La nouvelle stratégie d’Apple consiste à augmenter ses revenus en élargissant la surface publicitaire virtuelle de son App Store. Mais, ce procédé s’est retourné contre le sigle à la pomme : en effet, les développeurs ont réagi, de façon virulente, à l’affichage intempestif de publicités proposant des services de casinos en ligne à côté de leurs produits.

Les concepteurs de logiciels ont mis le feu aux réseaux sociaux, générant une campagne publicitaire négative contre leur propre hébergeur, Apple. Le public est maintenant largement informé de leur refus que leurs applications soient associées, sans leur consentement, aux jeux d’argent. Pour stopper cette vague de protestations, Apple a dû suspendre les encarts publicitaires vantant les mérites et bénéfices des applications de casino en ligne.

Reprendre la situation en main

Le 25 octobre, Apple a annoncé ses dernières mises à jour, qui permettaient aux annonceurs de jeux de promouvoir plus facilement leurs applications dans l’App Store. La nouvelle fonctionnalité offrait aux utilisateurs d’afficher leurs prestations dans la fenêtre « Aujourd’hui » et, surtout, dans la catégorie « Vous pourriez aussi aimer », provoquant la réaction négative des autres marques de l’App Store.

De nombreux concepteurs étaient furieux de subir l’affichage de publicités pour des casinos en ligne sur la page de leur application propriétaire. Dès le lendemain, le 26 octobre, Apple a suspendu cette nouvelle fonctionnalité marketing, empêchant, à ce stade, la parution de publicités pour des jeux d’argent dans l’App Store.

Damage control en quête d’une issue acceptable

Le porte-parole de la société n’a pas été en mesure de préciser s’il s’agissait d’une pause ou si les publicités pour les jeux d’argent seraient définitivement retoquées. Ce flottement dans la maîtrise de sa propre communication, de la part de la société, a ouvert la voie aux spéculations. Cependant, on imagine mal une société commerciale comme Apple renoncer à ce marché juteux de la publicité en ligne.

Clairement, Apple n’a pas trouvé de parade aux réactions de colère des développeurs et elle se recentre afin de formuler une nouvelle ligne politique pour gérer les publicités sur les jeux d’argent sans que sa réputation n’ait à en souffrir.

En tant que monstre sacré du marché drainant des milliards de dollars, Apple ne peut pas se permettre d’ignorer la façon dont le public la perçoit. Si nécessaire, elle préfère reculer sous la pression de ses clients pour mieux satisfaire leurs attentes et les conserver.

Savoir gérer les produits potentiellement nocifs

Jusqu’à présent, Apple a mis en place des règles strictes concernant la publicité pour les services et les produits dont l’usage doit être modéré : cette catégorie englobe l’alcool, les produits pharmaceutiques, les services de rencontre et les applications proposant des jeux d’argent. Il ne s’agit pas uniquement de l’expression de la responsabilité sociale de l’entreprise. Ces mesures sont plutôt imposées par les cadres juridiques qui dictent les règles de diffusion de ces types d’annonces.

Les publicités d’App Store sujettes à controverse depuis longtemps

Le géant technologique Apple n’abandonnera pas ses efforts pour accroître la monétisation de son App Store. Apple envisagerait de proposer des espaces publicitaires dans ses autres services, tels que Podcasts, Maps et Books. En tandem avec Apple TV, la société vise à doubler ses revenus publicitaires, qui ont atteint 3,7 milliards de dollars, en 2021.

Selon certains économistes, le marché offrira des revenus à deux chiffres d’ici à la fin de la décennie. Pourtant, les dernières évolutions pourraient reporter ou porter à restructurer ces plans. Mais la rentabilité primera, après quelques accommodements.

Actuellement, les développeurs peuvent acheter le placement d’annonces sur les pages de produits de l’App Store et utiliser des paramètres de ciblage. Mais, ils n’ont que peu ou pas de recours pour empêcher une publicité d’apparaître à côté de leur application.

L’espace publicitaire, enjeu de luttes féroces

Depuis le lancement de la boutique, les marques ont pu promouvoir des produits sur les pages de leurs concurrents. Cela peut compromettre les chances des concepteurs émergents de conquérir une part de marché et de réussir à proposer leurs créations.

Les développeurs ne reçoivent aucun pourcentage des revenus de l’App Store provenant des publicités apparaissant sur leur page produit et cette pratique suscite des revendications croissantes.

Force reste à Apple

La société ne changera pas son attitude libérale à l’égard des applications de jeu et des bénéfices tirés des publicités. Au-delà du levier de la publicité négative qu’ils ont générée, les développeurs n’ont pas vraiment de marge de manœuvre. Le retrait des applications de la boutique serait trop préjudiciable à leur activité.

Apple cherchera le meilleur compromis possible et décidera en dernier ressort du fonctionnement de l’App Store.