L’affaire qui fait la Une des médias depuis le début de cette semaine est sans doute le conflit entre deux pays voisins. Nous parlons du Rwanda et de la République démocratique du Congo (RDC).

La situation entre ces deux nations de l’Afrique Centrale, n’était pas au beau fixe avant que les choses ne prennent une autre tournure cette semaine. L’huile sur le feu était l’attaque du Rwanda contre un avion de chasse congolais.

La raison avancée par le gouvernement de Paul Kagame est la violation de leur espace aérien par l’aéronef en question. À cela, les dirigeants de la république démocratique du Congo ont nié avoir violé l’espace aérien rwandais et dit considérer cette attaque comme un « acte de guerre ».

Depuis ce moment, les deux nations sont sur le qui-vive et prêtes à réagir pour défendre et protéger l’intégrité de leur territoire. Il faut donc dire que c’est dans cette atmosphère de tensions que des précisions du président rwandais ont été données lors d’une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique.

1- Paul Kagame en droit d’attaquer le Congo « sans excuses ni préavis » ?

Le président de la république du Rwanda a affirmé qu’il a le droit d’intervenir (attaquer) le territoire congolais « sans excuses ni préavis ». Cela à cause de la menace que représentent les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) pour la sécurité de son pays. Ces derniers sont toujours en activité et intégrées à l’armée congolaises FARDC.

« La menace que fait peser sur notre sécurité l’activité d’un groupe imprégné de l’idéologie génocidaire comme les FDLR est clairement susceptible de nous amener à intervenir en territoire congolais, sans excuses ni préavis. », a déclaré le président rwandais ce vendredi 27 janvier 2023.

Kagame a montré son inquiétude vis-à-vis de l’activisme des FDLR. Il dit ne pas comprendre pourquoi ces forces n’ont pas encore été dissoutes, 29 ans après le génocide rwandais.

Surtout avec la présence de la mission de l’ONU (MONUSCO) déployée en RDC depuis longtemps. Allant dans le sens du génocide, Paul Kagamé a rassuré qu’une telle cruauté ne saurait se reproduire avant ou après sa mort.

« Le fait que nous jugions de notre responsabilité d’éradiquer ces individus où qu’ils se trouvent – et nul ne nous en empêchera – n’est que la conséquence de l’impuissance de ceux à qui cette tâche incombait en premier lieu. Car, je vous l’assure, de mon vivant et du vivant des générations futures, il n’y aura plus jamais de génocide au Rwanda. Dussions-nous pour cela nous battre avec des arcs, des lances et des pierres, cela n’arrivera plus. », affirme Paul Kagame.

On retient donc de ses déclarations que Kagame pourrait attaquer le Congo, à cause des FDLR qui n’ont pas été dissoutes et qui constituent une menace potentielle pour le Rwanda.

2- Paul Kagame se prononce sur les accusations de soutien aux rebelles du M23

Au cours de l’interview, le président Kagame n’a pas nié en totalité les accusations portées contre lui. En effet, il est accusé par la République Démocratique du Congo et la communauté internationale, dont l’ONU, de soutenir les rebelles du Mouvement terroriste M23, notamment en hommes et logistique.

Selon lui, la question de soutien ou non ne devrait pas se poser. Ce sur quoi il faut s’interroger, c’est la raison qui justifierait son intervention sur le sol congolais.

« L’accusation selon laquelle j’interviendrais au C0ngo m’importe peu. Ce n’est ni la première ni la dernière. L’important est de savoir pourquoi j’interviendrais. Si vous ne vous posez pas cette question, vous passez à côté de l’essentiel. Or la réponse est simple… Quand vous êtes agressé, vous n’attendez pas les instructions de votre agresseur ou de son protecteur pour savoir comment réagir. », affirme-t-il.

Ce qui est dorénavant clair, c’est la détermination du Rwanda de combattre les FDLR où qu’elles soient. Or, on n’est pas sans savoir que ces forces ont été intégrées à l’armée congolaise. Les choses se corsent visiblement.

« Les FDLR sont intégrées au sein même des FARDC [Forces armées de RDC] et c’est bien là que le bât blesse. Cet état de fait ne nous empêche pas pour autant de revendiquer notre droit légitime à aller éteindre l’incendie à sa source, quel que soit l’endroit où celle-ci se trouve, avec ou sans le consentement de qui que ce soit. Jamais le Rwanda n’est intervenu au C0ngo pour tenter de résoudre une situation qui ne préexistait pas à son intervention et qui ne concernait pas sa propre sécurité. », a-t-il soutenu.

3- La contradiction dans les propos de Paul Kagame ?

Pendant l’interview avec Jeune Afrique, le président rwandais a affirmé qu’il a eu à parler avec des chefs du M23. Il les avait même demandés de cesser les affrontements et de se retirer. Ces derniers ne s’étaient pas opposés à cette demande.

Sauf que les Forces armées de la RDC en ont profité pour attaquer les rebelles, ce qui a encore ramené la situation au point mort.

« J’ai donc fait passer des messages d’apaisement au M23, en demandant à ses chefs de cesser le combat et de se retirer de localités qu’ils occupaient. Ce qu’ils ont accepté. Le problème, c’est que l’armée congolaise en a profité pour les attaquer, avant d’être une nouvelle fois défaite. », déclare-t-il.

Selon les informations dont nous disposons, les propos déclarés par le président rwandais seraient en contradiction avec ce qu’il avait dit en juillet 2020, au micro de Jeune Afrique. C’était au moment où les choses semblaient allées mieux entre le Rwanda et la RDC.

La contradiction se situerait à deux niveaux

 La première est en lien avec des troupes rwandaises qui seraient présentes en RDC. D’après certains rapports des ONGDH et de la société civile cités par un média, « des troupes rwandaises seraient présentes dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu pour des groupes rebelles ». Paul Kagame avait dit à ce sujet qu’il ne serait pas « concevable que nous ayons des troupes dans ce pays sans son accord préalable ».

La seconde se situe au niveau du fait qu’il avait déclaré que les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) ne constituent pas une véritable menace pour le Rwanda. « Leur capacité de nuisance intrinsèque est faible », avait-il affirmé.

Alors qu’aujourd’hui, les FDLR constituent une menace pour la sécurité du Rwanda, selon le président.  La grande question est celle de savoir ce qui a changé.