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Les annulations de festivals européens fragilisent les artistes africains



La fermeture des frontières prive les musiciens d’une grosse partie de leurs ressources. Des acteurs du réseau des musiques du monde réfléchissent à la création d’un fonds de solidarité.

Avant même que la pandémie ne fige les transports internationaux, la situation des artistes africains de dimension internationale n’était déjà pas au beau fixe. En cause, l’octroi de plus en plus complexe des visas, notamment pour se rendre en France.

« Ces trois dernières années, les demandes d’aide nous parvenant pour faciliter l’obtention de visas ont été multipliées par trois », regrette Pierre-Henri Frappat, directeur de Zone franche, un réseau qui fédère près de 200 acteurs (artistes, producteurs, labels, festivals, médias… à 20 % africains) travaillant dans le champ des musiques du monde depuis trente ans.

La structure s’inquiète de la croissance des difficultés de mobilité : « se déplacer reste très compliqué pour les artistes émergents, et ça l’est devenu pour les artistes confirmés : sur l’une de ses dernières tournées, même Salif Keïta n’a pas eu les visas nécessaires pour tous ses musiciens ! »

Hécatombe

Évidemment, les restrictions liées à l’apparition du nouveau coronavirus compliquent encore la situation. Partout en Europe, et particulièrement en France, les grands rendez-vous musicaux sont supprimés ou décalés. Le festival Banlieues bleues a été annulé dès le 13 mars, ne laissant pas la possibilité au claviériste malien Cheick Tidiane Seck de rendre hommage, le soir, à Randy Weston.

La 45e édition du festival Musiques métisses, qui devait se tenir du 29 au 31 mai, a été reportée. « Nous nous retrouverons, plus forts, en 2021 », promet l’équipe de l’événement d’Angoulême. Quant à Jazz à Vienne, qui s’apprêtait à fêter ses 40 ans, il a également été repoussé à l’année prochaine. La situation est identique partout… Jusqu’à Montréal, où l’événement Nuits d’Afrique, prévu du 7 au 9 juillet, travaille à la mise en œuvre d’une édition spéciale pour « l’automne »…

ON NAVIGUE À VUE, AVEC DES INFORMATIONS INSUFFISANTES OU CONTRADICTOIRES DE LA PART DES AUTORITÉS

Un tableau complet de l’hécatombe serait beaucoup trop long à brosser : tout le secteur est ébranlé. « Je passe mes journées en vidéoconférences, en cellules de crise, pour tenter avec les uns et les autres de trouver une issue dans un contexte où tous les plans élaborés volent en éclats, témoigne Pierre-Henri Frappat. On navigue à vue, avec des informations insuffisantes ou contradictoires de la part des autorités. Les grands festivals sont interdits au moins jusqu’à la mi-juillet, ils pourraient être reportés, mais on ne sait pas encore comment. Le ministre de la Culture, Franck Riester, a déclaré que des petits festivals pourraient avoir lieu dans certaines conditions… Mais quels festivals accueillent une cinquantaine de personnes par spectacle ? »

Pertes sèches

Par ricochet, beaucoup d’artistes africains sont touchés. Ils doivent assumer des pertes sèches sur des dates programmées entre mars et septembre 2020, sans avoir la certitude de pouvoir reprendre les tournées européennes cette année.

« Nombre d’entre eux étaient déjà dans une démarche de survie, et ils ne disposent pas, dans leur pays, de dispositifs d’aide pour compenser leurs pertes. C’est très dur, s’inquiète Pierre-Henri Frappat. Nous réfléchissons aujourd’hui à la création d’un fonds de solidarité à l’intention des artistes africains avec lesquels nous sommes liés. Ce serait une manière de leur rendre un peu de ce que nous leur devons. Beaucoup contribuent de fait au régime français de l’intermittence, ils cotisent à un certain nombre de caisses, notamment les congés spectacles, sans toujours en récolter les fruits. La démarche étant fastidieuse, il ne font pas souvent de demande auprès de l’employeur pour récupérer leurs allocations.  »

Dépendance des artistes africains

Au-delà, le contexte interroge sur la dépendance de nombre d’artistes africains, notamment des musiques du monde, à l’égard des circuits de diffusion européens. Certains ne se produisent quasiment pas ou plus dans leur pays d’origine.

« Il y a un vrai problème, reconnaît Sébastien Lagrave, directeur d’Africolor, le plus grand festival de création autour des musiques africaines. Heureusement, les nouvelles générations, notamment dans les musiques urbaines, ont construit leur propre business sur le continent sans se tourner vers l’espace Schengen. »

QUAND ON SORTIRA DU CONFINEMENT, IL Y AURA UN GROS TRAVAIL À FAIRE AU NIVEAU EUROPÉEN POUR SE METTRE D’ACCORD SUR LA CIRCULATION DES ARTISTES DANS L’ESPACE SCHENGEN

Africolor doit avoir lieu entre novembre et décembre… Son responsable envisage pour l’heure trois scénarios. « Le premier : tout revient à la normale, et nous pouvons faire une édition de résurrection. Le deuxième, plus réaliste : les frontières de l’espace Schengen restent fermées, et nous devons travailler avec des artistes qui y résident, par exemple avec l’équipe du Bal de l’Afrique enchantée, installée en France. Le dernier : une grande partie de la population demeure confinée, notamment les plus de 50 ans, soit les tranches d’âge majoritaires parmi les abonnés des lieux culturels. Les spectateurs doivent être séparés par des sièges, porter des masques, etc. Cela va être très compliqué ! »

Pierre-Henri Frappat, lui aussi, se questionne sur « l’après- », et réfléchit aux outils qui permettraient de limiter les dégâts. « Quand on sortira du confinement, il y aura un gros travail à faire au niveau européen pour se mettre d’accord sur la circulation des artistes dans l’espace Schengen, estime-t-il. J’espère, par exemple, que nous ne subirons pas des périodes trop longues de mise en quarantaine, alors que les artistes africains tentent déjà d’optimiser leur temps de séjour pour limiter les frais. Ou encore que les certificats de non-contamination ne seront pas externalisés… Ce qui pourrait constituer une nouvelle barrière à la circulation des musiciens, comme les visas avant la crise. »

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