Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, est revenu sur les tensions diplomatiques engendrées par le passage d’au moins 8 000 personnes dans l’enclave de Ceuta. Cette situation dramatique a envenimé la crise déjà palpable entre le Maroc et l’Espagne, depuis l’hospitalisation du chef du Front Polisario, Brahim Ghali. Toutefois, le royaume chérifien refuse de porter la responsabilité d’un tel flux migratoire.
Accusé d’avoir volontairement laissé passer les migrants parmi lesquels de nombreux ressortissants marocains et subsahariens (des mineurs, des familles entières), le Maroc a indiqué que ce n’est pas son rôle d’être le gardien des frontières qui ne sont pas les siennes. « Le Maroc n’a pas vocation à être le gendarme de l’Europe, ni son concierge », a déclaré Nasser Bourita sur LCI, avant d’ajouter : « Le Maroc le fait en partenaire. Si les fondements de ce partenariat ne sont pas respectés, il faut demander à l’Espagne, pays européen, s’il a consulté l’Europe avant d’agir contre les intérêts de ce partenaire ».
Il faut dire que les relations entre Rabat et Madrid se sont détériorées depuis que les autorités espagnoles ont accueilli sur leur territoire Brahim Ghali, chef du Front Polisario, mouvement qui a repris les armes en novembre dernier en riposte à une opération militaire du Maroc dans le Sahara Occidental. Le royaume chérifien qualifie le voyage de Ghali de « frauduleux » et réclame une enquête « transparente » sur les conditions dans lesquelles il a été accepté et hospitalisé après avoir contracté le Covid-19.
En revanche, les autorités espagnoles insistent sur le fait que l’accueil du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, a un caractère humanitaire et ne saurait être qualifié de « trahison » envers son allié de tous les jours qu’est le Maroc. Selon les explications fournies par Arancha Gonzalez Laya, la ministre espagnole des Affaires Étrangères, sur la radio nationale espagnole, la justice de son pays a également rouvert, cette semaine, un dossier contre Brahim Ghali pour « crimes contre l’humanité ».
En effet, il s’agit d’une ancienne plainte déposée par une association sahraouie contre Brahim Ghali. Le chef du Front Polisario est accusé de « violations des droits humains » sur des dissidents des camps de Tindouf, dans l’Ouest de l’Algérie.