Carrefour de l’Asie centrale, entouré par le Pakistan, l’Iran, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et la Chine, l’Afghanistan est depuis quarante ans le théâtre constant de conflits armés. Les talibans, un temps cantonnés dans leurs fiefs à majorité pachtounes au sud et à l’est, ont repris en août 2021 les rênes du pays. Ceci, après l’effondrement des forces gouvernementales et la fuite à l’étranger du président Ashraf Ghani. Comment les talibans ont-ils pu revenir à la tête de l’Etat alors que les derniers soldats américains n’ont même pas encore quitté le pays ?

Ces dernières années, pendant que les talibans se réorganisent et regagnent en puissance, les troupes occidentales, elles, se retirent progressivement du pays. En avril dernier, le président américain Joe Biden a confirmé le retrait définitif des soldats américains d’Afghanistan le 11 septembre prochain.

Profitant de ce vide, les talibans ont lancé une nouvelle offensive. Elle était rapide et a fait l’effet de surprise. Ils ont repris des zones et des villes importantes en quelques semaines. C’était une débâcle pour l’armée et la police officielle afghanes qui n’ont pas fait le poids.

Pour rappel, les talibans se sont affaiblis après leur chute, mais n’ont pas disparu. Ils se sont retranchés dans leurs fiefs de l’Est du pays le long de la frontière pakistanaise et ont profité de cette retraite pour se réorganiser et se réarmer. Politiquement, ils n’ont pas été évincés non plus. En 2004, la réconciliation était négociée, les talibans qui le souhaitaient ont bénéficié d’une amnistie et intégré la vie civile.

Ils ont donc remonté en puissance les années suivantes et se sont restructurés. Ils ont également montré leur force de frappe en perpétrant des attentats suicides, des enlèvements, une tentative d’assassinat du président Hamid Karzaï (en 2008). Dans les années 2010, ils ont reconquis progressivement certaines zones du pays jusqu’à reprendre la capitale ce 15 août. Presque 20 ans jour pour jour après en avoir été évincé.

Reste à savoir si les talibans vont être reconnus et légitimés comme interlocuteurs par les Etats du monde. Pour autant, le nouveau régime taliban ne sera pas forcément un Etat paria. Les Occidentaux ont des intérêts en Afghanistan et couper les ponts leur sera fatal. Même si les pays étrangers se hâtent à rapatrier les leurs, la Russie et la Chine ont maintenu, de leur côté, leur ambassade en Afghanistan.