La Tunisie peine à enterrer les migrants morts en Méditerranée. Alors que les opérations de secours ont été entravées ces derniers mois en Méditerranée, une série de naufrages meurtriers ont eu lieu depuis mai. Le dernier en date a fait plus de 80 morts le 1er juillet.
Une odeur putride se répand à des dizaines de mètres autour de la morgue de l’hôpital de Gabès, dans le sud de la Tunisie. Des dizaines de corps des migrants recrachés par la mer après des naufrages en Méditerranée s’entassent en attendant d’être dignement enterrés.
Devant l’hôpital, sous un soleil de plomb, 14 sacs mortuaires blancs soigneusement étiquetés sont chargés dans un camion habituellement utilisé pour transporter gravats et ordures. Les dépouilles retourneront à Zarzis, pourtant située à plus de deux heures de route. Là-bas, un cimetière improvisé accueillant depuis plusieurs années les migrants noyés est désormais plein et un nouveau cimetière est en cours de construction.
Des ouvriers et employés municipaux, qui s’occupent bénévolement de ces enterrements après leur journée de travail, viennent prêter main-forte ce jour-là. Après trois heures de préparatifs, les 14 corps sont enterrés auprès de 47 autres dans ce cimetière situé sous les fenêtres d’un foyer où sont hébergés des migrants rescapés.
Et alors même que la construction du cimetière n’est pas achevée, une tombe sur cinq est déjà occupée. Sur chaque sépulture en sable, une simple plaquette indique un numéro de dossier ADN et la date d’inhumation.
“Le 12 juillet, nous avons repêché 45 corps en une seule journée! Ce problème devient phénoménal”, alerte Faouzi Khenissi, maire adjoint de Zarzis. “On ne peut pas se permettre de laisser des dépouilles sans enterrement”, affirme-t-il. A Zarzis, l’un des lieux de départs des migrants clandestins vers l’Europe, “nous avons des jeunes qui ont été naufragés en mer”, rappelle-t-il.
Face aux critiques de médias sur l’utilisation de camions à ordures pour transporter les cadavres des migrants, l’élu lance un appel à l’aide, empreint de colère. “Nous n’avons pas les moyens de faire mieux!”, justifie-t-il.
“Le pays peine déjà à prendre en charge les migrants secourus, et encore plus ceux qui sont morts”, renchérit Mongi Slim, responsable du bureau régional du Croissant-Rouge. “Il faut une mobilisation internationale parce que ce problème ne concerne pas que la Tunisie!”.
Source : Extrait d’un article de TV5