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Parlement européen: petits dîners entre amis des énergies fossiles



Le Forum européen de l’énergie multiplie les invitations à dîner pour faire se croiser députés européens et industriels. Mission d’information ou lobbying pro-énergies fossiles ? Petit voyage dans une « zone grise » du lobbying bruxellois.

 

Bruxelles (Belgique), correspondance.– Le dîner-débat a eu lieu le 17 février, au Parlement européen, avant que tout ne soit chamboulé par le coronavirus. Au menu, une brochette de députés, d’attachés des représentations permanentes des États membres et de fonctionnaires réunis autour d’un thème d’une actualité brûlante : le rôle du gaz et du pétrole dans le « Green deal » européen.

L’objectif de la soirée : échanger avec la présidence croate du Conseil de l’Union européenne, ainsi qu’avec Guido Bortoni, le conseiller senior de la direction générale Énergie de la Commission européenne, le tout sous le patronage de Jerzy Buzek, député européen polonais né en 1940, membre du Parti populaire européen (PPE, droite, premier parti en nombre d’élus) et ancien président du Parlement.

Voilà pour les présentations. Des députés qui s’informent, au Parlement européen, quoi de plus normal, a priori ? A priori seulement. Car l’organisation de ce raout énergétique fait grincer quelques dents, surtout du côté des activistes de l’environnement. Pour Sylvia Pastorelli, de l’ONG Greenpeace, qui s’est invitée à la soirée du 17 février, « c’est un événement organisé par l’industrie fossile dont le but est de présenter le gaz naturel comme un partenaire de la transition climatique, alors qu’il s’agit d’une énergie fossile, responsable de fortes émanations de gaz à effet de serre. L’objectif de l’industrie, à travers ce genre d’événement, est de chercher un soutien politique. Les invitations n’étaient adressées qu’aux lobbyistes de l’industrie et aux responsables politiques ».

L’organisateur de cet événement, c’est le Forum européen de l’énergie (EEF, pour European Energy Forum), un club de rencontres et de débats entre députés européens, fonctionnaires et représentants de l’industrie – production, transmission, distribution de gaz ou d’électricité. « L’appellation “Forum”, cela fait tout de suite très sérieux, voire institutionnel, mais c’est en fait une organisation privée au service d’intérêts privés », affirme, sous couvert d’anonymat, un ancien député social-démocrate, aujourd’hui membre de l’EEF. « C’est un lieu dominé par les lobbyistes, ajoute Gerben-Jan Gerbrandy, ex-eurodéputé libéral et lui aussi membre de l’EEF. La plupart des députés qui y siègent ne sont pas de fervents défenseurs d’une transition rapide vers un mix énergétique plus durable. »

Le Polonais Jerzy Buzek (À Gauche) Et L'Ancien Commissaire Européen À L'Énergie, Miguel Arias Cañete, Le 23 Février 2016. © AfpLe Polonais Jerzy Buzek (à gauche) et l’ancien commissaire européen à l’énergie, Miguel Arias Cañete, le 23 février 2016. © AFP

Le but officiel du Forum, qui existe sous sa forme actuelle depuis 1995, est de « faciliter l’information réciproque des parlementaires, des membres de la Commission, des fonctionnaires […], avec, principalement, les secteurs industriels et scientifiques et tous autres intéressés »« Le plus important pour nous est d’amener l’information la plus objective possible de la part de toute l’industrie européenne », lance Jerzy Buzek, président du Forum.

Le Forum mêle intimement élus et entreprises. C’est son essence même. L’EEF compte deux types de membres. D’un côté, les membres actifs. Ce sont les députés européens qui le souhaitent, à condition de s’acquitter d’une cotisation modique de 15 euros maximum. Ce sont eux qui, dans le conseil d’administration, gèrent l’association. Ils sont aujourd’hui 22 membres actifs, contre une grosse trentaine lors de la législature précédente. Aucun français n’est membre du Forum, composé en grande majorité de conservateurs européens (14 sont membres du PPE).

À leurs côtés, l’EEF rassemble des membres associés : des entreprises du secteur énergétique. Leur cotisation s’élève à 7 000 euros par an. On compte 82 entreprises ou fédérations membres. Toutes les « pointures » sont là. Il y a bien sûr Shell, Total, Repsol, ExxonMobil, Neste Oyj, Lukoil, mais aussi Foratom côté nucléaire, FuelsEurope pour les carburants, et plusieurs compagnies actives dans le transport de gaz ou d’électricité (Grdf, Enedis côté français).

On compte également quelques producteurs de renouvelables, comme l’italien Enel (qui est aussi actif dans le gaz naturel). « Tous nos membres sont invités à chaque événement, explique Pascale Verheust, directrice générale d’EEF. Chacun de nos membres associés a une vocation de lobbying, c’est vrai. Mais tous développent des points de vue différents. Ils représentent des secteurs et des intérêts différents. C’est l’expression de cet éventail de points de vue qui permet d’avoir une vision globale des enjeux. »

La soirée du 17 février a été coorganisée par l’association internationale des producteurs de pétrole et de gaz (Iogp), fer de lance du lobbying des énergies fossiles à Bruxelles. Dans sa présentation, François-Régis Mouton, directeur régional Europe de l’organisation, a ainsi affirmé que « oui, il y a encore besoin d’investir dans le gaz et le pétrole ». On comptait ce soir-là une petite centaine de personnes dans l’assistance. Des industriels, des élus, mais pas d’écologistes à l’horizon. « Nous aimerions compter parmi nos membres des élus écologistes, détaille Jerzy Buzek. Nous aimerions que les entreprises actives dans le renouvelable s’investissent davantage. Il faut que tous les points de vue s’expriment. Dans le passé Claude Turmes était membre. »

Claude Turmes était une des figures des Verts au Parlement européen. Cet homme politique luxembourgeois y a siégé de 1999 à 2018. Il est aujourd’hui ministre de l’énergie au Grand-Duché. Le souvenir que lui a laissé EEF (il n’y a fait qu’un bref passage dans les années 2000) n’est pas des plus enthousiastes : « Le Forum a toujours été le lobby des grands groupes énergétiques, de l’électricité, du gaz. Il suffit de regarder qui paye. J’ai très vite arrêté d’y aller car les débats ne sont pas contradictoires. Celui qui paye peut s’exprimer en premier dans le panel. Une fois par mois, des entreprises payent l’apéro, le dîner par tête de pipe au restaurant du Parlement, ce n’est pas rien. Ils ont une influence car ils isolent les députés et essayent de les amadouer avec des informations apparemment objectives, et facilitent le contact avec des personnalités de haut niveau. »

 

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