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LE MONDE DU JEU VIDÉO SECOUÉ PAR UNE VAGUE DE TÉMOIGNAGES ÉVOQUANT DES CAS DE HARCÈLEMENT ET D’AGRESSIONS



L’industrie du jeu vidéo connaît un mouvement de dénonciation de comportements abusifs envers les femmes, inédit par son ampleur. Ce n’est pas la première fois que des accusations de harcèlement, voire de viol, font surface dans des studios de développement de jeux, qui sont des univers très masculins — en France, on ne comptait que 14 % de femmes dans leurs effectifs, selon le baromètre 2019 du Syndicat national du jeu vidéo.

Mais, depuis la mi-juin, les accusations s’enchaînent avec une intensité nouvelle. Des dizaines de femmes évoluant dans l’industrie occidentale du jeu vidéo ont dénoncé des comportements abusifs d’hommes dont elles auraient été victimes ces dernières années. Ces accusations, difficilement vérifiables, ont été postées sur des réseaux sociaux comme Twitter — très utilisé par les personnes travaillant dans le secteur — et n’ont pas, à notre connaissance, débouché sur des plaintes. Reste que le nombre de messages postés, et les réactions qu’ils ont suscitées dans un milieu jusqu’ici très discret sur ces questions, témoigne d’un tournant.

Fins de collaboration

L’un des éléments déclencheurs fut les accusations visant Chris Avellone, scénariste ayant créé des jeux comme Fallout 2Planescape Torment ou Star Wars Jedi : Fallen Order, et cofondateur du studio de jeu vidéo Obsidian Entertainment, qu’il quitte en juin 2015. Le samedi 20 juin, une série d’accusations sont initiées par le témoignage d’une jeune femme sur Twitter. Se présentant sous le nom de Karissa, elle aurait, lors d’une convention professionnelle dédiée au jeu vidéo, été volontairement enivrée par Chris Avellone, jusqu’à ce que celui-ci la ramène dans sa chambre.

« Il a pris mon visage et a commencé à m’embrasser. La seule chose dont je me souviens clairement, c’est qu’il a commencé à mettre sa main dans mon pantalon. Je lui ai dit que ce n’était pas une bonne idée », a raconté la jeune femme au site d’information spécialisé Kotaku — réputé pour le sérieux de ses informations.

Très vite, d’autres voix s’ajoutent à celle de Karissa, dénonçant d’autres comportements abusifs de la part du même homme. Par exemple celle de Jacqui Collins, attachée de presse du jeu vidéo Valorant — sorti il y a quelques semaines et édité par Riot Games. Sur Twitter, elle publie une conversation qu’elle a eue avec le scénariste en 2014, au cours de laquelle celui-ci lui fait des avances très crues.

S’il n’a pas publié de communiqué officiel, l’accusé a passé une heure, après les premières dénonciations, à répondre publiquement à certaines des victimes présumées et à leur présenter ses excuses, sans reconnaître explicitement ni démentir les faits. Deux jours plus tard, Techland, le studio de jeu vidéo polonais avec qui travaillait Chris Avellone pour le jeu en cours de développement Dying Light 2, a annoncé avoir décidé de suspendre son contrat :

« Nous traitons avec la plus grande vigilance les questions de harcèlement sexuel et de manque de respect, et nous n’avons aucune tolérance pour de tels comportements. Cela s’applique à la fois pour nos employés, mais aussi pour des consultants extérieurs, comme l’était Chris. C’est pourquoi, dans un commun accord avec Chris Avellone, nous avons décidé de mettre fin à notre collaboration. »

Les Soirées Se Déroulant À La Marge Des Événements Professionnels Sont, Selon Les Victimes Présumées, Des Endroits Où Ont Régulièrement Lieu Des Faits De Harcèlement Ou Des Agressions.

Ubisoft pris dans la tourmente

Après cette première affaire, chaque jour, de nouveaux messages sur les réseaux sociaux dévoilent de nouvelles affaires : des témoignages, de première main ou relayés, anonymes ou non, dénonçant parfois nommément des employés dans l’industrie du jeu vidéo qui auraient eu des comportements abusifs. Accusations de viol, harcèlement sexuel, abus de personnes en état de faiblesse ou d’infériorité… les dénonciations se comptent par centaines et sont « impossibles à recenser » dans leur globalité, note sur Twitter Meghna Jayanth — elle-même scénariste des jeux vidéo 80 Days et Sunless Sea, qui a entrepris de les relayer sur son profil Twitter.

Ceci alors que tous ces messages restent impossibles à vérifier : les personnes et entreprises concernées n’étant pas forcément nommées, ou les accusés n’ayant pas forcément réagi aux accusations. Aucune mention de plaintes ou de procédures spécifiques suite à ces accusations n’ont suivi sur les réseaux sociaux ou dans la presse spécialisée ayant couvert le sujet.

Les observateurs du secteur jugent cependant que la libération de la parole reste l’élément le plus notable du mouvement en cours. « Twitter permet à ces femmes de raconter ces histoires, elles n’auraient pas pu le faire sans », juge par exemple Rod Breslau, journaliste américain spécialisé en compétition d’e-sport. Selon lui, la question de la culpabilité des personnes accusées — qui reste à prouver — est ainsi à différencier des effets potentiellement bénéfiques d’un moment où « des centaines de femmes différentes évoquent des expériences traumatisantes pour la première fois ».

Certaines entreprises importantes du secteur se retrouvent, du reste, particulièrement concernées par des accusations touchant leurs salariés. C’est le cas d’Ubisoft, poids lourd français du secteur, développeur de jeux comme la série RaymanAssassin’s CreedRainbow Six ou Far Cry. Plusieurs employés d’Ubisoft, travaillant sur le développement des jeux ou leur communication marketing, ont ainsi été visés par des accusations de viol ou de harcèlement sexuel. L’un d’entre eux a vigoureusement démenti les accusations d’un viol qu’il aurait commis lors d’un festival de jeu vidéo, à Boston (la PAX East 2014), dans un blog hébergé par la plate-forme Medium, puis dépublié car potentiellement « contraire à ses règles d’utilisation ».

Une situation prise « très au sérieux »

Face à cela, Ubisoft a aussi très vite répondu par voie de communiqués à la presse pour signifier que l’entreprise prenait la situation « très au sérieux » — sans toutefois évoquer directement les accusations et les affaires visant les salariés concernés. « Nous avons eu connaissance de récentes allégations contre certains membres de nos équipes. Nous prenons très au sérieux toute allégation d’abus ou de harcèlement, et nous étudions actuellement ces déclarations afin de déterminer les suites à y donner », a répété Ubisoft au Monde, jeudi 25 juin.

Dans un troisième communiqué diffusé jeudi soir, Ubisoft a aussi expliqué vouloir « commencer par s’excuser auprès de toutes les personnes concernées. Nous nous efforçons de créer des environnements inclusifs et sûrs, et nous avons échoué. Nous devons faire mieux. (…) Nous avons commencé des audits de manière à comprendre ce qui n’a pas fonctionné, de manière à mieux prévenir, détecter et punir ces comportements inappropriés ». Contactée par l’Agence-France presse à la suite de ce communiqué, l’entreprise n’a pas été en mesure d’indiquer si des personnes avaient été mises à pied à l’issue de ces procédures.

Des « streameurs » jeux vidéo également dénoncés

Toutes ces dénonciations ont fini par déborder de l’industrie du développement jeu vidéo en tant que tel, pour toucher un milieu qui en est proche : celui des streameurs et des streameuses de jeux vidéo, les personnes qui diffusent en direct, des parties et les commentent — par exemple sur Twitch, une filiale d’Amazon, la principale plate-forme de diffusion de stream de jeux vidéo.

Si la majorité de ces diffuseurs a un public confidentiel, certains ont su fédérer de très importantes communautés : nombreux sont celles et ceux qui, ces derniers jours, se sont dits victimes d’autres streameurs, généralement plus connus et parfois prompts à profiter de leur position pour multiplier les comportements déplacés, le harcèlement ou les agression

Le 19 juin, de premières accusations à l’encontre d’un important steameur sur Twitch, avaient aussi commencé à mettre le feu aux poudres : elles ont été suivies d’une série de témoignages dénonçant son comportement (attouchements, propositions indécentes, harcèlement sont évoqués). Le steameur accusé a fini par présenter des excuses à ses victimes sur YouTube : il y reconnaît avoir tenu des propos inappropriés à caractère sexuel (« Les choses que j’ai faites sont inacceptables », reconnaît-il), mais s’est en revanche défendu des accusations d’agression sexuelle.

Mardi 23 Juin, La Streameuse Jessica Richey S’est Mise À Recenser Toutes Ces Accusations Postées En Ligne, D’abord Sur Un Blog, Puis Dans Un Document Google Accessible Publiquement

Là aussi, cette accusation initiale ouvre la voie à d’autres : la streameuse Molly Fender Ayala, community manager pour le jeu de tir Overwatch (l’un des jeux multijoueurs en ligne les plus populaires) dénonce le fait qu’elle aurait subi des avances déplacées de la part d’un certain Omeed Dariani, alors à la tête d’une agence de management de streameurs qu’il avait fondée. « Je ne me rappelle pas spécifiquement de cette conversation, s’est-il justifié sur Twitter, mais je la crois », a-t-il posté avant d’annoncer qu’il démissionnait de la direction de l’entreprise qu’il avait fondée. Dans la foulée, plusieurs streameurs ont annoncé qu’ils se passeraient des services de l’entreprise.

Mardi 23 juin, la streameuse Jessica Richey s’est mise à recenser toutes ces accusations postées en ligne, d’abord sur un blog, puis dans un document Google accessible publiquement : en quelques heures, il a dépassé les deux cents entrées. Ce qui a conduit des utilisateurs de Twitch à lancer le mouvement de boycott, #twitchblackout : une invitation à ne pas regarder ou diffuser de vidéos sur Twitch pendant l’ensemble de la journée du 24 juin, accompagnée d’une pétition pour dénoncer le manque de gestion des problèmes de harcèlement liés à certains diffuseurs — dont certains sont des partenaires officiels de Twitch.

Au point où Twitch, la principale plate-forme de diffusion de stream de jeux vidéo, a réagi. Jeudi 25 juin, la filiale d’Amazon expliquait encore dans un communiqué « prendre ces accusations très au sérieux » et « regarder de près ces accusations et travailler avec les forces de l’ordre quand cela sera nécessaire ».

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