Mon ami,
Un fait horrible s’est produit en Eburnie. Je veux le tirer de la banalité des faits divers et en parler pour apaiser le douloureux frisson dont je suis secoué. Ce qu’il peut y avoir de plus crapuleux comme crime a eu lieu. Encore en Eburnie obsédée par 2020 et la lutte pour le fauteuil. Tu parles d’un crime !
Grâce, tel est son nom, est d’une fifille de trois ans vivant à Dimbokro dans le centre du pays. Dans cette ville qui attire depuis une semaine autant les lampions politiques que les feux des faits divers, Grâce, la petite fille de 3 ans a été violée par son kidnapper au point de causer la sortie de ses parties intimes, “broyées” par la rudesses des coups. Je décris l’acte et je tremble.
Les réseaux sociaux n’en reviennent pas. Hassan Hayek, un opérateur économique, qui a fait de la charité son credo, en a pleuré et a fini par écrire sa douleur :
“Ce que je viens de voir aujourd’hui est, je pense, un signe de la fin du monde. Un enfant de 3 ans sans aucune forme attirante violé et pénétré du vagin pour sortir de l’anus”.
Hassan Hayek
Crime rituel ? Méchanceté gratuite ? folie ? L’émoi est tellement glacial que certains appellent au rétablissement de la peine capitale. Oeil pour œil. Dent pour dent. Viol pour viol… Leurs appels resteront certainement sans échos, mais comment prévenir les enfants qui s’ébattent de la furie des pedo-criminels tapis dans l’ombre ?
Face à ce cauchemar, me sont revenus les faits décrits par le Prix Nobel 2018, Dr Denis Mukwege, gynécologue réparateur des femmes victimes de viols massifs à l’hôpital de Panzi à Bukavu dans le Congo en proie à des groupes sans loi.
“Un jour comme les autres, disait-il, l’hôpital a reçu un appel. Au bout du fil, un collègue en larmes implorait. ” S’il vous plait, envoyez-nous rapidement une ambulance. S’il vous plait. Dépêchez-vous. Ainsi nous avons envoyé une ambulance comme nous le faisons habituellement. Deux heures plus tard, l’ambulance est revenue. A l’intérieur, une petite fille de juste 18 mois. Elle saignait abondamment. Elle a été immédiatement emmenée en salle d’opération. Quand je suis arrivé, les infirmières toutes en larmes… La vessie du nourrisson, son appareil génital, son rectum étaient gravement endommagés par la pénétration d’un adulte. Nous prions en silence… “
Dans le Congo des factions rebelles comme en Cote d’Ivoire qui cherche un souffle, au Libéria comme en Afrique du Sud, au Nigeria comme au Cameroun sous l’emprise de Boko Haram, le viol des femmes et des enfants est devenu une arme de guerre et un crime trop banal…trop banalisé.
Dites-nous, ces pays ont-il touché le fond ? Peut-on s’étendre à pire ? La vie a-t-elle encore un sens ? Quelle valeur l’Afrique a-t-elle perdue ? Faut-il rétablir la pleine de mort ?
Ce sont des questions africaines ouvertes. Vos avis nous intéressent.
Paix sur Grâce qui s’est éteinte après avoir souffert le martyr du viol si jeune !
A vendredi.