Monsieur le Président Faure Gnassingbé, je ne suis pas un citoyen du Togo, mais je suis le descendant de personnes qui ont été emmenées de force du continent africain. Beaucoup de mes ancêtres auraient très bien pu être pris au Togo. C’est pour cette raison que je m’adresse à vous en tant que membre de la diaspora africaine qui s’inquiète de ce que je vois se dérouler dans ma patrie ancestrale. Ce qui m’inquiète particulièrement à propos de ce qui se passe en Afrique est le fait que nos ancêtres se sont battus si fort pour parvenir à leur libération, mais maintenant leurs sacrifices sont gaspillés à cause d’un leadership avide et égoïste.
En tant que peuple, nous avons enduré d’immenses souffrances au cours des cinq derniers siècles. Nos ancêtres ont été pris de force d’Afrique dans les chaînes et amenés en Amérique où ils ont été réduits en esclavage. Nos ancêtres ont été obligés de travailler sans salaire, tout en endurant les coups, la torture et le viol. Nous n’avons pas accepté passivement cet asservissement et nous avons riposté. Il y a eu des révoltes contre l’esclavage à travers les Amériques. Après l’abolition de l’esclavage, nous avons continué à subir des épreuves telles que le colonialisme aux Antilles et Jim Crow aux États-Unis, et nous avons continué à riposter.
Peu de temps après l’abolition de l’esclavage, la ruée vers l’Afrique commença. Les peuples d’Afrique ont été violemment conquis et subjugués par les puissances coloniales de l’Europe. Sous la domination coloniale, les Africains ont enduré la plupart des passages à tabac et des tortures que nous avons endurés ici dans les Amériques. L’un des pires exemples des abus que les Africains ont endurés était en Namibie où les colonisateurs allemands ont commis un génocide contre les gens là-bas. Les Africains n’acceptaient pas passivement d’être opprimés sous la domination coloniale. Ils ont combattu le colonialisme et l’ont surmonté.
Je vous raconte cette histoire pour vous rappeler le Président Gnassingbé que nous, les Africains, ne sommes pas un peuple passif qui accepte l’oppression sans résistance. Le peuple du Togo l’a certainement démontré. Vous avez répondu par la force aux demandes pacifiques du peuple togolais, mais le peuple togolais ne sera pas réduit au silence. Ils ont enduré une dictature qui a duré cinquante ans et n’ont pas l’intention de supporter cette dictature plus longtemps.
Le président Gnassingbé, vous devez comprendre que dans le passé des hommes plus puissants que vous avez essayé de réprimer les peuples africains et ont échoué. Les peuples africains ont affronté les empires les plus puissants de l’Europe, tels que les empires britannique et français, et ont gagné notre indépendance vis-à-vis d’eux. Vous pouvez utiliser la force violente pour assassiner et supprimer le peuple du Togo, mais ce n’est pas nouveau pour nous. Les Etats-Unis et l’Afrique du Sud ont tous deux utilisé la force violente contre les peuples africains pour maintenir Jim Crow et l’apartheid. Cet usage de la force violente a échoué pour tous les deux et il échouera pour vous aussi.
Pendant les jours de l’esclavage et du colonialisme nous avons été amenés à croire que nous étions un peuple primitif et sauvage sans histoire. On nous a fait croire que ce sont les Européens qui nous ont apporté la civilisation. Ceux d’entre nous qui ont pris le temps et l’effort d’étudier notre histoire savent que ce n’est pas vrai. Nous savons que les Africains ont produit de grandes civilisations, mais la fierté que nous avons dans nos réalisations passées est entachée par le fait que l’Afrique aujourd’hui ne reflète pas vraiment ce que nous, en tant que peuple africain, sommes capables de réaliser. Monsieur le Président Gnassingbé, ce sont des dirigeants comme vous qui en sont responsables et c’est pour cette raison que j’écris cette lettre pour vous informer que votre régime a non seulement causé de terribles souffrances au peuple togolais, mais qu’il est aussi une trahison des sacrifices de nos ancêtres parce que nos ancêtres ne se sont pas battus pour que des hommes comme vous puissent continuer à opprimer les Africains comme l’ont fait les maîtres coloniaux du passé. Mais nous sommes un peuple résilient et, comme je l’ai souligné, nous avons surmonté de grands obstacles dans le passé. L’histoire du président Gnassingbé se souviendra de vous comme d’un de ces obstacles qui ont essayé, mais n’a finalement pas réussi à faire taire les peuples africains.