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Prof Félix Iroko : « Il faut condamner les Africains pour la traite négrière »



Dans un entretien exclusif accordé à nos confrères de Bénin Web TV, le professeur Abiola Félix Iroko est revenu sur les déboulonnages de statues liées à l’histoire coloniale française ou à la traite négrière, suite à la mort de George Floyd le 25 mai dernier.

Il convient de rappeler que de la mort de l’Afro-Américain George Floyd (45 ans), aux États-Unis d’Amérique  a choqué le monde entier et a suscité une profonde indignation et des manifestations de protestation violentes. Depuis, la colère, les rassemblements et les émeutes se sont répandus dans tous les Etats-Unis, gagnant un écho international. Plusieurs statues liées à l’histoire coloniale française ou à la traite négrière ont été dégradées ou démolies dans plusieurs pays, américains comme européens, qui ont un passé colonial.

Dans ces échanges, le Professeur au département d’histoire et d’archéologie de l’université d’Abomey-Calavi (Bénin) est revenu sur la destruction des  statues liées à l’histoire. A la question de savoir l’enjeu des statues dans l’espace public, il répond : « Les statues dans l’espace public, quel que soit le pays, relèvent toujours d’une politique ostentatoire pour mettre en relief un fait historique important pour la population concernée et pour sa culture. C’est comme une question de marque identitaire. Une statue dans un musée n’a pas les mêmes significations que si elle est dans l’espace public. Dans l’espace public, c’est une politique d’ostentation. C’est une sorte de triomphalisme. C’est une façon pour ceux qui ont installé cette statue de glorifier le passé et de montrer l’importance de l’individu représenté par cette statue ».

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Au cours de l’entretien, nos confrères lui ont aussi demandé son avis sur « la place de l’Europe » au Sénégal qui a été rebaptisé par la municipalité de la ville de Gorée et devenue « Place de la Liberté et de Dignité humaine ».

Il répond en ses termes : Je soutiens totalement cette décision. Je déplore que cela n’ait pas eu lieu beaucoup plus tôt. Et il faut aussi déboulonner la statue du général Faidherbe [Louis Faidherbe, 3 juin 1818-1889, est une des grandes figures du colonialisme français qui a mené « une guerre d’extermination » au Sénégal, qui a abouti « à l’imposition d’un système d’oppression raciste », ndlr. Un monument lui a été consacré à Saint-Louis au Sénégal.]

Louis Léon César Faidherbe, régulièrement appelé Léon Faidherbe, n’était pas gouverneur du Sénégal. Il était gouverneur de l’AOF, entendu l’Afrique Occidentale Française basée au Sénégal. Sa statue en plein air dans le paysage me gêne un peu et je ne pense pas qu’il faille aller le jeter dans la mer, même si l’Océan est proche. Il faut la mettre dans un musée parce que le fait que Faidherbe ait résidé au Sénégal constitue un pan de l’évolution du Sénégal. Faidherbe était le colon par excellence.

Mais un fait me semble important. Lorsqu’on parle de la traite négrière, les gens n’accusent que les Blancs. Mais ils sont venus (en Afrique) en acheteur et nous (Africains) avons été des vendeurs. La plupart des esclaves ont été achetés en bonne et due forme à Ouidah (Ex-port négrier du Bénin). C’est le « yovogan » [le représentant des Blancs, ndlr], le représentant du roi qui fait gongonner la veille pour demander aux citoyens de venir vendre ce qu’ils ont (les esclaves). Cela signifie que la vente des esclaves n’était pas seulement un phénomène régalien. Le roi même en vendait. Le roi Adandozan (neuvième roi d’Abomey entre 1797 et 1818. Son nom, son règne et ses symboles ont été effacés de la tradition historique d’Abomey) a vendu la mère de son frère consanguin (prince Gakpe) devenu Guézo, par la suite.

Des Africains en ont donc profité. Il n’y a pas d’acheteurs sans vendeurs, nous (Africains) étions des vendeurs. Quand la traite a été supprimée, des Africains étaient contre l’abolition. Le Roi Kosoko de Lagos (Nigéria) était contre l’abolition à l’époque. Un roi de Dahomey dont je tais le nom était également contre l’abolition. La traite négrière qui a duré 4 siècles est un phénomène malheureux de longue durée qu’il faut ranger parmi les crimes contre l’humanité dont les Africains aussi sont en partie responsables. C’est une question de coresponsabilité. Ce n’est pas l’acheteur qu’il faut condamner, il faut condamner le vendeur aussi et davantage le vendeur parce que le vendeur a des liens d’affinité et de parenté avec celui qui est vendu. Parmi ceux qui ont été vendus et qui ont eu des descendances là-bas, beaucoup se sont retournés après l’abolition ».

Abiola Félix Iroko (74 ans) est un historien béninois, auteur de plusieurs ouvrages sur les civilisations africaines et l’esclavage en Afrique. Titulaire d’un doctorat de lettres et de sciences humaines de l’université Paris Panthéon-Sorbonne, Abiola Félix Iroko est Professeur au département d’histoire et d’archéologie de l’université d’Abomey-Calavi (Bénin). Il est, notamment, auteur de « La côte des esclaves et la traite atlantique : les faits et le jugement de l’histoire », parue en 2003 aux éditions « Nouvelle presse publications ». Il est également le président du Conseil Scientifique de l’université (HECM), Haute École de Commerce et de Management du Bénin.

 

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