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L’assassinat d’un ancien de la DGSE et les mystères d’un complot françafricain



L’ancien agent de la DGSE Daniel Forestier, exécuté de cinq balles dans le corps sur un parking de Haute-Savoie en mars 2019, avait avoué à des policiers du contre-espionnage des préparatifs d’attentat contre l’opposant Ferdinand Mbaou. Sa mort jette une lumière crue sur les méthodes des réseaux de la Françafrique.

«Je veux simplement dire que je ne comprends pas ce qui m’arrive, tout me tombe dessus », avait soufflé Daniel Forestier, après 48 heures de garde à vue, devant les juges, en septembre 2018. Tout était allé très vite, en effet. Convoqué à deux reprises au commissariat d’Annemasse, les 31 août et 1er septembre, l’agent retraité du service action de la DGSE avait confirmé devant des fonctionnaires du renseignement intérieur les préparatifs d’un attentat contre un opposant congolais résidant dans le Val-d’Oise. Placé en garde à vue quelques jours plus tard dans les locaux de la brigade criminelle de Lyon, il s’était rétracté, puis avait fait le choix de garder le silence.

Pour la justice il était « très sérieusement suspecté de se trouver à la tête d’une équipe de malfaiteurs œuvrant à la préparation d’un projet criminel »« celui du meurtre du nommé Ferdinand Mbaou », un militaire congolais en exil. Selon l’enquête, ce « contrat » lui avait été proposé par un ami devenu chargé de mission auprès du président congolais Denis Sassou-Nguesso, Bruno Susini. « L’assassinat devait se commettre d’ici à la fin 2018 et rapporter aux exécutants la somme de 400 000 euros », résumaient les enquêteurs. L’enquête avait confirmé les repérages du groupe dans la ville où résidait M. Mbaou.

Daniel Forestier. © DrDaniel Forestier. © DR

Le « CV » de Forestier, qui opérait dans les services spéciaux sous l’alias de « Boris », laissait déjà deviner sa participation par le passé à de nombreuses actions secrètes. Sorti de l’école des sous-off’ de Saint-Maixent, l’adjudant-chef passe huit ans dans l’infanterie de marine, avant d’intégrer la DGSE en 1990 pour treize ans, en passant par le centre parachutiste d’entraînement spécialisé (CPES) de Cercottes, l’ancien « 11e choc », et devenir « officier traitant en cellules spécialisées » pour des missions en France et à l’étranger. « Opérations classées secret défense et confidentiel défense », résume-t-il. Il prend sa retraite en Haute-Savoie, s’intègre dans un petit village où il tient un bar-tabac avant de partir travailler pour des sociétés privées de sécurité suisses. Il publie aussi deux romans d’espionnage à compte d’auteur : notamment Requiem pour un Savoyard, les aventures de « Max de Saint-Marc, barbouze de la république »…

Le 12 septembre 2018, alors que le parquet et le juge d’instruction lyonnais Michel Noyer souhaitent le placer en détention provisoire, mesure destinée à le « protéger » autant qu’à le garder sous la main, Forestier ressort mis en examen mais libre du tribunal, astreint à un simple contrôle judiciaire par la juge des libertés et de la détention. Six mois plus tard, le 21 mars 2019, il tombe sous les balles de deux tireurs non identifiés, sur un parking de Ballaison, une petite commune de Haute-Savoie, à 10 km de la frontière suisse. Cinq balles, dont une en pleine tête. Une exécution sommaire.

« Je ne comprends pas ce rendez-vous sur un parking, confie un ami de Forestier, joint par Mediapart. On est tous mortels et ça va très vite. Daniel avait quelques réflexes. Quand on est dans ce genre d’affaires et qu’on a rendez-vous sur un parking, on prend des précautions… à moins de rencontrer quelqu’un qu’on connaît parfaitement. »

« À partir du moment où son nom avait été divulgué par la presse, la question de sa sécurité se posait. Il s’en inquiétait au début, explique Cédric Huissoud, l’ex-avocat de Forestier, et celui de sa famille. Mais personne autour de lui n’avait perçu le danger, et aucune menace n’avait été évoquée. » Selon l’avocat, Forestier « maintenait qu’il n’avait jamais déclaré ce que les agents [de la DGSI – ndlr] avaient rapporté » à la suite des entretiens réalisés au commissariat d’Annemasse. « Il y a de fortes chances que l’assassinat trouve son origine dans le premier dossier, juge MHuissoud. Mais on ne peut tirer aucune conclusion, on peut faire tous les scénarios… Bien malin qui peut savoir d’où ça vient. »

L’avocat a envoyé l’acte de décès de son client au juge, et réclame désormais l’audition de sa famille dans l’affaire d’assassinat. Mais l’instruction n’a que peu avancé. Ainsi, selon leurs avocats joints par Mediapart, aucun des trois hommes suspectés d’avoir appartenu à « l’équipe » de l’ancien agent n’a encore été auditionné dans l’affaire du meurtre, un an et quatre mois après les faits.

En décembre dernier, le procureur de Thonon-les-Bains, Philippe Toccanier, considérait pourtant que l’assassinat de Forestier était un « dossier extraordinaire »« hors norme » dans la région.

« Quand j’arrive sur les lieux, je ne sais pas encore vraiment ce qu’il s’est passé, et je ne connais pas son identité, raconte-t-il à la presse localeUn crime sur un petit parking avec vue sur le lac, en plein jour à Ballaison, c’était assez surprenant. En tapant son nom dans nos fichiers, on a compris. On n’imagine pas que cela puisse se dérouler ici. On passe d’un dossier local à un dossier national. Même le mode opératoire est particulier pour ce territoire. J’ai déjà vu ça en Corse ou même à Grasse, mais je ne m’attendais pas forcément à voir cela dans le Chablais. Pour beaucoup de personnes, même à Lyon, c’est le dossier de l’année. »

La Commune De Ballaison Où S'Est Rendu Daniel Forestier Le Jour De Sa Mort. © Capture D'Écran Google Maps.La commune de Ballaison où s’est rendu Daniel Forestier le jour de sa mort. © Capture d’écran google maps.

Alors que ce dossier criminel « hors norme » est non résolu, l’enquête sur le projet d’attentat attribué à Forestier est restée en suspens après la validation des poursuites par la chambre de l’instruction, en septembre 2019. Le 8 juillet, l’un des hommes soupçonnés d’avoir pris part à des préparatifs de l’attentat contre Mbaou, Laurent Rieux, visé comme les autres par le réquisitoire introductif du parquet, a été entendu pour la première fois par le juge d’instruction. « Mon client a finalement été entendu comme simple témoin, a confirmé MSylvain Cormier à Mediapart. Cela démontre qu’il n’était pas réellement suspecté. » Résidant en Suisse, où il travaillait comme chauffeur pour des sociétés de sécurité, Rieux avait lui-même demandé à son avocat de prendre contact avec le juge, il y a plus d’un an…

Pour Ferdinand Mbaou, la révélation du projet d’attentat fait tilt. Il reçoit des menaces depuis plusieurs années, et surtout il a déjà dû faire face à une attaque à main armée qui a failli lui coûter la vie, le 10 novembre 2015, en quittant son domicile dans le Val-d’Oise. Une première affaire qui vient de donner lieu à l’ouverture d’une information judiciaire (lire ci-contre).

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