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Meurtre de Mark Duggan: une contre-enquête expose le mensonge des policiers londoniens



La mort de cet homme noir, abattu par la police à Londres en 2011, avait déclenché les émeutes les plus violentes de l’histoire récente britannique. La reconstitution en réalité virtuelle du collectif Forensic Architecture ruine la version selon laquelle les policiers avaient agi en légitime défense.

La colère planétaire provoquée par la mort du Noir américain George Floyd, asphyxié par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis (Minnesota), s’est aussi propagée jusqu’à Londres. Faisant fi des consignes officielles de distanciation physique visant à endiguer l’épidémie de coronavirus, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale britannique samedi 6 et dimanche 7 juin, brandissant des pancartes « Le Royaume-Uni n’est pas innocent » ou scandant « Qui a tué Mark Duggan ? La police a tué Mark Duggan ! »

Mercredi 3 juin, devant les manifestants rassemblés à Hyde Park, John Boyega, l’acteur britannico-nigérian qui prête ses traits au personnage de Finn dans la troisième trilogie de Star Wars, a livré un discours puissant, rageur, pour dénoncer le racisme, les violences policières et appeler à l’unité du mouvement « Black Lives Matter ».

« Il faut que vous compreniez à quel point c’est douloureux de se faire rappeler chaque jour que votre race ne vaut rien – et ce n’est plus le cas, ça n’a jamais été le cas, a-t-il notamment lancé, la gorge nouée par l’émotion. Nous sommes une représentation physique de notre soutien à George Floyd. […] Nous sommes une représentation physique de notre soutien à Mark Duggan. »

Mark Duggan est le nom de cet homme noir de 29 ans tué par un policier le 4 août 2011 à Tottenham, un quartier du nord de Londres. Soupçonné de s’être procuré une arme et de préparer une attaque, il avait été pris en filature par une brigade anti-criminalité alors qu’il circulait dans un taxi, et fut abattu d’une balle dans la poitrine au moment où les agents – au nombre de onze – s’apprêtaient à l’appréhender.

À l’époque, les protestations qui avaient suivi ce meurtre engendrèrent les émeutes les plus violentes de l’histoire récente britannique. Cinq personnes avaient perdu la vie, trois mille avaient été arrêtées et, en tout, deux mille années de peines de prison avaient été prononcées. Certains tabloïds, certes peu réputés pour leur subtilité, n’avaient pas hésité à qualifier la victime de « gangster ». Tous ces événements entrent en résonance, neuf années plus tard, avec ceux liés à la mort de George Floyd.

Pour expliquer les tirs sur Mark Duggan, la police métropolitaine avait affirmé que celui-ci portait une arme à feu et qu’elle avait donc agi en état de légitime défense, tandis que la famille du défunt a toujours soutenu qu’il avait été exécuté sans motif. Un pistolet glissé dans une chaussette avait été retrouvé à sept mètres du lieu de la fusillade.

« Au lieu de traduire mon fils en justice, ils l’ont abattu, pas une mais deux fois », avait déclaré en 2014 la mère de Mark Duggan, Pamela, au Guardian, après qu’un jury d’enquête réuni pour élucider les circonstances de sa mort eut statué que la police avait agi légalement – bien que ces jurés aient aussi conclu que, même s’il était bien en possession d’une arme, il ne l’avait pas en main lorsqu’il a été abattu.

Le jeune homme se serait donc débarrassé de l’arme au moment de l’intervention des forces de l’ordre. Ni son ADN ni ses empreintes digitales n’ont pourtant été retrouvés sur le pistolet.

Après avoir épuisé ses recours judiciaires, la famille de Mark Duggan a déposé en 2018 une demande de dommages et intérêts et, dans le cadre de cette procédure civile, a missionné le laboratoire d’investigation pluridisciplinaire Forensic Architecture afin de faire la lumière sur cette affaire et épauler son dossier.

À l’aide d’outils technologiques pointus, le collectif londonien, qui s’est spécialisé dans les contre-enquêtes sur les crimes et mensonges d’État, a reconstitué la scène du meurtre dans un environnement de réalité virtuelle (voir le dispositif vidéo ci-dessous, publié également sur le site de nos confrères du Guardian, et le détail de l’époustouflante méthodologie employée à cette adresse).

Ses conclusions, implacables, anéantissent la version policière et le verdict du jury d’enquête : non seulement Mark Duggan ne tenait pas d’arme à feu au moment où il a été abattu mais il est également très peu probable qu’il ait pu physiquement lancer l’arme récupérée à proximité de son corps, confirmant l’hypothèse selon laquelle les policiers aient pu déplacer cette arme sur les lieux.

À la suite de la présentation de l’analyse de Forensic Architecture lors de la médiation préalable à l’audience civile, un accord financier, d’un montant non divulgué, a été passé à l’amiable en septembre 2019 au bénéfice de la famille.

Sollicité en février 2020 sur la base de ces nouveaux éléments par le laboratoire londonien, le Bureau indépendant de surveillance de la police (IOPC, équivalent anglais de l’IGPN française) n’a à ce jour pas jugé opportun de rouvrir l’enquête sur les circonstances de la mort de Mark Duggan, dont tout laisse à penser qu’elle n’était en rien justifiée.

Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse [email protected]. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr.

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