation mettant fin au système des traités : les Amérindiens relevaient à présent des législations du gouvernement fédéral et les tribus n’étaient plus considérées comme des entités souveraines152. Bien que peu populaire aujourd’hui, la « politique de paix » était jugée très progressiste pour l’époque et elle vit sa conclusion dans le Dawes Act de 1887. Elle permit de réduire les affrontements sur La Frontière mais l’industrialisation de la chasse au bison, encouragée par les administrateurs locaux, aggrava les relations avec les Indiens des Plaines153,154. Les Sioux et les autres tribus de l’Ouest acceptèrent le système de réserves mais la ruée vers l’or dans les Black Hills et l’installation de colons blancs dans la région provoqua une guerre à la fin du second mandat de Grant155. Le conflit mit fin à la bonne entente entre Grant et le chef sioux Nuage rouge154,156.

Dans le Sud-Ouest, le massacre d’environ 140 Apaches à Camp Grant dans l’Arizona le  provoqua une guerre menée du côté américain par le major-général George Crook. Grant dépêcha dans la région le major-général et ancien directeur du Bureau of Refugees, Freedmen and Abandoned Lands, Oliver O. Howard pour essayer de ramener l’ordre. Ce dernier négocia en 1872 un traité de paix avec le chef Cochise prévoyant l’installation de la tribu dans une nouvelle réserve157. Dans l’Oregon, les Modocs refusèrent de rejoindre une réserve et assassinèrent le commandant local, le major-général Edward Canby151. Même si Grant fut ulcéré par cette mort, il ignora les conseils de Sherman qui voulait exterminer la tribu et pressa les responsables locaux de faire preuve de retenue151. Quatre guerriers furent capturés, condamnés à mort pour le meurtre de Canby et pendus en . Le reste de la tribu fut déporté dans le Territoire indien correspondant aujourd’hui à l’Oklahoma151.

En 1875, Grant entra en conflit avec le colonel George A. Custer après que ce dernier eut témoigné au sujet de la corruption au sein du département de la Guerre de William W. Belknap158. Le président le fit arrêter à Chicago et lui interdit de participer à la guerre à venir contre les Sioux159. Grant se ravisa et le laissa combattre dans l’armée du brigadier-général Alfred Terry160 ; il fut tué lors de la bataille de Little Bighorn le  dans l’une des plus importantes défaites américaines des guerres indiennes161. En septembre, Grant déclara dans la presse qu’il considérait la bataille « comme un sacrifice de soldats, provoqué par Custer lui-même, qui était profondément inutile162 ». Le désastre de Little Bighorn choqua la nation et la politique de paix laissa la place au militarisme ; le Congrès approuva l’envoi de 2 500 soldats en renforts, l’armée prit le contrôle des agences gérant les tribus et la vente d’armes aux Amérindiens fut interdite163.

Affaires étrangères[modifier | modifier le code]

Photographie D'Un Homme En Costume Aux Cheveux Bouclés Ramenés En Arrière Et Portant Des Favoris

Photographie du secrétaire d’État Hamilton Fish par Mathew Brady

Même avant l’accession à la présidence de Grant, la faction expansionniste demandait l’acquisition d’îles dans les Caraïbes. En 1867, William H. Seward, qui avait été secrétaire d’État sous Lincoln et Johnson, avait acheté l’Alaska à la Russie. Il négocia également l’obtention des Indes occidentales danoises mais l’accord ne fut jamais ratifié par le Sénat ; l’archipel devint finalement américain en 1917 sous le nom d’Îles Vierges. Des discussions sur l’annexion de la république dominicaine sur l’île d’Hispaniola furent initiées par Seward164 et poursuivies par Grant par l’intermédiaire d’Orville E. Babcock, un ancien membre de son état-major durant la guerre de Sécession164. Le président était initialement sceptique sur cette acquisition mais fut convaincu par l’amiral Porter qui voulait obtenir une base navale dans la baie de Samaná et par Joseph W. Fabens, un homme d’affaires de Nouvelle-Angleterre employé par le gouvernement dominicain165. Il envoya Babcock à la rencontre du président Buenaventura Báez favorable à l’annexion en 165. Grant croyait en l’expansion pacifique du territoire américain et espérait que l’île à majorité noire offrirait des opportunités aux esclaves affranchis. Selon lui, cette acquisition réduirait les tensions raciales dans le Sud, accélérerait l’abolition de l’esclavage à Cuba et au Brésil et renforcerait la puissance navale américaine dans les Caraïbes166. Son secrétaire d’État Hamilton Fish estimait cependant que cela ne serait pas une bonne idée en raison de l’instabilité politique sur l’île165. Le sénateur Charles Sumner s’y opposa également car cela réduirait le nombre de nations autonomes gouvernées par des noirs dans l’hémisphère occidental tandis que d’autres ne voulaient pas accroître la population noire des États-Unis167. Grant s’impliqua personnellement pour convaincre les sénateurs réticents et se rendit même dans la résidence de Sumner167. Fish participa à ces efforts par loyauté mais le Sénat rejeta le traité d’annexion. Le rôle mené par Sumner dans cette opposition mena à une inimitié durable entre Grant et lui168.

Grant et Fish eurent plus de succès dans la résolution favorable des réclamations de l’Alabama avec le Royaume-Uni. Durant la guerre de Sécession, la Grande-Bretagne avait construit cinq navires pour la Confédération, dont le plus célèbre fut le CSS Alabama169. Ces corsaires détruisirent de nombreux navires de commerce du Nord tout en faisant des escales régulières dans les territoires de l’Empire britannique et ce malgré la neutralité officielle du pays. À la fin de la guerre, les États-Unis exigèrent un dédommagement mais le Royaume-Uni refusa de payer et les négociations se poursuivirent en vain pendant plusieurs années170. Devant le Sénat, Sumner exigea le paiement d’une indemnité colossale de deux milliards de dollars (environ 4 000 milliards de dollars de 2012171) ou la cession du Canada et ce discours fit scandale en Grande-Bretagne172. Fish convainquit Grant que des relations apaisées avec le Royaume-Uni étaient plus importantes que l’acquisition de nouveaux territoires et les deux nations s’accordèrent sur la résolution de l’affaire par un tribunal international173. Par le traité de Washington de 1871, le Royaume-Uni présentait ses regrets pour les destructions, sans reconnaître de culpabilité, et acceptait de payer 15,5 millions de dollars (environ 33 milliards de dollars de 2012171) ; le texte réglait également des litiges sur le tracé de la frontière entre les États-Unis et le Canada ainsi que des disputes sur les droits de pèche174.

Photographie De Famille Prise Sur Le Perron D'Une Maison En Bois. Grant En Costume Et Avec Un Haut-De-Forme À La Main Est Assis Dans Une Chaise En Osier Face À Un Jeune Homme Assis Dans Une Chaise Pliable En Bois Et Portant Un Chapeau Melon. Derrière Eux Se Trouvent Deux Femmes En Robe Et Deux Garçons.

Grant et sa famille à Long Branch en 1870

Désirant obtenir de nouveaux débouchés commerciaux et élucider l’incident de la goélette General Sherman en 1866, une flottille américaine se rendit dans la péninsule Coréenne en 1871. Ayant mal interprété les intentions américaines, les Coréens ouvrirent le feu sur les navires et l’expédition diplomatique se transforma en expédition punitive. Après avoir capturé plusieurs forts sur les îles de l’estuaire du fleuve Han, la flottille mit le cap sur la Chine sans avoir réussi à obtenir l’ouverture de la dynastie Joseon. Grant défendit les actions du contre-amiral John Rogers durant son discours sur l’État de l’Union devant le Congrès en . La Corée resta fermée aux influences étrangères jusqu’en 1876 et l’incident de Ganghwa avec le Japon ; six ans plus tard, un traité inégal fut signé avec les États-Unis175.

L’attention de Grant fut se tourna à nouveau vers les Caraïbes en 1873 quand le navire marchand Virginius transportant des armes et des hommes à destination de Cuba, alors en révolte pour obtenir son indépendance vis-à-vis de l’Espagne, fut arraisonné par des navires espagnols. L’équipage et les passagers dont huit américains furent reconnus coupables de piraterie par les autorités espagnoles et condamnés à mort. 53 d’entre eux furent exécutés et l’opinion publique américaine exigea une déclaration de guerre à l’Espagne. Fish, avec le soutien de Grant, parvint à négocier une issue pacifique à la crise. Le président espagnol Emilio Castelar y Ripoll exprima ses regrets pour les exécutions et accepta de payer des réparations ; le Virginius fut rendu aux États-Unis et l’Espagne paya 80 000 $ (environ 152 millions de dollars de 2012171) aux familles des Américains exécutés176. La diplomatie américaine fut également à l’œuvre dans le Pacifique et en , Grant organisa une réception à la Maison-Blanche pour le roi hawaïen Kalakaua qui cherchait à faire supprimer les droits de douane américains pour le sucre produit dans l’archipel177. Un traité commercial fut signé l’année suivante et l’industrie sucrière hawaïenne fut intégrée à l’économie américaine ; les intérêts américains jouèrent par la suite un rôle important dans le renversement de la monarchie et l’annexion du territoire par les États-Unis en 1898177.

Étalon-or et scandale Fisk-Gould[modifier | modifier le code]

Photographie D'Un Homme Avec Une Barbe Poivre Et Sel En Costume Assis Dans Un Fauteuil

Photographie du secrétaire du Trésor George S. Boutwell par Mathew Brady

Immédiatement après sa prise de fonction, Grant entreprit de remettre de l’ordre dans les finances du pays. Durant la guerre de Sécession, le Congrès avait autorisé le Trésor à émettre des billets, qui à la différence du reste de la monnaie, n’étaient pas adossés à l’or ou à l’argent. Ces greenbacks étaient nécessaires pour financer l’effort de guerre mais ils provoquaient de l’inflation et le nouveau président était déterminé à revenir aux standards monétaires d’avant-guerre et donc à l’étalon-or178. Cette vision était largement partagée au Congrès et ce dernier adopta le Public Credit Act de 1869 qui garantissait que les obligations seraient remboursées en or et non avec des greenbacks179. Grant chargea le secrétaire au Trésor George S. Boutwell de rationaliser son département et d’améliorer la collecte des impôts. Pour renforcer le dollar, il utilisa l’or du Trésor pour racheter les obligations à fort taux d’intérêt émises durant le conflit ; cela réduisit le déficit et la dette mais entraîna une déflation179,180.

Ces actions déstabilisèrent le petit marché de l’or américain dont les cours variaient fortement et les spéculateurs essayèrent d’anticiper la quantité d’or que Boutwell vendrait pour racheter les greenbacks181. Abel Corbin, le beau-frère de Grant, tenta d’utiliser ses liens avec le président pour obtenir des informations pour lui-même et ses associés, Jay Gould, un magnat des chemins de fer, et James Fisk182. Corbin convainquit Grant de nommer Daniel Butterfield au poste d’assistant-trésorier et il devint rapidement son informateur183. Dans le même temps, Gould et Fisk accumulèrent discrètement de l’or et convainquirent Corbin qu’un cours élevé serait bénéfique à l’économie et en particulier aux agriculteurs de l’Ouest ; ce dernier transmit à son tour cette théorie à Grant182. Au début du mois de septembre, le président demanda à Boutwell de cesser le rachat des greenbacks et les prix de l’or montèrent, ce qui permit à Fisk et Gould de vendre leur stock en maximisant leurs profits et de continuer à spéculer sur les cours184. Grant devint néanmoins de plus en plus méfiant envers Corbin185 et réalisa que la hausse des cours n’était pas naturelle et qu’elle affectait l’économie. Il demanda donc à Boutwell de reprendre les ventes d’or, ce qu’il fit le . Cet afflux soudain lors de ce qui fut appelé le Black Friday (« Vendredi noir ») fit s’effondrer les cours et les spéculateurs furent ruinés186. Le corner de Gould et Fisk avait échoué mais ils avaient malgré tout gagné beaucoup d’argent et ne furent jamais jugés ; Gould resta un acteur influent de Wall Street jusqu’à sa mort en 1892187. L’économie fut quelque peu perturbée par ce scandale mais la croissance revint rapidement188.

Réélection[modifier | modifier le code]

Caricature Politique Représentant Grant En Marin À La Barre D'Un Navire Entouré De Plusieurs Hommes En Costume

Caricature de Thomas Nast de 1872 représentant Grant à la barre de l’Union entouré d’un équipage mutin ; Carl Schurz est à droite tandis qu’Horace Greeley lit un journal.

La réputation de Grant fut affectée par les nombreux scandales impliquant les membres de son administration. En plus de la manipulation des cours de l’or, la corruption du bureau des douanes du port de New York affaiblit le soutien des réformateurs au gouvernement. Grant ne fut pas impliqué dans le scandale du Crédit Mobilier désignant le paiement de pots-de-vin à des membres du Congrès par la compagnie ferroviaire Union Pacific mais il éclaboussa le vice-président Colfax et contribua au sentiment de corruption généralisée à Washington. Pour satisfaire les progressistes, le président encouragea le Congrès à créer la Civil Service Commission en 1871 pour proposer des réformes de l’administration189. Présidée par George William Curtis (en), la commission proposa notamment la mise en place de concours pour les fonctionnaires190. Grant était favorable à ces mesures mais le Congrès n’était pas très enthousiaste et il refusa d’adopter des législations pour appliquer les réformes proposées ; les nominations dans la fonction publique continuèrent à être menées suivant le système des dépouilles191,192.

Du fait des scandales et du manque de réformes, certains républicains quittèrent le parti pour former le Parti libéral républicain. Menés par l’ancien représentant du Massachusetts, Charles F. Adams, et le sénateur Carl Schurz du Missouri, ils dénonçaient le système de corruption et de clientélisme de l’administration, qualifié de « Grantisme », et demandaient l’amnistie pour les anciens confédérés pour sceller la réconciliation entre le Nord et le Sud. Ils présentèrent leur propre candidat à la présidence, l’éditeur du New York Tribune, Horace Greeley193. Lors de la convention républicaine, Grant fut choisi à l’unanimité pour briguer un second mandat tandis que Schuyler Colfax, accablé par les scandales, fut remplacé par Henry Wilson pour la vice-présidence194. Afin de ne pas diviser le vote anti-Grant, les démocrates se rallièrent rapidement derrière Greeley même si ce dernier avait été l’un de leurs plus féroces opposants195. Cette fusion fut insuffisante et Grant améliora son score de 1868 en remportant 55,6 % des voix et 286 des 352 grands électeurs196. Les libéraux républicains n’eurent qu’une faible influence et Greeley n’arriva en tête que dans les zones que les démocrates auraient de toute façon remportées sans lui197.

Panique de 1873 et crise économique[modifier | modifier le code]

Caricature Représentant Une Foule D'Hommes En Costume Et Tenant Des Journaux Acclamant Et Jetant Des Fleurs Aux Pieds De Grant Qui Se Trouve Sous Le Porche D'Un Bâtiment À Colonnades.

Caricature de Thomas Nast montrant Grant acclamé pour son veto de 1874 sur une loi inflationniste.

Au début de l’année 1873, Grant signa le Coinage Act qui mettait fin au bimétallisme même si les partisans de l’argent restèrent influents notamment au sein du parti démocrate jusqu’à la fin du xixe siècle198. Le second mandat de Grant fut marqué par un profond marasme économique. En , la banque d’investissement Jay Cooke & Co de l’homme d’affaires Jay Cooke ne parvint pas à vendre les actions de la compagnie ferroviaire Northern Pacific Railway, et fit faillite199. Cette banqueroute provoqua une panique qui se répercuta sur de nombreuses entreprises199. Le , la bourse de New York suspendit les transactions pendant dix jours200. Sans grande expérience dans la finance, Grant se rendit à New York pour consulter les principaux banquiers et hommes d’affaires du pays201. Le président considérait que, comme pour l’effondrement du cours de l’or en 1869, la panique n’était qu’une fluctuation passagère du marché qui n’affecterait que les courtiers et les banquiers202. Il répondit avec prudence et le secrétaire au Trésor William Adams Richardson émit pour environ 70 millions de dollars (environ 130 milliards de dollars de 2012171) d’obligations pour injecter de l’argent dans le système. Cela permit de mettre fin à la panique mais ce qui fut appelé la Grande Dépression se poursuivit jusqu’à la fin de la décennie201.

Après la panique, le Congrès débattit d’une politique inflationniste pour stimuler l’économie et adopta une loi en ce sens le . Les agriculteurs et les ouvriers étaient favorable à cette législation qui mettrait en circulation 64 millions de dollars (environ 120 milliards de dollars de 2012171) en greenbacks mais les banquiers de la côte est y étaient opposés203. À la surprise générale, Grant mit son veto au texte en avançant qu’il anéantirait l’épargne de la nation204. Cette décision lui valut le soutien de la faction conservatrice du Parti républicain et marqua le début de l’adhésion du parti à un dollar fort adossé à l’or204. Le président fit par la suite pression sur le Congrès pour qu’il renforce le dollar en réduisant progressivement le nombre de greenbacks en circulation. Les élections législatives de 1874 furent calamiteuses pour les républicains qui perdirent le contrôle de la Chambre des représentants ; le Congrès lame duck adopta un texte en ce sens et Grant signa le Specie Payment Resumption Act le 204.

Scandales[modifier | modifier le code]

Photographie D'Un Homme Moustachu Et Barbu En Uniforme Assis Dans Un Fauteuil

Le secrétaire personnel de Grant, Orville Elias Babcock, fut impliqué dans plusieurs des scandales de son administration.

Grant fut président durant le Gilded Age (« Période dorée »), une époque où l’économie était ouverte à la spéculation et où l’expansion vers l’Ouest générait une large corruption dans l’administration. Les scandales comme celui du Crédit Mobilier affectaient tous les niveaux de l’administration fédérale ; les départements de l’Intérieur et du Trésor furent particulièrement touchés par ces affaires qui provoquèrent de nombreux conflits entre les réformateurs et les hommes politiques corrompus205. Bien que personnellement honnête, Grant avait du mal à discerner les fautes de ses associés. Son fils Ulysses Jr. indiqua ainsi que son père était « incapable de croire que ses amis pouvaient être malhonnêtes206 ». Son sens de la loyauté issu de son passé militaire, le poussait à protéger ses subordonnés contre des attaques qu’il jugeait injustes, et ce aux dépens de sa réputation, à moins que les preuves ne soient écrasantes207.

Durant le second mandat de Grant, la corruption du département du Trésor fut révélée lors de l’affaire Sanborn du nom de John D. Sanborn, un ami du représentant du Massachusetts et ancien général Benjamin Butler, qui fut engagé pour collecter les impôts impayés en échange de la moitié des sommes obtenues208. Si cette pratique de l’Internal Revenue Service appelée moiety n’était pas illégale, 50 % était un pourcentage exorbitant et les inspecteurs du Trésor reçurent l’ordre de ne pas intervenir dans les cas litigieux pour que Sanborn puisse les « découvrir » et accroître ses gains208; Ce dernier obtint ainsi près de 213 000 $ (environ 4,1 millions de dollars de 201227) et en partagea près de 156 000 $ avec ses associés. Lorsque le scandale fut révélé, Sanborn refusa de donner les noms de ses partenaires et si Butler et le secrétaire au Trésor Richardson furent soupçonnés d’avoir touché de l’argent, aucune preuve ne vint étayer ces accusations. Grant remplaça Richardson en 1874 par le réformateur Benjamin Bristow209 et pour éviter d’autres affaires, la pratique du moiety fut abolie la même année205.

Immédiatement après sa nomination, Bristow lança une série de réformes209,210 et mit au jour ce qui fut appelé le Whiskey Ring ; depuis l’administration Lincoln, les distilleries du Midwest soudoyaient les fonctionnaires pour ne pas payer d’impôts et près de deux millions de dollars (environ 43 millions de dollars de 2012171) échappaient chaque année à l’administration fiscale209. Ayant obtenu le soutien de Grant qui demanda « qu’aucun coupable ne s’échappe », Bristow prit des mesures fortes pour faire fermer les distilleries corrompues et arrêter les principaux membres de l’organisation210. Sur les 238 accusés, 110 furent condamnés et des millions de dollars furent récupérés210. Quand il fut révélé que Babcock était impliqué dans le scandale, Grant tenta néanmoins de le protéger contre ce qu’il jugeait être une chasse aux sorcières211. Grant refusa d’accorder l’immunité aux participants mineurs du Whiskey Ring mais cela compliqua les travaux de l’accusation menée entre autres par John B. Henderson car leurs témoignages étaient nécessaires pour faire identifier tous les protagonistes210. Cela et le témoignage de Grant en faveur de Babcock lors de son procès210, poussèrent certains à avancer que le président essayait de protéger ses soutiens car de nombreux républicains furent impliqués dans le scandale. Sous la pression populaire, il renvoya Babcock de la Maison-Blanche après son acquittement en 1876211. Plusieurs condamnés furent par la suite graciés par Grant210.

Dessin Représentant Un Grand Tonneau Possédant Un Visage Face À Oncle Sam. À L'Arrière-Plan, Un Tonneau Anthropomorphisé Marche Avec Un Boulet Au Pied Vers Une Porte Surmontée D'Une Déclaration De Bristow Indiquant Que Les Enquêtes Iront Jusqu'Au Bout.

Dessin du journal Harper’s Weekly concernant les investigations sur le Whiskey Ring intitulé Probe Away (« Enquête ailleurs »)

Les scandales dans l’administration s’accumulèrent alors que le Congrès lança plusieurs enquêtes pour corruption dont la plus notable fut celle concernant les postes de traite de l’Ouest. Situés dans les camps militaires, ils servaient de comptoirs commerciaux avec les Amérindiens et le secrétaire à la Guerre William W. Belknap fut accusé de vendre ces concessions en échange d’une part des profits212. Il démissionna le  mais la Chambre des représentants décida malgré tout de lancer une procédure d’impeachment213; il ne fut cependant pas jugé par le Sénat qui estima que cela ne relevait plus de sa juridiction car il avait quitté ses fonctions213. Le Congrès enquêta également sur le secrétaire à la Marine George M. Robeson après qu’il eut reçu des pots-de-vin de constructeurs maritimes mais il n’y eut pas de procédure de destitution214.

L’initiative de réforme de la fonction publique eut quelques succès et l’administration instaura un système de nomination au mérite pour limiter le clientélisme215,190. Le Congrès refusa néanmoins de légiférer pour pérenniser ces réformes et le secrétaire à l’intérieur Columbus Delano obtint que son département soit exempté de la mise en place de concours. Delano fut par la suite contraint à la démission après avoir accordé frauduleusement des terrains et avoir obtenu que son fils soit chargé d’études cartographiques pour lesquelles il n’avait aucune qualification216; le nouveau secrétaire Zachariah Chandler prit rapidement des mesures pour réformer le département207,190,189. Grant nomma les réformateurs Edwards Pierrepont et Marshall Jewell respectivement aux postes de procureur général et de postmaster general217,218; en 1875, le premier éradiqua la corruption au sein des marshalls et des procureurs dans le Sud219. Grant suggéra également d’autres réformes comme la gratuité de l’éducation pour tous les élèves et l’amendement Blaine qui aurait empêché toute aide gouvernementale aux institutions éducatives à vocation religieuse220.

Administration[modifier | modifier le code]

Peinture À L'Huile De Grant En Costume Avec Un Nœud Papillon Assis Dans Un Fauteuil En Velours.

Portrait officiel de Grant par Henry Ulke

Cabinet Grant
Fonction Nom Dates
Président Ulysses S. Grant 1869-1877
Vice-président Schuyler Colfax 1869-1873
Henry Wilson 1873-1875
Aucun 1875-1877
Secrétaire d’État Elihu B. Washburne 1869
Hamilton Fish 1869-1877
Secrétaire au Trésor George S. Boutwell 1869-1873
William Adams Richardson 1873-1874
Benjamin Bristow 1874-1876
Lot M. Morrill 1876-1877
Secrétaire à la Guerre John A. Rawlins 1869
William W. Belknap 1869-1876
Alphonso Taft 1876
J. Donald Cameron 1876-1877
Procureur général Ebenezer R. Hoar 1869-1870
Amos T. Akerman 1870-1871
George H. Williams 1871-1875
Edwards Pierrepont 1875-1876
Alphonso Taft 1876-1877
Secrétaire à l’Intérieur Jacob D. Cox 1869-1870
Columbus Delano 1870-1875
Zachariah Chandler 1875-1877
Postmaster General John Creswell 1869-1874
James W. Marshall 1874
Marshall Jewell 1874-1876
James Noble Tyner 1876-1877
Secrétaire à la Marine Adolph E. Borie 1869
George M. Robeson 1869-1877

Nominations judiciaires[modifier | modifier le code]

Photographie D'Un Homme Avec Une Épaisse Barbe Poivre Et Sel

Nommé juge en chef par Grant, Morrison Waite cassa plusieurs lois fédérales adoptées durant la Reconstruction pour protéger les Afro-Américains.

Grant nomma quatre juges à la Cour suprême. En 1869, le juge assesseur Robert C. Grier (en) prit sa retraite et le Congrès ajouta un neuvième siège à la Cour221. Grant proposa l’ancien secrétaire à la Guerre Edwin M. Stanton et le procureur général Ebenezer R. Hoar mais aucun des deux ne prit ses fonctions222. Le choix de Stanton fut approuvé mais il mourut avant de prêter serment tandis que Hoar était peu apprécié du Sénat et sa nomination fut rejetée222. Après une réunion du Cabinet, Grant soumit deux nouveaux noms : William Strong (en) et Joseph P. Bradley (en). Le premier était un ancien juge de la cour suprême de Pennsylvanie qui s’était retiré pour devenir avocat tandis que le second était également un juriste mais dans le New Jersey. Les deux nominations furent facilement approuvées223.

Après la réélection de Grant, une autre vacance apparut avec la retraite du juge assesseur Samuel Nelson (en)224. Grant présenta Ward Hunt (en), le juge en chef de la cour d’appel de New York, dont la nomination fut approuvée en 1873224. À la mort du juge en chef Salmon P. Chase en , Grant offrit la fonction au sénateur Conkling qui la refusa tout comme son collègue du Wisconsin, Timothy O. Howe225. Le président se tourna sans succès vers Hamilton Fish et envisagea de présenter l’ancien représentant du Massachusetts, Caleb Cushing, avant de soumettre le nom du procureur général George H. Williams224. Le Sénat avait cependant une piètre estime de son passage au département de la Justice et refusa d’étudier sa candidature ; Grant maintint son choix mais Williams demanda que son nom soit retiré en 224. Fish suggéra de présenter à nouveau Hoar mais Grant se décida à nommer Cushing. Ce dernier était un juriste éminent et respecté dans son domaine mais la révélation de sa correspondance avec Jefferson Davis durant la guerre de Sécession condamna sa nomination224. Le président se tourna alors vers Morrison Waite, un juriste respectable bien que peu connu de l’Ohio qui avait travaillé sur l’affaire des revendications de l’Alabama226. Le Sénat approuva ce choix à l’unanimité le  ; sous son impulsion, la Cour prononça deux arrêts (United States v. Cruikshank et United States v. Reese) qui cassèrent plusieurs lois adoptées durant la Reconstruction pour protéger les droits des Afro-Américains225.

En plus de ces nominations à la Cour suprême, Grant nomma dix juges à des cours de circuit et 32 juges à des cours fédérales de district. Avec un total de 46 nominations, il fut le premier président à nommer plus de juges que Georges Washington227.

Élection de 1876[modifier | modifier le code]

En 1876, l’accumulation des scandales et les succès électoraux des démocrates poussèrent de nombreux républicains à se distancer de Grant228,229. Certains craignaient qu’il ne veuille briguer un troisième mandat et beaucoup voulaient mettre fin au « Grantisme »228. Grant ne chercha cependant pas la nomination républicaine et comme le représentant James G. Blaine du Maine ne parvenait pas à s’imposer, la convention se tourna vers le gouverneur de l’Ohio, Rutherford B. Hayes ; les démocrates choisirent le gouverneur Samuel J. Tilden de l’État de New York. L’élection fut entachée de larges fraudes dans plusieurs États du Sud et l’incapacité à départager les candidats provoqua une crise constitutionnelle230. Grant demanda au Congrès de régler la question par la voie législative sans blâmer l’un ou l’autre des partis231. Il mobilisa l’armée en Louisiane et en Caroline du Sud232 mais assura que cela était uniquement destiné à maintenir l’ordre et non à faire pression en faveur d’un résultat. Il approuva la formation d’une commission électorale pour déterminer le vainqueur de l’élection mais celle-ci fut incapable de se prononcer car aucun des deux partis n’acceptaient sa composition233,234. Le jour de l’investiture approchant et pour éviter que la situation ne dégénère, les chefs des deux camps signèrent le compromis de 1877. Hayes fut proclamé président et en échange, il retira les dernières troupes fédérales encore présentes dans les États du Sud235. Les républicains avaient gagné mais la Reconstruction était terminée.

Retraite[modifier | modifier le code]

Photographie De Grant Debout, En Costume Et Tenant Un Haut-De-Forme

Photographie de Grant à une date inconnue

Tour du monde[modifier | modifier le code]

Après avoir quitté la Maison-Blanche, Grant et sa famille résidèrent chez des amis à New York, dans l’Ohio et à Philadelphie pendant deux mois avant d’entreprendre un tour du monde236. Ce voyage, qui dura deux ans, commença à Liverpool en Grande-Bretagne en  où de grandes foules accueillirent l’ancien président et son entourage237. Le couple dîna avec la reine Victoria au château de Windsor et Grant donna plusieurs discours à Londres238. Ils se rendirent ensuite en Belgique, en Allemagne et en Suisse avant de revenir au Royaume-Uni où ils passèrent quelques mois avec leur fille Nellie qui avait épousé un Britannique et s’était installée en Grande-Bretagne quelques années auparavant. Grant et son épouse visitèrent la France et l’Italie et passèrent Noël 1877 à bord du sloop USS Vandalia amarré dans le port de Palerme239. Après un séjour hivernal en Terre sainte, ils visitèrent la Grèce avant de revenir en Italie pour une rencontre avec le pape Léon XIII240. À la suite d’un voyage en Espagne, ils se rendirent à nouveau en Allemagne ; Grant rencontra le chancelier allemand Otto von Bismarck et les deux hommes échangèrent sur les questions militaires241.

Après une autre visite en Angleterre et en Irlande, le couple quitta l’Europe et traversa le canal de Suez en direction de l’Inde britannique. Ils visitèrent Bombay, Lucknow, Bénarès et Delhi où ils furent à chaque fois accueillis par les représentants de l’administration coloniale242. Après l’Inde, ils se rendirent en Birmanie, au Siam où Grant rencontra le roi Rama V, à Singapour et au Viêt Nam243. À Hong Kong, Grant commença à changer d’avis sur le colonialisme en estimant que la domination britannique n’était pas « purement égoïste » mais également bénéfique pour les sujets locaux242. Le couple entra ensuite réellement en Chine et visite Canton, Shanghai et Pékin. Grant déclina une rencontre avec l’empereur Guangxu alors âgé de seulement sept ans mais échangea avec le régent, le prince Gong (en), et le général Li Hongzhang244. Au Japon, Grant rencontra l’empereur Meiji mais le couple avait le mal du pays245.

Ils traversèrent le Pacifique et arrivèrent à San Francisco en 246. Après une visite du parc de Yellowstone, ils rentrèrent finalement à Philadelphie le 247. Ce voyage avait capturé l’imagination du public notamment grâce aux articles de John R. Young dans le New York Herald. Les républicains, et en particulier les stalwarts exclus de l’administration Hayes en raison de leur opposition aux réformes de la fonction publique, voyaient Grant sous un nouveau jour248. Hayes ayant prévenu qu’il ne souhaitait réaliser qu’un seul mandat, la nomination républicaine pour l’élection présidentielle de 1880 était ouverte et beaucoup estimaient que Grant était un candidat sérieux248.

Élection de 1880[modifier | modifier le code]

Caricature Représentant Grant Se Tenant À Des Anneaux Et Des Trapèzes Portant Les Noms De Scandales Politico-Financiers. Il Tient Entre Ses Dents Une Sangle Appelée Où Se Trouve Inscription « Corruption » Et Plusieurs De Ses Soutiens D'Y Accrochent Avec Des Poids Appelés « Népotisme » Ou « Fraude ».

Caricature de 1880 du magazine Puck proche des démocrates sur le soutien de Grant aux réseaux de corruption de ses associés.

Les stalwarts menés par le vieil allié politique de Grant, Roscoe Conkling, voyaient la nouvelle popularité de l’ancien président comme un moyen pour leur faction de revenir au pouvoir. Leurs opposants dénonçaient la violation de la règle des deux mandats qui était la norme depuis George Washington ; Grant ne fit aucune déclaration publique mais encouragea ses partisans en privé249. Elihu B. Washburne le pressa de se présenter mais il resta évasif et déclara qu’il serait ravi qu’un républicain gagne même s’il préférait James G. Blaine à John Sherman250. Conkling et John A. Logan commencèrent néanmoins à rassembler les délégués en faveur de Grant et au début de la convention républicaine à Chicago en juin, Grant avait plus de soutien que n’importe quel autre candidat même s’il n’avait pas la majorité250.

Conkling présenta la candidature de Grant avec un discours enthousiaste dont le passage le plus connu est : « Quand on nous demande de quel État il est originaire, notre seule réponse est : il vient d’Appomattox250 ». Le premier tour vit Grant rassembler 304 votes contre 284 pour Blaine, 93 pour Sherman et 74 pour d’autres candidats251; 370 voix étaient nécessaires pour obtenir la nomination mais les tours suivants donnèrent à peu près les mêmes résultats. Pour sortir de l’impasse, les délégués de Blaine et des autres prétendants se tournèrent vers un candidat de compromis, le représentant de l’Ohio et sénateur-élu James A. Garfield qui fut choisi au 36e tour252.

Grant fit plusieurs discours pour Garfield mais refusa de critiquer le candidat démocrate, Winfield S. Hancock, un général qui avait servi sous ses ordres dans l’armée du Potomac253. Le jour de l’élection, Garfield remporta de justesse le vote populaire mais disposait d’une confortable avance au Collège électoral. Grant apporta publiquement son soutien au nouveau président et lui demanda d’inclure des stalwarts dans son administration254.

Aventures commerciales[modifier | modifier le code]

Même s’il fut réussi, le tour du monde de Grant fut également ruineux et à son retour aux États-Unis, il avait dépensé la plus grande partie de ses économies255. Deux de ses riches amis, George W. Childs et Anthony J. Drexel, lui achetèrent une résidence dans l’Upper East Side de Manhattan à New York256. Grant travailla avec Jay Gould et l’ancien secrétaire des finances mexicain Matías Romero pour le compte de la compagnie ferroviaire Mexican Southern Railroad qui envisageait de réaliser une voie ferrée entre Oaxaca et Mexico256. Il utilisa également son influence pour convaincre le nouveau président Chester A. Arthur, qui avait succédé à Garfield après son assassinat en 1881, de signer un accord de libre-échange avec le Mexique. Arthur et le gouvernement mexicain y étaient favorables mais le Sénat américain rejeta le texte en 1883256.

Au même moment, le fils de Grant, Ulysses Jr. avait créé une banque d’affaires avec Ferdinand Ward. Ce dernier était considéré comme un génie de la finance et la société, Grant & Ward, connut un succès rapide257. L’ancien président rejoignit l’entreprise en 1883 et y investit personnellement 100 000 $ (environ 2,3 millions de dollars de 201227)258. Le succès de la firme attira les investisseurs qui y achetaient des sûretés puis les utilisaient comme collatéraux pour emprunter de l’argent et acquérir de nouvelles sûretés. Grant & Ward hypothéquait ensuite ces sommes comme collatéraux pour pouvoir créer de nouvelles sûretés, ce qui était illégal259. Si les ventes étaient bénéficiaires, il n’y avait aucun problème ; dans le cas inverse, plusieurs prêts devraient être remboursés avec le même collatéral. Les historiens estiment que Grant ignorait tout des pratiques douteuses de Ward mais l’ignorance de son fils est moins certaine. En , la situation de la société était très défavorable et Ward réalisa qu’elle ferait rapidement faillite. Il informa Grant de ces difficultés mais suggéra qu’il ne s’agissait que d’un revers temporaire260. Grant approcha l’homme d’affaires William H. Vanderbilt qui accepta de lui accorder un prêt de 150 000 $261. Cet apport d’argent ne fut cependant pas suffisant pour éviter la banqueroute de la banque. Complètement ruiné mais poussé par le sens de l’honneur, Grant remboursa néanmoins son créancier avec ses souvenirs de la guerre de Sécession ; même si leur valeur était inférieure à celle du prêt, Vanderbilt insista pour considérer que la dette était réglée260.

Mémoires et mort[modifier | modifier le code]

Photographie De Grant Dans Un Fauteuil En Osier Sur Le Perron D'Une Maison Écrivant Sur Un Calepin. Il Est En Costume Mais Une Couverture Est Posée Sur Ses Jambes, Il A Un Bonnet Et Un Foulard Cachant Une Partie De Son Visage.

Grant travaillant sur ses mémoires en 1885

Grant avait abandonné sa pension militaire quand il était devenu président mais le Congrès lui accorda à nouveau le grade de général de l’armée avec retraite complète en 262. À la même période, il apprit qu’il souffrait d’un cancer de la gorge263,264. Pour restaurer les finances de sa famille, il rédigea plusieurs articles payés 500 $ chacun (environ 12 300 $ de 201227) sur ses campagnes de la guerre de Sécession dans le Century Magazine. Les critiques furent favorables et l’éditeur Robert U. Johnson, proposa qu’il écrive ses mémoires, ce qu’avaient fait avec succès d’anciens généraux dont Sherman265.

Grant s’attela à la tâche et demanda à son ancien officier d’état-major, Adam Badeau, de vérifier ses écrits. Son fils Frederick l’aida dans ses recherches et pour la relecture. Le Century Magazine lui fit une offre avec des redevances de 10 % mais son ami Mark Twain lui présenta une autre proposition dans laquelle il recevrait 75 % des profits ; Grant signa rapidement avec la société d’édition Charles L. Webster & Co. de Twain266. Il travailla frénétiquement à la rédaction de ses mémoires dans sa résidence new-yorkaise puis dans une maison de campagne près de Wilton dans les monts Adirondacks et les termina peu avant de mourir le 267. Le livre, intitulé Personal Memoirs of Ulysses S. Grant connut un grand succès et les deux volumes se vendirent à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires ; Julia Grant reçut environ 450 000 $ (environ 11,7 millions de dollars de 201227) en redevances266. Grant était un auteur habile et efficace qui se représenta comme un honorable héros de l’Ouest dont les forces étaient l’honnêteté et la franchise. L’autobiographie avait une structure inhabituelle car sa jeunesse et sa présidence n’étaient que survolées, à l’inverse de sa carrière militaire. Le style, concis et clair, était également à l’opposé de la tendance victorienne pour les tournures élaborées268. Le public, les critiques littéraires et les historiens militaires saluèrent l’ouvrage que Twain qualifia de « chef-d’œuvre littéraire » et compara aux Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César269. Après avoir étudié les critiques favorables dont celles de Matthew Arnold et d’Edmund Wilson, l’écrivain Mark Perry qualifie ces mémoires de « plus importante œuvre » américaine de non-fiction270.

Retiré en un lieu aujourd’hui appelé Grant Cottage, l’ancien président mourut le  à l’âge de 63 ans271. Sheridan, devenu Commanding General of the Army, ordonna une journée d’hommage en son honneur dans tous les camps militaires et le président Grover Cleveland décréta trente jours de deuil. Après une cérémonie privée, sa dépouille fut emmenée en train à West Point puis à New York où près de 250 000 personnes défilèrent devant son cercueil pendant les deux jours qui précédèrent son inhumation272. Des dizaines de milliers de « vétérans » (anciens combattants) accompagnèrent le cortège funèbre jusqu’à Riverside Park272. Parmi les porteurs de cercueil figuraient les généraux de l’Union Sherman et Sheridan, les généraux confédérés Buckner et Johnston et l’amiral Porter272. La dépouille de Grant fut inhumée dans une tombe temporaire puis dans un sarcophage situé dans l’atrium du General Grant National Memorial achevé en 1897 ; avec 50 mètres de haut, il est le plus grand mausolée d’Amérique du Nord. Près d’un 1,5 million de personnes assistèrent à ce transfert272 et des cérémonies furent également organisées dans les principales villes du pays tandis que les eulogies de la presse le comparaient à George Washington et Abraham Lincoln273.

Héritage[modifier | modifier le code]

Photographie D'Un Grand Monument De Base Cubique Surmontée Par Une Partie Cylindrique À Colonnades Au Sommet De Laquelle Se Trouve Un Toit Conique. Plusieurs Cuirassés Sont Visibles Dans Le Fleuve À L'Arrière-Plan.

Des cuirassés remontent l’Hudson derrière le mémorial de Grant en 1919.

Peu de présidents ont vu leur réputation évoluer aussi radicalement que Grant274. Après sa mort, il était considéré comme « un symbole de l’identité nationale et de la mémoire américaine275 » et des millions de personnes assistèrent à ses funérailles et à l’inauguration de son mausolée en 1897275. Certains spécialistes commencèrent cependant rapidement à présenter son administration comme la plus corrompue de l’histoire américaine276. Les nordistes qui cherchaient à réconcilier la nation déformèrent la réputation de Grant en considérant que les motivations de l’Union et de la Confédération étaient moralement équivalentes277. Dans les années 1930, le biographe William B. Hesseltine nota que la réputation de Grant déclina car « ses ennemis ont mieux écrit que ses amis278 ». En 1931, le Dictionary of American Biography loua la vision militaire de Grant et son exécution de cette stratégie pour vaincre la Confédération mais la partie consacrée à sa carrière politique était plus nuancée279. Concernant les scandales, les auteurs écrivirent qu’« ils n’ont jamais touché personnellement Grant de quelque manière que ce soit mais ils frappèrent si fréquemment des personnes proches de lui qu’il lui en coûta son honneur d’admettre son mauvais goût dans le choix de ses associés280 ». En 1981, William S. McFeely remporta le prix Pulitzer pour sa biographie peu flatteuse qui se concluait par : « Il ne s’éleva pas au-delà de ses talents limités ou inspira les autres de sorte que son administration soit à l’honneur des politiques américaines281 ».

Photographie D'Une Statue Équestre En Bronze Située Sur Un Piédestal En Marbre. Ce Dernier Est Entouré De Quatre Statues De Lions Allongés Également En Bronze.

L’Ulysses S. Grant Memorial à Washington

Depuis 1990, les historiens ont adopté une opinion plus favorable en reconnaissant son implication dans la protection des Afro-Américains durant la Reconstruction ou sa « politique de paix » avec les Amérindiens même si ces mesures furent sans lendemain275. Cette évolution avait commencé dans les années 1960 avec l’analyse de sa carrière militaire par Bruce Catton qui modifia le consensus historique représentant Grant comme ayant remporté la victoire par la force brute en faveur de celui d’un commandant talentueux282. John Y. Simon écrivit au sujet de l’évaluation de McFeely : « L’échec de la présidence de Grant… reposa dans l’échec de sa politique de paix amérindienne et l’effondrement de la Reconstruction… Mais si Grant avait essayé et échoué, qui aurait pu réussir ?283 ». Il ajouta que si Grant n’était évalué que sur son premier mandat, il serait considéré comme l’un des plus grands présidents américains « dont on se souviendrait pour sa défense dévouée des droits des esclaves affranchis associée à sa conciliation avec les anciens confédérés, pour ses réformes dans la politique indienne et dans la fonction publique, pour la résolution des revendications de l’Alabama et pour l’apport de la paix et de la prospérité284 ».

De même Jean E. Smith écrivit dans sa biographie de 2001 que les qualités qui firent de Grant un grand général le portèrent en politique pour en faire, sinon un grand président, un président admirable285« Le lien est la force de caractère, une volonté indomptable qui ne céda jamais face à l’adversité… Il fit parfois des erreurs graves ; il simplifiait souvent à l’excès ; il voyait pourtant clairement ses objectifs et avança sans relâche dans leur direction286 ». En 2012, la biographie de H. W. Brands fut présentée par l’historien Eric Foner comme un « compte-rendu favorable des efforts déterminés et temporairement fructueux du président Grant pour écraser le Ku Klux Klan qui avait instauré un règne de terreur contre les anciens esclaves274 ». Brands résuma ainsi la carrière militaire et politique de Grant :

« En tant que général durant la guerre de Sécession, il vainquit la Confédération et détruisit l’esclavage qu’était la cause de la sécession. En tant que président durant la Reconstruction, il ramena le Sud dans l’Union. À la fin de sa vie, l’Union était plus solide qu’elle ne l’avait jamais été. Et personne n’a plus fait pour arriver à ce résultat que lui287. »

220Px 50 Usd Series 2004 Note Front

Grant sur le billet de 50 $ de la série 2004

220Px Grant 1890 2 5C

Timbre de 1890 à l’effigie de Grant

Plusieurs mémoriaux et lieux ont été nommés en hommage à Grant comme le Grant Park de Chicago, l’Ulysses S. Grant Memorial situé sur le National Mall de Washington face au Capitole ainsi que de nombreux comtés dans l’Ouest du pays. De 1890 à 1940, une partie de l’actuel parc national de Kings Canyon porta le nom de parc national du General Grant d’après le General Grant, le deuxième plus grand séquoia géant au monde. Certaines versions du char M3 Lee utilisé durant la Seconde Guerre mondiale portent son nom de même qu’un sous-marin nucléaire (en) lancé en 1963. Le portrait de Grant est présent sur les billets de 50 $ depuis 1913. En , l’université d’État du Mississippi a été choisie pour accueillir la bibliothèque présidentielle Ulysses S. Grant.

Ulysses S. Grant a été joué à l’écran par:

  • Donald Crisp dans le film muet Naissance d’une nation (1915)
  • E. Alyn Warren dans le film Abraham Lincoln (1930)
  • Guy Oliver dans le film Only the Brave (1930)
  • Hayden Rorke dans le film L’aigle solitaire (1954)
  • Stan Jones dans le film Les Cavaliers (1959)
  • Harry Morgan dans le film La Conquête de l’Ouest (1962)
  • William Bryant (en) dans la série Le Proscrit (1965)
  • Roy Engel dans la série Les Mystères de l’Ouest (1965-1969)
  • Jason Robards dans le film Le Justicier solitaire (1981)
  • Rip Torn dans la série The Blue and the Gray (1982)
  • Anthony Zerbe dans la minisérie Nord et Sud (1986)
  • James Gammon dans le téléfilm Lincoln (1988)
  • Jason Robards (voix) dans le documentaire The Civil War (1990)
  • Rod Steiger dans le téléfilm Lincoln (1992)
  • Dennis Lipscomb (en) dans la série Docteur Quinn, femme médecin (1994)
  • Kevin Kline dans le film Wild Wild West (1999)
  • Fred Thompson dans le téléfilm Bury My Heart at Wounded Knee (2007)
  • Aidan Quinn dans le film Jonah Hex (2010)
  • Jared Harris dans le film Lincoln (2012)
  • Victor Slezak (en) dans la série Hell on Wheels : L’Enfer de l’Ouest (2013)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ulysses S. Grant » (voir la liste des auteurs).
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Auréolé de sa stature de héros de guerre, Grant fut facilement choisi par la convention républicaine pour briguer la présidence et il remporta aisément l’élection. Durant cette période appelée la « Reconstruction », il s’efforça d’apaiser les tensions provoquées par la guerre de Sécession. Il encouragea l’adoption du 15e amendement de la Constitution garantissant les droits civiques des Afro-Américains et fit appliquer fermement ses dispositions dans le Sud, notamment en faisant appel à l’armée. Les démocrates reprirent néanmoins le contrôle des législatures sudistes dans les années 1870 et les Afro-Américains furent écartés du jeu politique pendant près d’un siècle. En politique étrangère, le secrétaire d’État Hamilton Fish régla la question des réclamations de l’Alabama avec le Royaume-Uni et évita que l’affaire Virginius ne dégénère avec l’Espagne. En 1873, la popularité de Grant s’effondra en même temps que l’économie américaine qui était frappée par la première crise industrielle de son histoire. Ses mesures furent globalement inefficaces et la dépression dura jusqu’au début des années 1880. En plus des difficultés économiques, son second mandat fut marqué par les scandales au sein de son gouvernement et deux membres de son cabinet furent accusés de corruption.

Après avoir quitté ses fonctions, Grant se lança dans un tour du monde de deux ans et tenta sans succès d’obtenir la nomination républicaine pour l’élection présidentielle de 1880. Ses mémoires, rédigées alors qu’il souffrait d’un cancer de la gorge, connurent un large succès critique et populaire et plus d’1,5 million de personnes assistèrent à ses funérailles en 1885. Admiré après sa mort, les évaluations historiques de sa présidence sont néanmoins devenues très défavorables en raison de la corruption de son administration ; son engagement en faveur des droits civiques et son courage dans la lutte contre le Ku Klux Klan sont cependant reconnus.

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