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Pourquoi Donald Trump a gracié les rappeurs Lil Wayne et Kodak Black



DONALD TRUMP – L’un risquait une condamnation jusqu’à 10 ans de prison pour possession d’armes, l’autre purgeait une peine de 46 mois pour falsification de documents en vue d’acheter des armes. Mais Lil Wayne et Kodak Black ont bénéficié ce mardi 19 janvier d’une grâce présidentielle, au dernier jour du mandat de Donald Trump. Et si le Républicain a choisi ces deux rappeurs aux côtés de 71 autres personnalités, ce n’est pas par hasard.

Lil Wayne (Dwayne Carter de son vrai nom) et Kodak Black (Bill Kapri) font partie des rares artistes hip-hop à avoir affiché leur soutien au président au cours de ces derniers mois, apparemment séduits par son “plan Platine” qui avait pour ambition de “renforcer la prospérité économique des citoyens noirs”, dixit Donald Trump, mais visait surtout à convaincre les Noirs américains de se rallier à sa candidature face à Joe Biden.

“Le président Trump et son administration ont été des avocats infatigables de la communauté afro-américaine”, réagit ce mercredi 20 janvier Bradford Cohen, avocat des deux rappeurs qui connaît bien Donald Trump depuis sa participation à l’émission “The Celebrity Apprentice” en 2009, dans les colonnes du magazine musical Rolling Stone. “Ces grâces sont l’exemple parfait de cette administration qui suit ses réformes et ses engagements”.

Le 29 octobre dernier sur Twitter, Lil Wayne avait fièrement posté une photo de lui, tout sourire et pouce en l’air aux côtés de Donald Trump. “Je viens d’avoir une super réunion avec Donald Trump. En plus de ce qu’il a fait avec la réforme de la justice pénale, le ‘plan Platine’ va donner à la communauté une véritable appropriation politique. Il a écouté ce que nous avions à dire aujourd’hui et a assuré qu’il pouvait nous satisfaire et qu’il le ferait”, écrivait Lil Wayne dans un message partagé depuis quelque 300.000 fois.

“Ce post semble être la première pièce d’un effort en plusieurs étapes pour s’attirer les faveurs du président. L’objectif final? Une grâce présidentielle”, écrivait alors le Los Angeles Times.

Peu avant Lil Wayne, Kodak Black s’était lui aussi fendu d’un tweet sur le plan Platine, affirmant qu’il était “ce dont la communauté a besoin.” “Je veux apporter ma contribution à réformer la justice lorsque je sortirai”, affirmait-il encore depuis sa cellule qu’il ne devait pas quitter avant 2022.

Quelques semaines plus tôt, les stars du hip-hop 50 Cent et Ice Cube avaient rapidement effectué un rétropédalage après avoir participé à des réunions de travail ou affiché leur soutien au président alors candidat pour un nouveau mandat.

“Ils sont tous les mêmes jusqu’à ce que quelque chose change pour nous. Ils mentent tous, ils trichent tous, mais nous ne pouvons pas nous payer le luxe de ne pas négocier avec quiconque a le pouvoir, ou notre situation dans ce pays ne changera jamais”, avait réagi Ice Cube lorsque la directrice de campagne de Donald Trump révélait son implication dans l’élaboration de ce “plan Platine”.

“Votez pour Trump (…) Je m’en fiche que Trump n’aime pas les Noirs. 62%, t’as perdu l’esprit”, avait lui tweeté 50 Cent en réaction à la politique fiscale défendue par Joe Biden. “Ouais, je ne veux pas devenir 20 cents. 62%, c’est une très, très, mauvaise idée. Je n’aime pas ça!” Largement critiqué, le rappeur du Queens avait finalement retourné sa veste et envoyé Trump “se faire foutre” quelques jours plus tard.

Mais les liens entre les artistes hip-hop et Donald Trump n’ont pas toujours été si sensibles. Pendant plusieurs décennies, le business man à succès a été cité comme un exemple dans de nombreux textes de chansons.

En 2016, peu avant que Donald Trump ne devienne président des États-Unis, le projet Five Thirty Eight, en collaboration avec le site référence des paroles Rap Genius, avait recensé toutes les mentions faites de l’homme d’affaires en musique. De 1989 à 2016, Donald Trump était cité dans 266 chansons – contre seulement 92 pour Hillary Clinton ou sa famille à titre de comparaison.

Trump, icône du rap bling-bling

Outre la récurrence des mentions à Donald Trump, c’est la tonalité qui surprend. Le projet ne signale que 8 “références négatives”, toutes les autres étant largement élogieuses ou au moins neutres. En 1990, dans “I gotta say what up”, Ice Cube parlait déjà de “se faire plus d’argent que Donald Trump.” “Maintenant je suis payé – retrouve-moi à l’accueil de la Trump Tower”, disait fièrement 50 Cent dans “Crazy” en 2002.

“Je loge au Trump International Hotel: fais appel à moi, je n’ai jamais peur”, lançait encore Jay Z dans “What more can I say” en 2003. Et Jeezy de rapper en 2012: “Kilo dans le coffre, j’ai un kilo [de cocaïne, NDLR] dans le coffre, je suis le négro le plus riche de mon quartier, je suis Donald Trump”. De Rick Ross à Nicki Minaj, en passant par Busta Rhymes ou Mos Def, la liste de références positives est longue. Même Kendrick Lamar, depuis devenu un porte-parole de la lutte contre les violences policières, voulait “devenir un Trump” dans “Determined” en 2009.

“Il était une icône américaine du succès et de la fortune”, analyse le journaliste et activiste Bakari Kitwana, directeur des Rap Sessions, à ABC News. “Et c’était quelque chose d’apprécié, plus particulièrement au sein d’une communauté de personnes issues de classes sociales pauvres et de gens tenus à l’écart de l’économie américaine”.

Cette vidéo, réalisée en 2015 par nos confrères de l’édition américaine du HuffPost, recense ainsi “25 ans de Trump dans les paroles du hip-hop”:

 

Mais dès lors que Donald Trump s’est engagé en politique, le vent a tourné. De Eminem à T.I. en passant par The Game, mais aussi Jay Z, Snoop Dog ou Kendrick Lamar, de nombreux artistes continuent de faire référence au milliardaire, mais plus pour les mêmes raisons. Cette fois, ce sont ses prises de parole ou ses actions au gouvernement qui sont la cible des attaques.

“C’était la richesse et le succès, maintenant c’est le racisme et l’ignorance”

Interrogés par le projet Five Thirty Eight, les rappeurs du groupe Migos expliquent que dans le morceau “Bars”, ils parlaient “d’être riches et méritants” et se sentaient comme “les Donald Trump du quartier, de la rue”. Mais que “maintenant, plutôt que de dire que les gens ont de l’argent comme lui, ils disent qu’ils l’emmerdent, parce qu’il montre qui il est en tant que personne.”

Le rappeur Termanology, de son vrai nom Daniel Carrillo, évoque lui aussi l’évolution de la figure de Trump dans les textes hip-hop. “Nous ne savions pas que Trump allait devenir président, et nous ne savions pas qu’il allait agir ainsi. Cela nous a tous frappés par surprise et maintenant on ne sait plus où se mettre lorsqu’on entend nos propres références à un type qu’on pensait être cool. Ce n’était pas politique à l’époque”, explique-t-il à ABC News. “La chose la plus cool que vous pouviez faire, c’était être dans la Trump Tower. Ça symbolisait juste la richesse et le succès… Maintenant ça n’évoque plus du tout ça. Ça évoque le racisme et l’ignorance.”

Même Kanye West, fidèle sympathisant de Donald Trump depuis 2016, a préféré concourir contre le favori des républicains. Le 4 juillet dernier, jour de fête nationale, le mari de Kim Kardashian annonçait sa candidature à la Maison-Blanche.

En 2020, les artistes hip-hop qui admiraient toujours Donald Trump se comptaient sur les doigts d’une main. Seuls Lil Pump (l’interprète de “Gucci Gang” qui fait partie des soutiens de la grâce de Kodak Black d’après la Maison blanche), Waka Flocka Flame et donc Lil Wayne lui affichaient publiquement leur soutien. Il vient de leur rendre la pareille.

 

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